Tenu par le milieu corse, le Cercle Concorde avait été fermé par la justice. Mais, depuis avril, les amateurs de poker se pressent de nouveau dans le rebaptisé "Cercle Cadet". Même protection, nouveaux actionnaires et une actualité judiciaire.
Photo à l’entrée, carte d’identité exigée, fabrication express d’un pass de membre. Alors s’ouvrent les portes du havre de jeu le plus sulfureux de la République. Le Cercle Concorde est mort, vive le Cercle Cadet ! Mais attention, les pingouins n’y joueront pas les bandits manchots. Aucune machine à sous dans les 1 600 mètres carrés du lieu. Trois niveaux, moquette épaisse, poker et jeux de cercles. Un bar à chaque étape – 2 euros le pastis, tarif marseillais qui rappelle l’origine de la maison. Asiatiques, bobos, banlieusards, vieux beaux encravatés… le tripot joue la carte de la mixité.
En accord avec l’objet de l’association loi 1901 qui le régit. Extrait : « (…) l’absence de toute discrimination permettant la recherche d’une harmonie totale. » Depuis quelques semaines, le droit d’entrée de 100 euros annuels est offert. L’harmonie totale n’est pas loin. Le marketing, au point. La gestion familiale, bien ancrée. C’est Serge Kasparian qui dirige l’établissement tandis que son fils gère le Rich, le resto attenant.
La famille se sait surveillée. En mai, Serge est invité à s’expliquer auprès des policiers. La commission rogatoire est signée de la main du juge marseillais Charles Duchaine, en charge de l’instruction sur… le Cercle Concorde, le nom du Cadet avant sa fermeture, en novembre 2007, et l’énorme coup de filet dans le milieu corso-marseillais qui s’ensuivit.
Né des cendres du Concorde, le Cadet intrigue. Sur les conditions d’obtention de son autorisation auprès du ministère de l’Intérieur en novembre 2009, sur les 285 000 euros investis pour relancer l’activité en avril dernier, sur ses parrains discrets. Une piste. Les nouveaux proprios palissent au nom de Federici. Et nient mal s’être inquiétés de la mort accidentelle d’Augustin, le fils du chef Ange-Toussaint qui vient d’être condamné à 28 ans de prison dans l’affaire de la tuerie des Marronniers.
« Tintin » était mis en examen dans le dossier du Cercle Concorde, comme une bonne partie du clan. Machines à sous, hold-up, braquo… les Bergers de Venzolasca sont la puissance ascendante du milieu corse. Après la côte et l’arrière-pays aixois, les Federici s’étaient implantés à Paris avec le Cercle Concorde, entre 2006 et 2007, introduits là par Paul Lantieri. Le 12 août, Charles Duchaine a clos son instruction sur le Concorde.
Quant au Cercle Cadet, la commission rogatoire de mai dernier traîne désormais sur un bureau du palais de justice de Marseille. Avant de remonter sur Paris ?
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