Le sentiment anti-establishment a pris corps dans les votes aux primaires pour les élections de novembre et suscité échecs et défections, y compris dans le camp républicain.
La rébellion anti-establishment et anti-Washington des électeurs en colère, évidente dans les sondages depuis de longs mois, s’est confirmée mardi 18 mai lors des primaires dans les deux grands partis, baptisées par les médias « Senate Super Tuesday ».
Dans la primaire républicaine de l’État du Kentucky, Rand Paul, le candidat du Tea Party, le mouvement populiste de droite, a écrasé avec presque deux tiers des voix le candidat sénatorial -pourtant trié sur le volet par les caciques du parti. Il y a quelques mois encore, Rand Paul, médecin de profession, n’était connu que comme le fils de son père : Ron Paul. Celui-ci, membre de la Chambre des Représentants et se présentant comme libertarien, avait créé la surprise avec sa campagne présidentielle d’insurgé républicain dans les primaires en 2008, par sa capacité à collecter des millions de dollars via Internet, attirant de nombreux néophytes en politique et enthousiasmant les foules.
Si cette campagne de 2008 a allumé le feu de la rébellion d’aujourd’hui et fait de Ron Paul le « parrain » des Tea Party, la victoire retentissante de son fils Rand dans le Kentucky ce mardi a flanqué une peur bleue aux leaders et sortants républicains et démontré l’enthousiasme colérique de ce mouvement de frustration ultranationaliste. Car grâce à Rand Paul, le nombre d’électeurs qui participaient à cette primaire républicaine sénatoriale a largement dépassé le nombre de participants à la primaire présidentielle républicaine de 2008.
La question raciale compte pour beaucoup dans le succès du Tea Party, comme l’a confirmé un sondage pour le New York Times le mois dernier, selon lequel les membres du Tea Party ont « beaucoup plus tendance que le public ou les républicains en général à penser que Washington fait trop de cas des noirs » et que Barack Obama favorise trop les blacks et pas les blancs. Et un article amplement documenté publié deux jours avant les primaires de mardi par le professeur d’histoire Greg Grandin de l’Université de New York a décortiqué les racines de l’idéologie des Tea Party dans le terreau de la paranoïa raciale.
La rébellion anti-establishment avait déjà fait des victimes parmi les sortants.
A la surprise générale, dans l’Utah, le sénateur Bob Bennett, un républicain bon teint, a été exclu de la nomination pour sa réélection par la convention locale de son parti le 8 mai à cause d’une révolte menée par les Tea Party.
En Floride, les sondages ont convaincu le gouverneur sortant républicain Charles Crist, qui avait décidé de faire campagne pour le Sénat, de son échec à la primaire face au candidat plus conservateur devenu le chouchou des Tea Party. Crist a quitté le Parti républicain fin avril pour concourir comme un candidat indépendant.
Même cas de figure en Pennsylvanie le 29 avril, quand le sénateur républicain sortant Arlen Specter, un vétéran de trente ans au Sénat, a décidé qu’il ne pouvait pas gagner sa primaire de réélection face au candidat plus conservateur. Il a quitté les républicains pour devenir démocrate.
Sauf que le retournement de veste de Specter a mis fin à sa carrière politique. En dépit des soutiens de tout l’establishment démocrate, de la puissante machine électorale du Parti démocrate local, des maires des trois plus grandes villes de l’État (Philadelphie, Harrisburg et Scranton), du gouverneur démocrate sortant, du vice-président Joe Biden et d’Obama lui-même, Specter a été aisément battu pour la nomination par un ancien amiral, Joe Sestak qui, en dépit du fait qu’il avait été élu à la Chambre de Représentants quatre ans plus tôt, faisait figure d’« outsider ».
Dans la Pennsylvanie désindustrialisé hantée par le spectre d’un chômage croissant, Specter, qui avait soutenu les mesures de sauvetage d’Obama et de George W. Bush, a fait les frais du ressentiment de la classe ouvrière blanche contre les banquiers de Wall Street, car ces plans de sauvetage n’ont bénéficié qu’à l’élite économique aux yeux des « cols bleus ». Le ressentiment de cette classe d’ouvriers blancs est une autre force motrice de la rébellion anti-establishment et des Tea Party. Et le retournement de veste de Specter a achevé de convaincre les électeurs de son cynisme et de son opportunisme.
