Soupçonné d’avoir été une blanchisseuse du milieu corso-marseillais, le Cercle de Jeux Concorde avait de beaux parrains : des anciens de la French Connection, Nick Venturi et Jean-Jé Colonna.
Si les vieux ne parlent plus, ou alors seulement parfois du bout des yeux, ils aiment à l’occasion se retrouver pour palabrer de leurs vieilles histoires ou hauts faits d’armes. Ainsi, des anciens de la « French Connection », cette mythique équipée de trafiquants de drogues corse, qui convoyaient de Marseille vers les Etats-Unis dans les années 70.
Ô hasard, les quelques rescapés de cette mythique bande apparaissent au long de l’instruction sur le Cercle de Jeux Concorde, anciennement sis rue Cadet, et fermé depuis 2007. Narré dans le détail par Bakchich, l’enquête des flics marseillais, qui a mis à jour le fonctionnement particulier du Cercle (soupçonné de servir de blanchisseuses au milieu corso-marseillais), recèle encore de petites pépites.
Un léger soupçon entoure encore la renaissance du Cercle, en 2005. Notamment quant à la manière dont le très mondain Paul Lantiéri, aimablement surnommé « la trompette » par le milieu, s’installe aux rênes de l’établissement.
L’ombre du parrain de la Corse-du-Sud, Jean-Gé Colonna, grand protecteur des Lantiéri et ex de la « French » plane sur l’affaire. Et pas seulement dans l’esprit étriqué de quelques poulets ou magistrats. Juste après sa mort le 1er novembre 2006, Edmond Raffali, l’un des associés du cercle en bisbille avec Lantiéri, n’hésitait pas à lancer goguenard « s’il a un problème, il n’a qu’à demander à Jean Gé de le régler »… De simples écoutes, dira-t-on, mais le nom de Colonna y revenait souvent.
Pilier de la French pour les autorités américaines, Nick Venturi, jamais inquiété pour trafic de stups en France, a lui fait un peu plus pour Paul Lantiéri. Non seulement a-t-il présenté le grand (1m96) Paul, à Roland Cassone, rescapé des guerres du milieu marseillais dans les années 90, mais Venturi a également mis la main à la poche. 487 848,03 euros exactement, viré depuis la Deutsche Bank de Monaco en 2000 vers la société Sextius, matrice des affaires de Paul à Paris (Cercle Concorde, Brasserie le Rich) et à Aix-en-Provence (Brasserie La Rotonde). Comme un petit pécule pour se lancer.
Mais les vieux ne parlent plus. Jean-Gé est mort le 1er novembre 2006, Nick Venturi le 6 avril 2008. Une façon comme une autre d’échapper à une mise en examen. Paul Lantiéri, lui, a préféré la cavale. Une façon de porter le deuil…
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