L’administration Obama reste hostile à la dépénalisation de la drogue. Mais la Californie songe à légaliser et à taxer l’usage de la marijuana. Histoire de combler le budget.
Candidat à la Maison Blanche, Obama avait dit qu’il fallait « repenser la guerre contre la drogue et décriminaliser la marijuana. » Mais les partisans de la dépénalisation ont été très déçus par le nouveau rapport de l’administration d’Obama sur la politique nationale à mener contre les drogues. Publié l’autre semaine par Gil Kerlikowske, directeur du Bureau de la politique nationale du contrôle de la drogue, le rapport reste accro à la « guerre contre la drogue » -ô combien perdue- qui a coûté mille milliards de dollars depuis qu’elle a été lancée par Nixon en 1971.
Au lieu de traiter l’abus de drogues comme une question de santé publique, ce rapport confirme la politique futile de prohibition de toutes les drogues, avec ses peines criminelles qui placent bêtement au même niveau pénal l’héroïne et la vente ou même la simple possession de petites quantités d’herbe.
Et le rapport maintient la vieille rhétorique sur les « grands dangers » de la marijuana, sans même mentionner les 750.000 personnes appréhendées chaque année pour avoir possédé pas plus que nécessaire pour rouler quelque pétards, ou discuter des conséquences sociales néfastes qui découlent de ces arrestations idiotes.
Les électeurs semblent plus avancés que leur président, car selon le plus récent sondage fiable (en avril pour l’Associated Press) sur la question, 56% estiment que « les lois sur la marijuana doivent être les mêmes ou moins strictes que les lois sur l’alcool ».
Il est même plus que possible que la politique d’Obama soit désavouée par la Californie, où un référendum pour légaliser –et taxer- la marijuana sera sur les bulletins de vote de novembre prochain… en raison de la crise économique qui a mené l’État côtier au bord de la banqueroute, avec un déficit de presque 20 milliards de dollars.
Déjà, en 1996, la Californie (suivie depuis par 14 autres États) avait légalisé la « marijuana médicale », disponible à tout patient sur simple « recommandation » d’un médecin facile à obtenir, moyennant 200 dollars. Aujourd’hui ce « cannabusiness » californien légal compte près de 2000 dispensaires d’herbe.
Il existe même un quartier de la grande ville d’Oakland qui s’appelle « Oaksterdam » à cause du nombre de dispensaires de marijuana. Et à Los Angeles, le premier « pot-tel », un hôtel exclusivement réservé aux fumeurs d’herbe, a ouvert ses portes le mois dernier.
Une majorité largement suffisante d’électeurs californiens (56%) est déjà pour le référendum, et le Terminator lui-même, le gouverneur Arnold Schwarzenegger, qui cherche désespérément de nouvelles sources de revenus, n’est pas opposé à l’idée. Partout on voit des panneaux avec le slogan, « Sauvez la Californie de la faillite, Légalisez et taxez la marijuana ! ».
Avec les écoles qui ferment presque chaque jour et l’augmentation constante du nombre de policiers licenciés faute d’argent, c’est un argument qui a de quoi séduire même les non-fumeurs.
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