Sestak, qui était inconnu des deux tiers des électeurs démocrates il y a quelques semaines encore, a donc gagné cette primaire du Super Senate Tuesday grâce à un spot de pub pendant la dernière quinzaine, qui montrait Specter déclarant imprudemment à un reporter avec un petit sourire sournois : « J’ai changé de parti pour me faire réélire. » Jugé trop effronté dans son désir de préserver son job et pour sa longévité à Washington, la défaite de Specter était annoncée : même la Maison Blanche a pris ses distances quelques heures avant la fermeture des bureaux de vote en Pennsylvanie en laissant entendre à un journaliste de MSNBC qu’elle se fichait de qui, Specter ou Sestak, serait le gagnant.
La volonté d’Obama de tirer ainsi au dernier moment sur l’ambulance du sénateur sortant, qui était pourtant son candidat, a été beaucoup remarquée par les commentateurs. Comme l’a dit l’excellent Chuck Todd, correspondant à la Maison Blanche de la chaîne NBC et expert de la politique électorale, le choix d’un Specter voué à l’échec comme candidat de l’équipe d’Obama remet en question son efficacité. C’est de très mauvais augure pour l’élection présidentielle de 2012.
Mc cain et Palin ont recupere le mouvement, les 911 truthers par exemple y sont bannis… c’est dire que la prochaine ’revolution’ aux USA sera instrumentalisée et ne sera que la repetition de ce que nous avons deja vu lors de la seconde guerre mondiale, mettre tous les dissidents et autres ’ennemis’ dans des camps… expulser tout le reste, avec la loi votée en Arizona comme debut… un bon clash des civilisation a la Huntington… Obama a perdu toute son aura, et le prix nobel n’a fait que le desservir… il n’a plus qu’a attaquer la coree du nord et l’iran si il veut etre re-elu… c’est ce que voulait netanyahu , non ?
AS
Cet article a au moins le mérite de briser le silence assourdissant des grands médias français à ce sujet, malgré l’extraordinaire enthousiasme qu’a provoqué la candidature de Ron Paul aux des dernières élections présidentielles.
Ce silence des médias mériterait en lui-même un article.
Mais ceux qui connaissent bien ce mouvement trouveront ridicule de parler d’un mouvement "raciste" et "ULTRA-nationaliste". On le qualifie également de "conservateur" sans donner le sens particulier de ce mot dans le contexte américain. Nulle part, on ne prononce le mot de "libertarien", ce qui est un comble !
Or de quoi s’agit-il ? Il s’agit simplement de renouer avec les valeur fondamentales sur lesquelles les Etats-Unis se sont fondées, celles de la révolution américaine, des droits fondamentaux, de la liberté individuelle garantie par la constitution, le message d’espoir qu’a pu représenter l’Amérique pour tous les peuple opprimés, bref, ce pour quoi l’Amérique a pu être grande et admirée par le passé.
Rien de plus pertinent aujourd’hui, à l’heure où les USA possèdent des bases militaires dans 147 pays dans le monde, où Obama parle de différer davantage le retrait des troupes d’Irak (en grande partie ce pour quoi il s’est fait élire), où la guerre antiterroriste est tournée de plus en plus contre le simple citoyen et où le pouvoir est corrompu par les intérêts particuliers de Wall Street.
Longue vie aux Tea Parties !
le choix d’un Specter voué à l’échec comme candidat de l’équipe d’Obama remet en question son efficacité. C’est de très mauvais augure pour l’élection présidentielle de 2012.
L’efficacité d’un gouvernement ne se lit-elle pas plutôt dans les RESULTATS de celui-ci (j’en convient, là non plus c’est pas brillant chez les américains comme chez nous…) et pas dans sa capacité à présenter les "bons" candidats (faut le dire vite) ??? C’est des considérations de people ces questions là !!
Après, on se demande pourquoi les politiques ne sont obnubilés que par UN SEUL BUT : la candidature aux présidentielles.
Quand les journalistes demandent quotidiennement 1, 2, 3, voire 4 ans à l’avance qui va se présenter, quand il/elle va le déclarer, il ne faut pas s’étonner d’avoir d’aussi mauvais politiques…