Dans le monde du renseignement, il y a de tout, des pieds nickelés aux mercenaires de l’info en passant par l’honorable correspondant et pire le prolo. Revue de détail.
Quelle mouche a piqué le Sieur Maurice Dufresse, alias Pierre Siramy, ancien sous-directeur de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) ? Pourquoi, lors d’une interview à LCI le dimanche 16 mai a-t-il lancé ces accusations contre Clotilde Reiss, fraîchement rentrée d’Iran suite à sa libération de sa résidence surveillée à l’ambassade de France à Téhéran ? Il énonce alors sans sourciller, le jour de l’arrivée de Reiss en France, qu’elle était « immatriculée à la DGSE ». Est-ce bien raisonnable M. Dufresse ?
Clotilde Reiss, posséderait-elle sa carte grise d’ « agent secret », avec une immatriculation délivrée par nos maîtres es-pions ? Que signifie d’ailleurs cette terminologie « immatriculée », incompréhensible pour tous bons béotiens ? Clotilde Reiss serait quoi ? Une chercheuse avec des amis travaillant pour l’ambassade ? Une source de l’espion numéro Un en poste à Téhéran ? Une « honorable correspondante » de nos services ? Une pigiste du chef de poste de la DGSE à Téhéran, comme il y en a tant ? Ou une véritable « agent » salariée de la sécurité extérieure française ? Des précisions et un constat s’imposent.
Il faut arrêter de fantasmer sur nos cerveaux de l’ombre français. OSS 117 devrait plutôt rimer avec SOS, profession en détresse ! Si elle l’a déjà été, la situation des agents n’est plus enviable. Ils sont las d’être considérés comme de vulgaires pions. Pions, ils sont, pions, ils resteront ! En tout cas, il ne fait plus bon être es-pion(ne), si c’est bien le cas pour Clotilde Reiss. Rien à voir avec nos collègues britanniques, fiers de leur Intelligence Service, qui recrutent volontiers dans leurs prestigieuses universités les meilleurs éléments.
Entendons nous bien ! Je ne parle ni des automates numérisés, cyber-guerriers du service action ou des forces spéciales envoyés sur les théâtres d’opérations ou en missions spéciales. Je ne mentionnerais pas plus les agents travaillant sous couvert du statut diplomatique, et exerçant dans nos représentations, les chefs de poste, « simplement tolérés » selon certains, par le Quai d’Orsay. Couverts qu’ils sont par une immunité protectrice. Une urgence, une mésentente, ou un camouflet, et hop ! Je saute dans le premier avion pour revoir ma Normandie. Je ne m’arrêterais pas non plus au renseignement technologique, fruit de notre société où les techno-sciences ont volé le panache blanc au sujet humain stratégique, maître du renseignement humain.
Non, c’est le prolétariat de ce dit renseignement, celui de la recherche d’informations sensibles, humaines qui m’intéresse. Recrutés localement, le plus souvent, par l’ « As des as » en chef, espion numéro Un de nos ambassades, le bien nommé chef de poste. L’« officiel », estampillé DGSE au départ comme à son arrivée à l’aéroport, accueillis à bras « ouverts » par les autorités du pays hôte. C’est bien souvent écrit sur leur gueule. Conseiller politique en ambassade, la belle histoire. Des accords internationaux les protègent. Ils ne risquent rien ou presque.
Et ces petits malins débarquent littéralement, destination inconnue. Propulsé dans un pays qu’ils ne connaissent que rarement, ou par dossiers interposés. Leur travail consiste à recueillir la crème de l’Intelligence, le must étant une information exclusive. Comment faire ? Eh bien ! Rencontrer, approcher, solliciter tout un chacun, qui par la suite deviendra, si l’ « officiel » le juge utile pour la cause, « honorable correspondant ». Et voilà toute la différence, les « honorables » maîtrisent leur sujet. Sans eux, pas de travail possible dans cette nébuleuse du renseignement humain. Informations sensibles ou non, impressions, sentiments, état d’esprit ambiant, poux d’une société qu’ils ne touchent que du bout des doigts, ou sujets ciblés plus stratégiques, comme la question de « la prolifération du nucléaire iranien », comme le suppute Siramy dans son interview. Tous les intéressent, ces pieds nickelés du renseignement français.
Ces « honorables correspondants » travaillent pour des grands groupes français, et ce sont plus souvent des patrons d’industrie que des petites mains contractuelles ; pour des groupes de presse ou des institutions françaises présentes dans le pays. Parfois même, ils sont simples femmes et hommes d’affaires de passage, en voyage. Ils se doivent tous d’avoir une position professionnelle ou sociale pouvant intéresser les « services ». Leur statut d’expatrié, leurs activités laborieuses, mais pas toujours, les amènent à travailler dans des domaines stratégiques, à côtoyer des sources potentielles de renseignements : homologues dans les institutions du pays hôtes, collègues, contacts, amis, réseaux et autres intimes des deux sexes. Du degré de proximité avec ces sources découlera la valeur des informations distillées par le « correspondant » à son officier traitant.
