L’onde de choc de la vidéo de Wikileaks sur le double meurtre commis par l’armée américaine n’en finit pas de se répandre sur la toile. Suite et fin de notre série sur les bavures.
Episode 1 :
Certaines bavures peuvent coûter cher à ceux qui les commettent. Enfin, toujours à moindre frais. La très décriée Blackwater, la société privée de sécurité de l’armée américaine, a subi les foudres de l’opinion irakienne et américaine quand ils ont été accusés du meurtre de 17 civils le 16 septembre 2007. Par la suite, ils ont été chassés de Bagdad par le gouvernement irakien.
Magie de la couverture, le quotidien Washington Post a révélé dans son édition du mardi 30 octobre 2007 que les enquêteurs du FBI, (Federal Bureau of Investigation) chargés de faire la lumière sur les circonstances de la fusillade ouverte à Bagdad n’ont pas pu interroger les agents de sécurité de Blackwater, ceux-ci ayant obtenu l’immunité de la part du Département de la Justice. Réputés proches ou même pour certains issus de la CIA, les agents de Blackwater ont vu les charges pesant contre eux abandonnées en 2010. La justice américaine a en effet estimé que les droits constitutionnels des accusés n’avaient pas été respectés, lors de l’instruction, une décision qualifiée d’« inacceptable et injuste » par les autorités irakiennes.
Rien ne prouve que cette vidéo a bien été filmée par des agents de Blackwater. Mais présentée comme telle, elle illustrerait la gâchette facile de ces hommes qui peuvent agir, et cela est bien prouvé, en toute impunité.
Petit bond dans le temps. Nous sommes en Somalie au début des années 90. Face aux images d’une famine sans précédent, l’ONU puis les Etats-Unis s’engagent fin 1992 dans leur première intervention au nom du droit d’ingérence humanitaire. Les Yankees lancent l’opération « Restore hope ». A leur arrivée sur les plages somaliennes, les caméras de CNN filment les marines. Un débarquement savamment orchestré où les bons américains viennent sauver les enfants aux ventres ballonnés. Plus tard, la violence s’installe. Les combats sont acharnés et les Américains ne font pas dans le détail. Sauf que l’opinion américaine se retourne lors de la diffusion de cadavres américains trainés au sol par des Somaliens le 3 octobre 1993 lors de la bataille de Mogadiscio. Images qui perturbent les plans de l’administration Clinton qui rappellent ses hommes et laissent le chaos… dont le pays ne s’est toujours pas sorti. Dans cette rétrospective allemande de l’année 1993, à partir de 43 secondes, on peut voir les premières images de marines sur les plages somaliennes et les corps trainés des militaires.
Depuis longtemps, le pays d’Hollywood est conscient du pouvoir de l’image et de ses conséquences. Déjà au Vietnam, l’image des cadavres toujours plus nombreux, les témoignages des militaires avaient renversés l’opinion, assez tardivement tout de même. Peut-être parce que déjà à cette époque, l’armée censurait beaucoup d’images. La preuve dans ce documentaire de 52 minutes. Uniquement composé d’images d’archives censurées jusque là.
Pour finir sur une note plus gaie, un petit "vidéogag" des accidents de l’armée américaine. Vraiment très cons.
A lire sur Bakchich.info :
Ressuscitez Kubrick immédiatement, on a besoin de lui "on the field" !!
Les guerres ne se sont pas arrêtées mais on ne voit plus que les productions timides et très patriotes d’Oliver Stone, estampillées "Designed for the Pentagon".