On joue aux chaises musicales en cette rentrée judiciaire au Parquet de Marseille. Les juges sont remplacés tandis que les truands assurent leur succession.
Il fait beau, il fait chaud, mais c’est tout de même la rentrée au Parquet marseillais. Et les locaux de la rue Joseph d’Autran se préparent même à accueillir de nouvelles têtes pour 2009. Histoire de remplacer les partants. Du côté des juges… et des truands.
Vice-procureur en charge du Jirs (juridiction inter régionale spécialisée), Marc Cimamonti, dit « Cima », quitte le Vieux Port et ses spécialités de bouillabaisse autour des affaires de l’OM pour devenir procureur à Toulon. Un petit vide et une animosité qui manquera dans les couloirs du Palais de Justice. A part, sans doute, au juge Franck Landou, autre spécialiste des coulisses de l’OM dont la rivalité avec Cima était proverbiale.
Egalement partant, le teigneux Serge Tournaire, à classer parmi la catégorie des « Kamikazes » de l’instruction. En charge notamment de l’enquête sur la tuerie arabo-corse de la tuerie des Marronniers, co-saisi du dossier du Cercle Concorde, deux histoires à rebondissements et largement relayées par Bakchich, Tournaire se voit promu au pôle financier de Paris.
Et pour les remplacer, deux hommes « vierges de Marseille », selon la joyeuse expression du procureur en place Jacques Dallest, vont découvrir les subtiles joies de la plus belle ville du monde. Vice-procureur en charge de la Jirs de Lyon, Christophe Barret occupera les mêmes fonctions à Marseille dès septembre.
Le remplaçant de Tournaire, lui, viendra des Balkans. Philippe Dorcet, magistrat de liaison à Zagreb (Croatie) après être passé par Nice, posera également ses valises non loin de la Canebière pour prendre des fonctions à la Jirs. Gageons qu’avec un tel parcours, leur déniaisage ne prendra pas trop de temps.
Les dossiers chauds, principalement quant au Milieu Corso-Marseillais, ne manquent pas et les cellules regorgent de jolis noms.
Anciens compères du mouvement pour l’autodétermination (MPA), méchamment rebaptisé par les mauvaises langues : Mouvement pour les affaires, Alain Orsoni, Antoine Nivagionni et Gilbert Casanova sont tous visés par des enquêtes du parquet marseillais. Respectivement pour tentative de meurtre, détournement de fonds et trafic de drogue.
Son rôle central dans la tuerie de la Brasserie des marroniers, vaut à Ange-Toussaint Fédérici, le chef de la bande des bergers braqueurs de Venzolasca, de croupir en cabane depuis 2007. L’ordonnance de renvoi devant la cour d’assises est tombée en plein été, le 13 juillet.
Bref, du beau linge qu’il convient de traiter avec soin. « Ce n’est pas parce qu’ils sont sous les verrous qu’ils y resteront longtemps. Ni qu’ils ne dirigent plus leur business », analyse-t-on au parquet marseillais. « Par exemple, Jacques Mariani est soupçonné d’avoir organisé un vaste racket sur le milieu de la nuit aixoise, alors qu’il est incarcéré. Nivagionni ne va pas passer le reste de sa vie en prison pour l’affaire de la SMS ».
La société méditerranéenne de sécurité et son patron sont en effet soupçonnés d’être l’épicentre d’un vaste réseau d’escroquerie et marchés truqués, en cheville avec la chambre de commerce d’Ajaccio… « Et puis il va falloir surveiller les deuxièmes générations, les jeunes qui montent et qui veulent prendre la succession de leurs pères », pronostique-t-on au Parquet.
Guy Orsoni, le fils du bel Alain, se trouve en cavale. L’héritier de Francis Mariani, Jacques, se trouve déjà en cabane. Et le clan Fédéricci a été mêlé de très près, frère et neveux confondus, à l’affaire du Cercle Concorde, ce cercle de jeux parisien, soupçonné d’avoir servi de blanchisseuse au milieu corso-marseillais.
Juges marseillais et truands corses n’ont pas fini de jouer aux gendarmes et aux voleurs. Seules les figures changent…
À lire ou à relire sur Bakchich.info :
"Ange-Toussaint Fédéricci, le chef de la bande des bergers braqueurs de Venzolasca, de croupir en cabane depuis 2007. L’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel est tombée en plein été, le 13 juillet."
Faux Ange-Toussaint Federici est renvoyé devant la COUR D ASSISE et non pas devant le tribunal correctionnel.
Une petite histoire corse :
Un Corse et un touriste se proménent dans la campagne corse. Le touriste, admiratif devant les paysages, dit en montrant les monts devant eux : "Ca ne doit pas être évident d’y construire des routes sans saccager le paysage. Comment vous faîtes… ?!
Le Corse : "Avec des ânes…"
Le touriste : "Comment çà, avec des ânes… ?!
Le Corse : "Et bien c’est simple, on lâche l’âne dans la montagne et en fait il nous montre le chemin le plus facile à prendre pour aller jusqu’en haut… !
Le touriste : "Et si vous n’avez pas d’âne…"
Le Corse : "Alors, on appelle l’ingénieur qui était juge avant de changer de métier… !"