Après un crash d’avion en 2004, les barbouzes de la société américaine Blackwater sont poursuivis par les veuves des soldats morts.
Tout débute en 2004, lorsque la puissante firme de mercenaires, « Blackwater », remporte un juteux contrat de 35 millions de dollars avec l’armée américaine en Afghanistan. Pas de chance, un des avions de la compagnie— le vol 61 — s’écrase contre une montagne.
La responsabilité des deux pilotes, qui trouvent la mort dans l’accident, est sérieusement en cause. Au moment du crash, les deux mercenaires de « Blackwater » jouent en effet à la guerre des étoiles dans le cockpit. Les informations récupérées sur les boîtes noires de l’appareil sont accablantes, comme en témoignent leurs derniers échanges.
« T’es un vrai x-wing fighter dans Star Wars », lance l’officier Loren Hammer à son capitaine, Noel English. « T’as [censuré] raison. On se la régale », répond le capitaine. « Je te jure qu’ils me paieraient pas s’ils savaient comment on se fend la gueule ici », renchérit-il.
A l’arrière de l’appareil, ont pris place trois soldats de l’armée américaine : le lieutenant Cel Michael McMahon, l’adjudant-chef Travis Grogan, un certain Harley Miller. Et dans les soutes, une cargaison de mortiers. Tout ce beau monde se rend à Farah, au sud-ouest de l’Afghanistan. Très vite, la conduite de l’avion paraît acrobatique. Et le mécanicien prend la parole : « Normalement on ne prend pas cette route. » Hélas, les pilotes n’écoutent rien, ils sont trop occupés à choisir la bande-son de leur petite virée. Musique New Age ou Heavy Metal ?
Vingt-cinq minutes après le décollage, l’avion explose contre une montagne. Les pilotes remontaient en effet un canyon qui, hélas, débouchait sur une masse rocheuse haute de 4 800 mètres. Un passager survit au crash, mais meurt finalement de froid, avant que les secours n’arrivent.
Un an plus tard, les trois veuves des soldats américains tués décident de traîner Blackwater devant un tribunal. Motif : des « négligences » qui ont causé la mort des trois soldats. Et pour étayer leurs propos, elles fournissent des rapports particulièrement incisifs de l’armée américaine et de la National Transportation Safety Board (NTSB).
Selon la NTSB, les pilotes de l’avion ne « se comportaient pas de manière professionnelle » et « avaient délibérément choisi une route anormale pour s’amuser ». Les accusations s’empilent contre les pilotes, mais aussi contre leur hiérarchie : recrutement de novices pour l’Afghanistan, absence de plan de vol, défaut de repérage de l’avion, violations des termes du contrat de Blackwater avec le Pentagone.
L’affaire du « Blackwater flight 61 » (vol 61 de Blackwater) grossit. En 2007, Erik Prince, le Pdg-fondateur et seul actionnaire de Blackwater USA s’exprime devant une commission du Congrès américain. A la question « les pilotes se sont comportés comme des cow-boys ? », Erik Prince répond que les règles de vol ne sont pas les mêmes en terres talibanes. « L’Afghanistan c’est un peu comme l’Alaska », ose-t-il même plaider. Mais ce nouveau scandale tombe mal pour la firme qui accumule les incidents fâcheux. Ainsi, un de ses employés, ivre, a tiré sur l’un des gardes du corps du vice-président irakien en 2006. D’où la stratégie particulièrement inattendue des juristes de « Blackwater » qui, en juin 2008, appellent Allah à la rescousse et demandent à la Cour fédérale d’Orlando en Floride à appliquer la charia. Le raisonnement est imparable ou presque. Le crash a eu lieu en Afghanistan et la loi islamique doit s’appliquer. Or, d’après la jurisprudence traditionnelle, une corporation n’est responsable ni de ses employés ni de ses négligences…
La firme est déboutée. Il en faut d’avantage pour décourager Blackwater qui fait à nouveau appel et refuse de communiquer des pièces du dossier avant l’audience. Contacté par « Bakchich », Blackwater a refusé de s’exprimer*. « Il est peu probable que cet argument soit reçu » affirme Robert Spohrer, l’avocat des victimes qui se prépare pour des audiences qui auront lieu… en 2010.
