Une soirée organisée dans le VIIe arrondissement par un site de poker en ligne a échauffé les oreilles d’un proche voisin : le préfet de région Ile-de-France.
La loi votée sur « l’ouverture du marché des paris en ligne » en avril dernier et parue au JO le 18 mai, les sites de poker n’hésitent plus à fanfaronner en place publique. Quitte à se faire un peu trop voir dans les quartiers chics de Paris. C’est le cas du site « Winamax » , qui, mercredi, organisait une soirée au 138 bis rue de Grenelle (VIIe arrondissement) en présence de beaux noms et actionnaires.
Étaient présents : Patrick Bruel, image de marque de la boîte et actionnaire, Vikash Dhorasoo membre de l’équipe « Winamax », le chanteur Christophe, Philippe Dana (ex-"Ça Cartoon" sur C+) et Thomas Hervé, ex-présentateur de « Culture Pub » sur M6.
Problème, le lieu de la sauterie était aussi celui ou crèche à l’étage le préfet de la région Ile-de-France, Daniel Canepa, à savoir l’hôtel particulier de Noirmoutiers. Et tout ce beau monde de voir débarquer les flics un peu avant minuit pour « tapage nocturne ». Tout s’est réglé en toute discrétion, sans que Patriiiiick n’ait eu besoin de casser la voix.
Le site de poker lancé en 1999 par Havas Interactive a été repris en 2004 par trois Français : Alexandre Dreyfus et le duo Alexandre Roos et Christophe Schaming. Année où est aussi importé le programme du World Poker Tour sur Canal+, commenté et produit par Patrick Bruel. Sentant que le filon pouvait rapporter du bon pognon, il fait affaire avec le fondateur de Meetic, Marc Simoncini, pour être présent à la table des actionnaires tout en niant avoir mis de l’argent dans Winamax. La stratégie est donc orientée sur la publicité du site en France par son invité de marque et ambassadeur, le grand Patriiiick, véritable tête de gondole du site.
Sauf que depuis 2006, les Renseignements Généraux sont sur le coup en raison de l’opacité des manœuvres. Et comme l’a écrit Libération en mai, ils multiplient les convocations des deux Français. Ainsi que d’un certain Nelson Kontos, prête-nom et dirigeant « fantôme » de la boîte, qui incitait les mordus de jetons à venir dépenser leur pécule sur leur site installé à Londres.
C’est ainsi que le juge Renaud Van Ruymbeke a été saisi il y a un an par le Parquet dont le milieu du jeu savait qu’il y avait peu de chance que l’affaire mène à une condamnation. Pourquoi ? Une directive de Bruxelles qui combat les monopoles nationaux au premier rang duquel figure la Française des Jeux. Comme dit dans le Canard Enchaîné de cette semaine, un non-lieu a été finalement prononcé. De quoi pouvoir faire espérer Winamax de proposer des paris en ligne sur les prochains matchs de la coupe du monde de football qui début le 11 juin. Et d’organiser d’autres soirées dans des hôtels chics parisiens.
Le fructueux business des paris et des jeux en ligne, à suivre dans Bakchich Hebdo n°26 daté du 29 mai 2010. Et en attendant, relisez sur Bakchich.info :