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Nous cheminons entourés de fantômes aux fronts troués (polar culte 10)

dimanche 30 août 2009 par Bertrand Rothé
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Après Joncquet, Pouy, Manchette et ADG : Vilar. Un récit moins clair, mais plus subtil. Ici, l’histoire de la chute du mur de Berlin, racontée vingt ans après.

Il y a quasiment vingt ans, le Mur de Berlin chutait. Le XX ème siècle se terminait peut-être. Commencée avec la révolution d’octobre en pleine première guerre mondiale, la chute semblait consacrer sa fin, avec la victoire de la démocratie libérale.

La chute du mur

Que se passe-t-il le jour de la chute du mur pour les auteurs de polars qui avaient « tout un temps coutume de solder (leurs) courriers par de « fraternelles salutations communistes » » ?

Certains, sans doute trop inspirés par Bernard-Henri Lévy, ont pensé que la chute du mur marquait la défaite du communisme, c’est-à-dire, à leur sens, du totalitarisme – détournant d’ailleurs la définition donnée au mot « totalitarisme » par Hannah Arendt.

Les plus nombreux ont pensé autrement. Convaincus que les nazis avaient été portés au pouvoir par le capital, pour lutter contre le collectivisme. Ils savaient que Chamberlain avait serré la main d’Hitler.

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Leur mur était déjà fissuré bien avant 1989. Prague en janvier 1968, voire Budapest pour les plus vieux, avait déjà très solidement ébranlé leurs convictions. Staline était discrédité depuis bien longtemps. Ils connaissaient tout du KGB, ils n’ignoraient rien des camps de rééducation, avaient lu les dissidents. Mais l’idée du communisme, d’un bien commun, collectif, était encore au cœur de leurs envies, de leurs désirs. Comme le raconte JB Pouy, ils étaient trotskistes, mao, gauche prolétarienne, situationnistes. Si Staline n’était plus leur héros, ils croyaient en la lutte des classes. En mai 68, ils ont construit leur monde, ils ont essayé de se donner de nouvelles règles collectives.

Nous cheminons entourés de fantômes aux fronts troués, de Jean-François Vilar

Un roman du mur - JPG - 18.7 ko
Un roman du mur
(DR)

Ce roman érudit de Vilar propose une lecture tout en nuance des événements de 1989. Victor B. revient à Paris. Il a été kidnappé et a été détenu en otage pendant plusieurs années. Fin 1989, il se remet progressivement de ce traumatisme, et lit le journal d’un militant trotskiste écrit en 1938. Le parallèle entre l’actualité et l’histoire est ténu. Des lieux, Prague évidemment ; mais aussi des héros. Le Guépéou d’un côté, la police politique tchèque de l’autre.

Mais dans ce roman magnifiquement écrit, les communistes ne sont pas tous des salauds. Dans ce siècle où toutes les utopies auront été trahies, Vilar crée des personnages attachants. Felix, un jeune membre du PCF est particulièrement touchant, par sa gentillesse, sa franchise et son sens de la camaraderie. «  Félix avait une certitude absolue. Jamais Staline ne laisserait les mains libres aux nazis, en Tchécoslovaquie ».

Jean-François Vilar, rouge disparu

Vilar est un poète perdu parmi les auteurs de polars. Il n’a jamais publié à la mythique Série Noire, ni chez Rivage. C’est définitivement un marginal. «  Je n’ai jamais aimé la littérature policière ; ce qui m’intéresse c’est la littérature délinquante. »

Et pourtant, il fait parti de cet univers. Comme beaucoup de ses confrères, c’est un ancien homme de gauche, militant à la Ligue communiste révolutionnaire. Comme eux, il a pris des chemins de traverse. Animateur culturel, puis critique d’art contemporain à Rouge. Le temps de se construire un univers poétique, historique et géographique qui puise ses sources essentiellement dans l’entre-deux guerres, dans le surréalisme.

Il débute dans le roman noir avec C’est toujours les autres qui meurent. Ce chef d’œuvre, primé par Télérama en 1982, est une transposition littéraire et policière d’un tableau de Marcel Duchamp : La Mariée mise à nu par ses célibataires, même. En plus de son érudition et de sa construction narrative, c’est une extraordinaire exploration de Paris qui se retrouve dans Passage des Singes (1984), mais aussi dans le roman qui nous intéresse.

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