Et si les 40 parties civiles et autant de noms sur les listings falsifiés n’avaient pas été victimes de l’horrible manipulation. Bakchich refait l’histoire et dédramatise un peu la croquignolesque affaire Clearstream.
Les faux scoops et les vraies manips s’étalent sur quatre colonnes à la Une tandis que les prévenus protestent de leur bonne foi, la main sur le cœur, devant les caméras de télévision : le procès Clearstream commence comme prévu dans une ambiance de Grand Guignol. Et pourtant ! L’affaire est grave, voire gravissime. Rares sont, en effet, les affaires judiciaires réunissant autant de parties civiles. Il y en a quarante dans la petite salle d’audience de la 1ère chambre correctionnelle du TGI de Paris ! Quarante victimes éplorées, atteintes au plus profond de leur être par la machination des faux listings. Et personne n’en parle ou presque !
Jusqu’ici, seule la douleur de Sarko, dont les patronymes familiaux se sont retrouvés accolés à de faux comptes bancaires en Italie, a été reconnue par les médias. Il n’est pourtant pas à plaindre. Même victime de l’odieuse machination, Nicolas Sarkozy a réussi à se hisser au sommet, à l’Elysée. Il s’en est même servi pour écarter son rival Villepin. La manip Clearstream ne l’a donc aucunement handicapé alors que l’ascension de ses compagnons d’infortune a été stoppée net par l’infamie des faux listings. Eux sont réellement fondés à réclamer réparation.
Prenez Dominique Baudis par exemple. Si son nom n’avait pas figuré sur les fausses listes bancaires, peut-être serait-il aujourd’hui bien payé en tant que patron de France Télévisions au lieu d’être contraint de gonfler ses notes de frais pour améliorer son maigre traitement à la tête de l’Institut du monde Arabe. Injustement dénoncé, Edwy Plenel aurait sans doute racheté Le Monde au lieu de s’échiner à trouver un modèle économique viable sur le net. La maison de l’éditrice Odile Jacob aurait, elle, sûrement été récompensée d’un Prix Goncourt et ne serait pas forcée de publier les pensums de Xavier Darcos ou de Christian Blanc pour survivre. Quant à Dominique Ambiel, il aurait pu guigner n’importe quel maroquin gouvernemental, celui de l’Immigration par exemple, histoire de mieux combattre l’entrée clandestine des jeunes prostituées roumaines sur le territoire national en général et les Maréchaux parisiens en particulier. De même s’il n’avait pas été associé à l’ignominie du soupçon, Sarko aurait peut-être promu son conseiller Pierre Charon à la tête des services secrets au lieu de le nommer coach de Carla et premier artilleur anti-Rachida.
On comprend que toutes ces victimes crient aujourd’hui vengeance sur les bancs des parties civiles où elles côtoient le gratin de la politique, hier promis à un riant avenir mais aujourd’hui au destin irrémédiablement brisé.
Si son honneur n’avait pas été sali par les falsificateurs de Clearstream, Laurent Fabius brillerait à Solferino en tant qu’il serait Premier secrétaire du Parti Socialiste et DSK serait au moins Premier Ministre. Charles Pasqua somnolerait dans son fauteuil de président du Sénat au lieu de courir les tribunaux et son ami Jean-Charles Marchiani n’aurait jamais été injustement condamné et conduit dans les cachots VIP de la Santé. Alain Madelin serait, lui, ministre de l’Economie à vie et le pauvre Brice Hortefeux, qui aurait gardé toute sa tête, ne s’abîmerait pas dans les cocktails UMP en proférant quelques plaisanteries bêtement racistes.
Bref, Clearstream n’est pas un banal scandale politico-judiciaire. C’est une véritable tragédie.
Lire ou relire dans Bakchich :
On voudrait savoir si OUI ou NON la banque (ou chambre de compensation) CLEARSTREAM a blanchi de l’argent, c’est là tout le fond du sujet, non ?
Les faux listings, s’ils sont faux, ne représente pas d’intérêt dans ce qu’ils ont de faux mais pour ce qu’il y a de vrai.
Allez-y, investiguez et éclairez-nous sur le "trou noir" de la finance mondiale !!!
Merci amis journalistes :-)
Moi aussi j’ai regardé toute la soirée sur France2, très bonne soirée comme seul le service public peut en donner , j’espère que ça continuera encore longtemps même si j’ai de sérieux doutes, j’espère me tromper !
Un petit énervé qui ne cesse de piquer des colères contre ceux qui le servent sans se poser trop de questions, qui les traite de tous les noms même en public… Tiens ça me rappelle quelque chose ou plutôt quelqu’un .. LOL
Bonjour,
Bravo à l’auteur pour cet article au ton ironique et badin, fort amusant et vrai aussi.
Parmi les oubliés du procès, il y a aussi cette banque de compensation luxembourgeoise célèbre comme un courant clair et les sociétés Heine et Eurolux basées elle aussi au Luxembourg, terre d’intégrité financière et de vertu morale où personne n’a jamais rien fait d’illégal, voire de délictueux.
Et derrière ces jolies sociétés en forme de coquilles vides, on croit apercevoir la silhouette du bon Edouard B, qui a pu faire une jolie campagne électorale en candidat dissident opposé à la machine électorale du RPR de l’époque, avec ses propres fonds, bien sûr !
Cela aussi, c’est oublié. Heureusement, avec ce procès, Nicolas S se rappelle au bon souvenir de l’ami Edouard B !
Pardon, je reprends : Nicolas S rappelle à tous que Edouard B fit sa campagne présidentielle avec peu de moyens ( nullement venus du Luxembourg, bien sûr !) et avec modestie.
Oublis et souvenirs, un titre de film est né….
Bien cordialement à l’auteur qui a une belle plume,
De nombreuses victimes vont être d’autant plus oubliées que Villepin a dirigé le procès Clearstream en un duel entre lui et Sarkozy. Avec son attaque contre le président de la République, Villepin fait de ce procès une affaire d’Etat, un combat politique. De fait, la presse va se focaliser sur ce duel (à une autre époque, il y aurait déjà eu confrontation aux pistolets… !) et occulter les autres victimes mais aussi qu’au départ, il y a bien un listing avec des personnes qui blanchissent de l’argent sale et ce n’est qu’ensuite que des nouveaux noms auraient été rajoutés…
Dans cette fable, les juges vont tenter de découvrir le corbeau en sachant que le renard repartira avec le fromage… !