Non rémunérés, et c’est bien pour ça que ces « correspondants » sont « honorables », ils forment la majeure partie des contacts privilégiés de nos espions de bureau ou de salon. Notre « officiel » pourra ensuite, sans trop se fatiguer, trier les informations, et les envoyer à Paris, pour être recoupées, analysées et peut-être exploitées. Il revêt ainsi l’habit de l’officier traitant. Celui qui traite les renseignements fournis, et avec plus ou moins d’égard, ses correspondants.
Une autre catégorie de « correspondants » existent, et ceux-là ne sont plus considérés comme « honorables ». Ils sont payés à l’information. De véritables pigistes du renseignement, des « mercenaires » de l’information. La privatisation du renseignement humain est, elle aussi, vieille comme le monde.
Ces indépendants travaillent à la frontière entre le journalisme d’investigation de par leurs méthodes d’enquête et le renseignement fermé. Précaires absolus, ils évoluent sans protection aucune. Sans contrats, mais un contrat avec la Grande Muette ne protège pas de la prison, « pour atteinte à la sûreté de l’État » ou pour espionnage. Ces « correspondants » nagent entre deux eaux. Solliciter, exploiter sa source, lui tirer le plus d’informations, pressurer le bon filon jusqu’à ce qu’il rende son jus sans s’en apercevoir. Voilà le leitmotiv imposer aux précaires du renseignement.
Ces allégations d’appartenance à la DGSE donnent finalement crédit à l’accusation d’espionnage lancée contre Clotilde Reiss par le tribunal révolutionnaire de Téhéran, juste le coeur de l’affaire, pour rappel M. Dufresse. Et, souligne le peu de cas d’un ancien chef d’appui technique de la DGSE pour les possibles « agents » sur le terrain. Engagez vous pour être balancé ou noyé à la première occasion, le nouveau credo de la « piscine » ?
Lire ou relire dans Bakchich :
J’en viens à me demander : Vu les conditions de travail, les risques et l’absence totale de soutien du gouvernement, de l’armée ou des services de renseignements lors d’un coup dur, les "agents", militaires, etc… ne sont-ils pas aussi conditionnés que le premier "terroriste" venu ??
Ca me rappelle un film (un peu bidon) Agents secrets avec Vahina Giocante et Nicolas Duvauchelle, tous deux embrigadés : elle par les services secrets français, lui récupéré en taule par des islamistes et entraîné en Afghanistan.
Finalement, la fiction (la fille récupérée dans une fac par les services secrets me paraissait un peu gros) n’était pas tellement à côté de la plaque.
Cdlmt
La môme est-elle une espionne ?
Bien sûr que non puisque ce n’est pas un militaire agissant sous souverture. Bien sûr que oui puisqu’elle a commis des actes d’espionnage en transmettant des renseignements à l’ambassade.
C’est justement en ça que l’affaire est drôle et c’est pour ça qu’elle a été exploitée au maximum par un service de renseignement.
Chez nous, les services de renseignement - civils ou militaires - passent surtout leur temps à causer dans le poste ou "écrire" des "livres" pour régler des comptes carriéristes. Enfin, lorsqu’ils ne remplissent pas des carnets comme les duettistes Bertrand et Rondot …
Si le gouvernement français a menti à propos de Reiss, on en vient à se demander s’il ment aussi à propos des "armes de destructions massives 2.0".
Est-ce que l’élite* veut la guerre ?
Est-on sûr que la diplomatie défend encore d’abord les intérêts français ? Ou s’agit-il d’agir comme pantin du "little shitty country" ?
*« Le mot élite est un euphémisme de plus en plus utilisé ces derniers temps pour désigner un individu qu’aucune valeur humaine n’embarrasse dans la réalisation de ses ambitions. C’est devenu un synonyme de psychopathe ».
Apparement le message que le sieur Siramy veut faire passer aux iraniens et aux francais, avant une extension majeure et visible de la guerre au moyen orient dans quelques semaines, c’est que les interets de la shitty country passent apres les interets de la France…
si on en croit l’agent de la DGSE Wade, la mediation menee par Sarkozy, Kouchner a ete catastrophique, cela se confirme… un ingenieur relache et un autre tueur a gage relache, ca fait beaucoup pour une motivée politiquement ?!
Sarkozy est estampille likud-mossad, les iraniens savent de quoi ils retournent, ils ont vu la couleur des infos delivrees par sarkozy-kouchner durant les negociations, les turcs egalement, les francais aussi maintenant !
Il est preferable de confirmer que Geiss est une chevre de la DGSE, que de finir par se poser ouvertement la question de savoir si Sarkozy est un agent de la shitty country ! Recu De St Clair ?
AS
Cher AS,
Je ne confirme pas n’ayant pas les moyens de le faire. Je ne pose à aucun moment la question que vous avancez sur NS. Une nouvelle lecture du papier vous serait peut-être nécessaire. Reçu AS ?
Cordialement
Henry de Saint-Clair