Un rapport rédigé par des démocrates et des républicains révèle que sous l’administration Obama les Etats-Unis emploient de plus en plus de mercenaires pour faire la guerre en Irak et en Afghanistan.
Quand il était encore sénateur, Barack Obama ne se privait pas de critiquer le rôle des mercenaires dans la guerre en Irak. Maintenant qu’il est président, il perpétue la politique de George W. Bush qui consiste à confier une grande partie de l’effort de guerre en Afghanistan et en Irak à des sociétés et des multinationales privées qui en tirent de faramineux bénéfices. Cette privatisation des conflits armés est la plus aboutie et la plus radicale que le monde ait jamais connue.
Un rapport très officiel d’une commission bipartite (démocrate et républicaine), publié le 7 juin dernier, révèle qu’aujourd’hui près de 250 000 contractuels privés — en clair des mercenaires — font la guerre en Afghanistan et en Irak. Mais la presse américaine n’en parle presque pas. Cette Commission pour les contrats de guerre dans ces deux pays (Commission on Wartime Contracting in Iraq and Afghanistan) a pourtant été constituée l’année dernière, après des révélations sur des fraudes massives dans les contrats attribués par le Pentagone pour ces deux guerres.
Selon son rapport, 132 610 contractuels travaillent en Irak pour le compte du Pentagone, soit à peu près l’équivalent du nombre de soldats américains déployés sur place. Plus inquiétant, en Afghanistan, les mercenaires armés ou non (68 197) sont plus nombreux que les soldats en uniforme ! Et depuis qu’Obama est président, le recours à ces contractuels ne cesse de se développer.
Toujours selon le rapport de la Commission, au cours du second trimestre 2009, le nombre de mercenaires œuvrant pour le Pentagone a grimpé de 29% en Afghanistan et de 23% en Irak. Le sénateur Obama qui pestait contres les méfaits et les fraudes des sociétés privées qui les emploient s’est transformé en un président Obama qui adhère à la nouvelle religion « bushienne » de privatisation des conflits.
Le plus grand bénéficiaire de ces deux guerres est KBR, l’ancienne filiale de la multinationale Halliburton, dont Dick Cheney était le Pdg avant de devenir vice-président des Etats-Unis sous George W. Bush. Depuis 2001, KBR a été payée presque 32 milliards de dollars. Et, le mois dernier, la directrice de la Defense Contract Audit Agency, April Stephenson, a témoigné devant le Congrès pour déclarer que KBR était liée à la très grande majorité des cas de fraude dans les zones de guerre ainsi qu’à une grande partie des 13 milliards de dollars de coûts suspects.
Il faut dire que pour ces multinationales de la guerre, le jeu en vaut la chandelle. Ainsi, KBR affiche pour le premier trimestre 2009 des revenus en hausse de 27%, pour un total de 3,2 milliards de dollars. Selon le Financial Times, KBR dispose de surcroît d’un milliard de dollars en liquide dans son coffre et est en train de chercher à acquérir de nouvelles sociétés.
Si la presse américaine a parlé du rapport de la Commission, c’était pour en relever la conclusion spécifiant que la privatisation des guerres en Afghanistan et en Irak signifiait « des milliards de dollars de perdus en fraudes, gaspillage et abus », à cause du manque de supervision et de contrôle par le Pentagone. Par contre, personne n’a jugé utile de lancer un débat sur les dangers de la privatisation des guerres.
La continuité et même l’accélération du recours aux mercenaires sous l’administration Obama témoigne de la puissance de l’incontournable « complexe militaro-industriel » au sujet duquel le président Eisenhower a tiré la sonnette d’alarme, lors de son célèbre discours prononcé à la fin de son mandat, le 17 janvier 1961. Ancien commandant des Forces alliées en Europe pendant la Seconde Guerre Mondiale, Eisenhower avait averti ses concitoyens en ces termes : « Dans les conseils du gouvernement, nous devons prendre garde à l’acquisition d’une influence illégitime, qu’elle soit recherchée ou non, par le complexe militaro-industriel. Le risque d’un développement désastreux d’un pouvoir usurpé existe et persistera ».
L’augmentation du nombre de mercenaires sous Obama souligne l’érosion des responsabilités dans les crimes de guerre comme ceux commis en Irak par la société Blackwater et détaillés par l’excellent journaliste Jeremy Scahill dans son indispensable ouvrage Blackwater : The Rise of the World’s Most Powerful Military Army, publié en France l’année dernière sous le titre de Blackwater : L’ascension de l’armée privée la plus puissante du monde . Les prisons secrètes en Afghanistan exploitées par des mercenaires et où la torture était pratiquée en est un autre exemple car ces tortionnaires n’étaient redevables de leurs actions envers personne.
Qui plus est, l’emploi de mercenaires institutionnalise le divorce entre les actes de guerre et l’autorité constitutionnelle du Congrès quand il déclare une guerre. Il bafoue aussi le contrôle des militaires par les élus civils démocratiquement issus du suffrage universel, un principe très cher aux pères fondateurs des Etats-Unis.
Le rapport de la Commission note que la majorité des mercenaires employés par le Pentagone en Afghanistan et Irak — quelque 80% d’entre eux — ne sont pas américains. Quand on ne compte plus sur ses propres citoyens pour livrer une guerre et dire « J’y crois et je suis prêt à mourir pour », le monde entier devient votre terrain de recrutement. Et c’est ainsi que l’on viole la souveraineté d’autres Etats : en recrutant leurs citoyens pour mener une guerre où leur propre pays n’est pas directement engagé. Avec l’emploi des sociétés de mercenaires, la chasse aux profits mène, de plus, immanquablement à l’escalade de la guerre.
La privatisation des conflits armés sabote la démocratie mais Barack Obama ne fait qu’appliquer une politique centriste de consensus bipartite. L’emploi de mercenaires a toujours été le propre des tyrans dans l’histoire du monde ancien. En accélérant leur déploiement en Afghanistan et en Irak, Obama imite l’Empire britannique dans l’un de ses pires travers au moment où l’Amérique faisait sa révolution pour son indépendance.
A lire ou relire sur Bakchich :
"en clair des mercenaires — font la guerre en Afghanistan et en Irak. Mais la presse américaine n’en parle presque pas. "
C’est amusant de voir comment les francais ont peur de tout ce qui est nouveau et qu’ils ne connaissent pas. On a peur de la scientologie, des religions, des mercenaires, d’internet, de la guerre, etcetra…. La presse américaine n’en parle pas car il n’y a rien a en dire. Blackwater s’est rendu responsable d’exactions et ca ils en ont parlé. Les américains embauchent des mercenaires, et en quoi est-ce genant ? parce qu’on ne l’avait jamais fait avant ? Quel arguement !
Pour votre information, quand les francais n’embauchent pas des "professionnels" mais des baltringues pour leur armée : ca donne un porte avion charles de gaulle qui coutent 500 millions deuros a reparer puis remis en marche puis remis en réparation pour de nouveau 500 millions deuros car en fait la premiere réparation avait mal été réalisée…