La cavale de Paul Lantieri, personnage central du dossier du Cercle Concorde, n’a provoqué aucune enquête interne sur des fuites policières. Pourtant avérées et attestées. Et étouffées.
Après quatre ans d’une enquête close le 12 août dernier, l’instruction du Cercle Concorde n’a pas levé tous les mystères autour de l’établissement de jeux parisien, réouvert récemment sous le nom de Cercle Cadet.
Des acteurs majeurs de cette affaire manquent.
Il y a ceux qui sont morts, à l’instar d’Edmond Raffalli, Jacques Butafoghi et Augustin Federicci.
Il y a ceux qui sont en cavale, comme Jean-François Fédérici et surtout Paul Lantiéri, personnage central du dossier et quasi invisible depuis la vague d’arrestations à laquelle il a brillamment échappé en novembre 2007. Aperçu dans le Vaucluse, à Rome et même à Marseille, le grand Paul n’a pas été serré. "On l’avait retrouvé à Marseille grâce à son chien, un schnauzer nain, mais la BRI nous avait dit qu’elle n’avait pas les effectifs pour l’arrêter", peste un policier qui n’en revient toujours pas.
Et les soupçons autour d’une haute protection planent à nouveau.
Déjà l’arrêté d’ouverture du cercle en 2005 et ses renouvellements en 2006 et 2007 par le ministère de l’Intérieur avaient étonné. Souvent désigné par le pseudo de "l’Arménien" sur les écoutes de Paul et son associé François Rouge, le ministre Patrick Devedjian n’a jamais été entendu par les enquêteurs. Ni l’actuel préfet de l’Ain, Stéphane Frattani, au titre de son ancienne fonction place Beauvau de directeur des libertés publiques et qui a signé l’autorisation d’ouverture de l’établissement.
Plus étonnant, la cavale de Paul Lantieri n’a provoqué aucune enquête interne sur d’éventuelles fuites policières. Pourtant avérées et attestées. Et étouffées.
En novembre 2007, Lantiéri a bien été prévenu de l’opération policière. En mars 2007, une perquisition au Cercle fut annulée in extremis parce qu’éventée. Une conversation entre Antoine Lantiéri, le frère de Paul, et un de ses amis corses en attestait.
Plus troublant encore, l’ancien patron de la PJ marseillaise (jusqu’en avril 2007), Gérard Guilpain apparaît dans des écoutes du dossier. En grande conversation avec un ami intime de Paul Lantiéri, Michel Dary, l’ancien trésorier national des Radicaux de gauche. Le 1er avril 2008, Guilpain prévient même Dary que "les amis qui veulent des misères à qui tu sais […] ont été interpellés aujourd’hui […] moi je te le dis puisque je t’en avais parlé".
Et les deux amis d’évoquer une "Fabienne". Or ce 1er avril, Jacques Buttafoghi, ennemi de Lantiéri, a été arrêté. Fabienne n’est autre que la compagne de Paul. Mais Gérard Guilpain ne sera pas auditionné.
Quant à Michel Dary, "qui a beaucoup transpiré" se rappelle-t-on dans les locaux de la financière, son interrogatoire ne dura que quatre heures à l’été 2008. Une entrevue sous tension, entrecoupée de coups de fils hiérarchiques. Après avoir reconnu que la Fabienne qu’ils évoquaient était bien la compagne de Lantiéri, Dary fait marche arrière. Sans être jamais reconvoqué. Ni Christian Lothion successeur de Guilpain et désormais Directeur central de la police judiciaire, ni Roland Gauze actuel boss de la PJ ne jugèrent opportun d’ouvrir une procédure. Ni de chercher des noises à leur prédécesseur et néanmoins confrère.
À l’extérieur c’est le désordre mais à l’intérieur, la Concorde règne.
A lire sur Bakchich.info :
Pendant sa cavale, les affaires continuent
Jean-Baptiste Lantieri a été autorisé par un tribunal d’Ajaccio à gérer les biens de son frère Paul, recherché depuis 2007.
Le 3 septembre dernier, Jean-Pierre Rousseau, juge des tutelles à Ajaccio, a constaté la présomption d’absence de Paul Lantieri depuis fin 2007, et a désigné "pour le représenter et administrer ses biens M. Jean-Baptiste Lantieri", son frère. Ce dernier n’a pas perdu de temps : il a aussitôt racheté 50% des parts de la société suisse Sextius, propriétaire de deux restaurants à Aix-en-Provence, La Rotonde et Les Artistes, Paul Lantieri possédant déjà 50% de Sextius. Cette décision de justice n’aurait rien de surprenant si Paul Lantieri, 47 ans, n’était pas recherché depuis trois ans pour recel, association de malfaiteurs, et surtout pour son implication dans le cercle de jeu Concorde, soupçonné d’avoir servi de lessiveuse au milieu corso-marseillais. Les oreilles de Paul Lantieri ont d’ailleurs dû siffler tout récemment à la cour d’assises des Bouches-du-Rhône. Au début de ce mois, Ange-Toussaint Federici a été condamné à 28 ans de réclusion, reconnu coupable de l’assassinat de trois malfrats au bar des Marronniers, à Marseille, en avril 2006. Dans la fusillade, Ange-Toussaint Federici avait été blessé au genou. Paul Lantieri, propriétaire de boîtes de nuit et de restaurants, s’était alors démené pour le faire admettre dans une clinique sous une fausse identité. "Je ne le vois pas quitter la France"
Mis en examen en janvier 2007, Paul Lantieri est laissé en liberté. Mais la police le surveille étroitement, d’autant qu’il est devenu directeur artistique du cercle de jeu Concorde, inauguré à Paris en novembre 2006 : 1.200 m², rue Cadet, dédiés au poker et à la roulette. Rapidement, plusieurs clans corses se disputent les juteux bénéfices non déclarés au fisc. De quoi faire tendre l’oreille à nombre de magistrats et policiers, de la juridiction interrégionale spécialisée de Marseille à l’Office central de lutte contre le crime organisé. Ce cercle de jeu ne sert-il pas à recycler l’argent sale ? Fin 2007, un vaste coup de filet se referme sur une vingtaine de protagonistes. Parmi eux, Roland Cassone, présenté comme le grand patron du milieu marseillais, et le banquier suisse François Rouge, associé à Paul Lantieri. Mais ce dernier a réussi à prendre la fuite. Et depuis trois ans, « Double Mètre » (il mesure 1,96 mètre) est en cavale.