Heureusement pour Blackwater, il y a des cadeaux de consolation. Erik Prince, son Pdg, a touché quelques milliers de dollars des assurances pour la perte de l’avion en Afghanistan…
…et un nouveau et juteux contrat de 92 millions de dollars avec le Pentagone en 2007. Mais espérons que, cette fois, aucun jeu vidéo ne sera planqué dans le paquetage des pilotes !
* Après plusieurs relances, l’attachée de presse de Blackwater a accepté de répondre à des questions écrites sur l’affaire « Blackwater flight 61 ». Après avoir reçu nos questions, Anne Tyrrell les a transférées à l’avocat de Blackwater. On attend toujours ses réponses…
Blackwater, c’est un milliard de dollars de contrats avec le gouvernement américain pour des missions militaires, d’entraînement ou de sécurité en Irak, en Afghanistan et ailleurs, selon les médias américains. Son unique actionnaire, Erik Prince, proche de Paul Bremer, ancien proconsul de Bush en Irak, a transformé une petite société de sécurité en une machine de guerre qui recrute d’anciens soldats d’élite et a entraîné plus de 100 000 hommes. Son atout à lui, c’est le networking (ou réseautage en french).
Le petit prince sait pouvoir compter sur ses amis des lobbies chrétiens conservateurs, de la CIA et du Parti républicain. Le vice-président de Blackwater, Cofer Black, est tout aussi charmant. Ancien directeur du centre anti-terroriste de la CIA, il est célèbre pour avoir demandé qu’on lui rapporte la tête d’Oussama Ben Laden enroulée dans de la glace. En attendant, le gouvernement irakien essaie de faire déguerpir Blackwater du pays pour avoir massacré 17 civils lors d’un incident à Bagdad en 2007.
Les pays dûment constitués, les EU en premier, prétendent être scandalisés et horrifiés par le terrorisme qui n’est pas véhiculé par un autre pays dûment constitué et identifiable. Or, il est plus difficile de s’attaquer à une entité sans frontières, sans drapeau, sans devise…
Ce qui n’empêche pas les EU d’attaquer l’Iraq, l’Afghanistan, l’Amérique Latine et d’autres avec des armées de mercénaires qui n’ont ni de commandant, ni de responsable ni d’éthique… j’appelle ça des GANGSTERS.
Ce qui est pratique lorsqu’on embauche des GANGSTERS c’est que, s’ils se font exploser ou torturer, le gouvernement américain n’a aucun compte à rendre à la famille de ces soldats de fortune. Par contre, il est également difficile de dédommager des personnes physiques ou légales pour les dégâts que lesdits GANGSTERS peuvent faire dans les pays où ils "effectuent leurs incursions".
Et voilà, les illusions d’antan d’un monde de liberté et de justice partent dans la fumée générée par des GANGSTERS de tout acabit.
Ces GANGSTERS n’ont pas la moindre idée de ce qu’est la noblesse. Il pillent, tuent, ravagent et en font un métier. Pour le plaisir, pour le fric, pour l’aventure.
Et ils s’appellent BLACKWATER ; N’est-ce pas beau ? BLACK comme idées noires, WATER comme humeur. Genre, l’humeur noire des cyniques, des tueurs, des voleurs et autres gens exécrables qui font tout pour que la vie sur cette terre soit dégoûtante.
C’est le SS, génération McDo. Ce sont des GANGSTERS.
Ces faits ne sont pas le fruit du hasard. Depuis Machiavel on connaît les dérives d’armées privées et privatisées. Et surtout, le déploiement des mercenaires n’entre pas dans les statistiques officielles comptabilisant le nombre de morts, ce qui permet de rendre la guerre "acceptable" aux populations.
Je vous conseille l’article très complet de Karel Vereycken ci-joint.