En ordonnant le déploiement de 1200 soldats sur la frontière mexicaine, le président métis suit George W. Bush qui, en 2006, avait déjà envoyé 6000 hommes sur place.
La crise économique a enflammé l’hystérie anti-immigrés. Même si 81% des sans-papiers sont des Latinos, dont 57% des Mexicains, et que les Blancs ne veulent pas leurs boulots hyper-mal payés (au noir) et souvent sales.
Cela n’a pas empêché les républicains conservateurs qui contrôlent l’Arizona, Etat frontalier du Mexique, de voter en avril une loi qui autorise le « délit de faciès », c’est-à-dire la détention de toute personne suspectée de ne pas avoir de papiers. Des Mexicains, en l’occurrence.
Résultat de cette loi : un grand débat national qui n’a fait que confirmer la paranoïa des Blancs contre les sans-papiers basanés, car la loi a été approuvée par les deux tiers des électeurs et par 70% des Blancs, selon un sondage fiable de la chaîne NBC.
Obama, conscient qu’il doit son élection au gain de la grande majorité des voix des Latinos, a ordonné à son ministère de la Justice d’« examiner » la constitutionnalité de la loi d’Arizona. Une réponse plutôt faible à cette initiative de racisme nationaliste qu’il aurait dû dénoncer clairement. Mais cette loi est devenue une arme de bataille du Tea Party, le puissant mouvement populiste.
Un peu plus tard, Obama, en amont des législatives de novembre dont l’immigration est devenu un enjeu majeur, a capitulé devant la peur nationaliste en ordonnant le déploiement de 1200 soldats de la « National Guard » sur la frontière avec le Mexique et en demandant au Congrès l’octroi de 500 millions de dollars supplémentaires pour les patrouilles frontalières. Le président métis a ainsi imité George W. Bush qui, en 2006, avait déjà envoyé 6000 soldats à la frontière mexicaine. Cette militarisation du contrôle de l’immigration soutenue par Obama a eu un effet mortel à croissance rapide : de 5 sans-papiers tués en 2006 à 12 en 2009, jusqu’à 17 tués au premier semestre 2010.
La semaine dernière, Obama a prononcé un discours sur l’immigration qui a beaucoup déçu les partisans d’une réforme progressiste. Comme l’a si bien titré le Los Angeles Times, « Le discours d’Obama sur l’immigration se fait l’écho politique et rhétorique de Bush ».
C’était bien différent lorsque le candidat Obama cherchait les voix des Latinos pendant sa campagne de 2008. Il déclarait alors : « Quand les rafles d’immigrés terrorisent des communautés entières, quand les mères allaitantes sont arrachées à leurs bébés, quand les enfants retournent de l’école à la maison et trouvent leur parents disparus, quand les gens sont détenus sans accès à un avocat, quand tout cela se produit, le système est cassé et il faut le changer. »
Encore une promesse non-tenue du président métis. Aujourd’hui ces mots justes sont caducs. Comme en témoigne le cadavre de Sergio Guereca, un adolescent mexicain de 14 ans tué le 7 juin d’une balle dans la tête par un agent de la Border Patrol alors qu’il franchissait la frontière mexicaine vers le Texas. Une victime de la politique musclée d’Obama sur l’immigration.