Une nouvelle guerre mondiale ou une future pénurie d’eau aux Etats-Unis ? C’est ce que pensent plus de la moitié des américains dans un sondage tout en restant "optimiste" à plus de 80%. C’est beau mais c’est loin.
La semaine dernière, un sondage commandé par les démocrates, précisément par Stan Greenburg, l’ancien sondeur de Bill Clinton, affirmait qu’une majorité (55%) des électeurs pense que Barack Obama est « un socialiste ». C’est faux, bien sûr. Et d’ailleurs démenti par la composition de l’équipe économique du président américain, dont les membres ont été essentiellement recrutés chez les architectes de la déréglementation des banques et chez les régulateurs qui sont restés délibérément aveugles aux dérapages de Wall Street.
Le même sondage apporte un autre indice du triomphe de l’idéologie libérale : une majorité des sondés pensent en effet que la seule politique à suivre pour sortir de la crise est de « baisser les impôts » et « d’entailler les dépenses gouvernementales. » Un rejet cinglant des théories économiques de John Maynard Keynes qui pendant si longtemps ont constitué l’un des socles de la pensée démocrate.
Dans le même temps, la Fondation Pew, l’un des sondeurs les plus réputés du pays, publiait le 22 juin un sondage sur ce que sera la vie en 2050. Ses résultats dessinaient un optimisme irrationnel, typique des Américains : 6 sur 10 pensent qu’une nouvelle guerre mondiale est probable ; 53% pensent qu’il y aura une pénurie d’eau en Amérique, 58% croient qu’il est vraisemblable qu’il y aura une attaque terroriste à l’arme nucléaire sur les Etats-Unis ; 69% que l’écart économique entre riches et pauvres sera encore plus profond et 72% assurent qu’il y aura une crise mondiale de l’énergie dans les 40 prochaines années.
Mais en dépit de toutes ces horreurs, 70% se disent « optimiste » sur l’avenir du pays, et un énorme 81% se déclarent « optimiste » sur leur avenir personnel et celui de leur famille !
Comment expliquer ces mythes, aberrations et contradictions ? Peut-être en partie par le fait que, selon la Fondation Pew, 41% des Américains croient que Jésus Christ sera de retour sur terre en 2050 !
Mais l’historien Rick Shenkman, dans son excellent livre « Just How Stupid Are We ? Facing the Truth About the American Voter », qui détaille l’ignorance épouvantable des Américains sur les matières civiques, écrit : « Comme l’a prédit John Dewey, les consommateurs se moquent de la politique, et nous sommes tous des consommateurs maintenant. L’Américain moyen passe beaucoup plus de son temps à penser à ce qu’il doit s’acheter qu’à étudier pour qui voter. »
Pire, selon une étude publiée le mois dernier dans la revue universitaire Political Behavior, des chercheurs de l’université de Michigan ont prouvé que les gens mal renseignés changeaient rarement d’avis quand ils étaient exposés à des faits corrigés et avérés par des articles de « news ». Les faits ne changeaient en rien l’intoxication mais « au contraire, comme un antibiotique périmé, renforçaient la désinformation » ! Pour un journaliste qui fait des faits sa religion, c’est désespérant…
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