30 ans après l’assassinat non élucidé du militant d’extrême-gauche Pierre Goldman, Canal + diffuse vendredi soir un documentaire où apparaît à visage caché l’un des tueurs. Entretien avec l’enquêteur Michel Despratx.
C’était le 20 septembre 1979, Pierre Goldman se faisait assassiner froidement par plusieurs individus en pleine rue à Paris. Le meurtre revendiqué par un groupe obscur appelé « Honneur de la police » avait pour but selon « Gustavo » [1], le meurtrier interviewé par Canal, « de se faire justice ». Pour mobile, la colère de certains milieux policiers suite à l’acquittement de Goldman en mai 1976 pour une affaire d’attaque à main armée. Deux pharmaciennes avaient perdu la vie et un policier blessé. Selon Despratx, cette affaire était perçue pour une injustice selon les services de police de l’époque, convaincus de sa culpabilité.
Selon l’enquête de Michel Despratx (ancien journaliste de Bakchich), l’ordre de tuer venait de Pierre Debizet, responsable à l’époque du SAC (Service d’Action Civique). Spécialiste des coups tordus depuis les années 60, cette unité de police parallèle aurait donné l’ordre, en 1978, à un agent de la DST de réunir un commando pour éliminer Goldman. Avec « Gustavo », un agent des Renseignements Généraux qui aurait aussi mis la main à la pâte.
Au delà du SAC, les offices internes de l’Etat étaient-elles au courant ? Selon « Gustavo, » Victor Chapot, le conseiller spécial de Valéry Giscard d’Estaing l’était. Le film croise les témoignages et agite la mémoire des différents responsables de l’époque encore en vie. Goldman était-il une menace ? « Non », pour la plupart. Sauf que d’autres informations tendraient à prouver que les activités du révolutionnaire ne se résumaient pas à taper sur des percussions cubaines… Les charmes du pays basque et de l’ETA (Organisation Séparatiste Basque) auraient aussi envahi le cœur de Goldman. D’autres mobiles pour assassiner l’enfant terrible dans une époque où combat politique se doublait souvent par une élimination physique pure et simple.
Même si le film n’est pas encore diffusé, des premiers soubresauts se font ressentir. La prescription est de dix ans mais l’avocat de Pierre Goldman, Francis Chouraqui, estime mercredi dans Libération que les faits pourraient être requalifiés en acte de terrorisme.
A voir sur Rue 89, un autre extrait du film
A lire sur Bakchich.info :
[1] faux nom
Juste en passant, Lucien Aimé-Blanc dans son livre de souvenirs charge lui un certain Jean-Pierre Maïone-Libaude.
http://www.laprovence.com/article/region/le-milieu-marseillais-a-t-il-assassine-pierre-goldman ?page=1
Vrai ou pas… ?