Le recherche-t-on avec pugnacité ? "Je ne le vois pas quitter la France, Paul ne parle pas de langue étrangère. Et puis c’est une ’trompette’, un beau parleur, mais pas un vrai dur", assure l’un de ses anciens amis. Jean-Baptiste Lantieri a donc racheté pour une bouchée de pain les 50 % de la société Sextius qui appartenait à François Rouge. Dans l’attente du procès prévu au second semestre 2011, le banquier suisse entend montrer qu’il n’entretient plus aucune relation avec un quelconque clan corse. Et il n’y avait pas d’autres acheteurs. Qui ferait encore des affaires avec les Lantieri ?
Cet article, conforte le livre les parrains corses, et prouvent la complicité en plus haut lieu de fonctionnaires de l’Etat cavec la mafia corso italiano africaine !!! je comprends mieux pourquoi Guilpain s’est appliquéà faire du bruit et s’est acharné sur les morts alors qu’il informait un des proches de Lantieri mis actuellement en examen pour abus de confiance !!!!
Eurodéputé français aurait volé son collègue europe • gaspillage argent public • à la une • élus et partis politiques
Michel Dary, député européen et élu du Mouvement des Radicaux de Gauche (MRG) de 1994 à 2004, a été mis en examen le 9 septembre dernier par un juge d’instruction parisien pour recel d’abus de confiance, a révélé RTL, le 14-10-2010.
Il est soupçonné d’avoir participé au détournement des indemnités d’un de ses collègues, le député européen souverainiste Paul-Marie Couteaux. Couteaux a découvert ce qui se passait et a porté plainte. Michel Dary nie les faits. Une information judiciaire est ouverte.
Les eurodéputés, en plus de leurs indemnités, bénéficient d’ une enveloppe de 165 000 euros par an (en 2008) pour payer leurs collaborateurs et subvenir à leurs divers frais. L’ argent est habituellement versé à un tiers, un prestataire de services, qui, à son tour, doit rémunérer les collaborateurs. Le prestataire est le plus souvent un cabinet de comptables ou un parti politique.
France-Soir (15-10-2010) met en lumière le déroulement de l’ affaire :
Sur les conseils de Michel Dary, Paul-Marie Couteaux confie la gestion de cet argent à Execau, une société qui s’occupe déjà de plusieurs autres députés.
” Pendant quelques mois tout se passe bien, les collaborateurs touchent leur salaire régulièrement. Puis les choses se compliquent, la paye arrive de plus en plus tard jusqu’au jour où elle n’arrive plus du tout. Deux mois de suite les assistants de Paul-Marie Coûteaux ne sont même plus payés. ” (…)
” D’interrogations en dépôt de plainte Coûteaux rompt avec Execau mais ses collaborateurs saisissent les prud’hommes et c’est lui qui doit les payer sur ses deniers personnels. ”
” Après enquête, il apparaît que la société Execau est une société écran, uniquement composée de Michel Dary et de Patrick Belotti, un expert-comptable auquel il s’est associé. Dary est le rabatteur et Belotti le gestionnaire.
Ensemble ils auraient détourné 80 % des indemnités destinées aux collaborateurs, soit 108 000 euros.
Avec cet argent, Dary a acheté deux voitures dont une Peugot 607 et a effectué plusieurs retraits en liquide dont le total est de 38 000 €. ”
Selon France Soir, Michel Dary s’ est installé en Suisse, Execau a déposé le bilan et ” Patrick Belotti s’est fait oublier “.
Dans notre article ” Bruxelles : le rapport qui accuse ” pour Le Cri du Contribuable du 08-03-2008, nous mettions en avant une information très largement occultée en France : un rapport du Parlement européen accusait un certain nombre de députés européens de détourner des sommes réservées à leurs frais d’activités. Le rapport n’ a jamais été rendu public.
Jean-Baptiste LEON
"Gérard Guilpain apparaît dans des écoutes du dossier. En grande conversation avec un ami intime de Paul Lantiéri, Michel Dary, l’ancien trésorier national des Radicaux de gauche. Le 1er avril 2008, Guilpain prévient même Dary que "les amis qui veulent des misères à qui tu sais […] ont été interpellés aujourd’hui […] moi je te le dis puisque je t’en avais parlé".
Très intéressant …