Le 2 septembre doivent être proclamés les résultats de la présidentielle gabonaise. Jamais un scrutin n’aura été aussi serré. Mais à la fin des élections, au Gabon, on tire toujours le Bongo…
Y a de la rupture dans l’air au Gabon. Et c’est un spécialiste qui le dit dans Le Parisien du 1er septembre. Alain Joyandet, secrétaire d’Etat à la Coopération initié aux mystères africains par Robert Bourgi, vétéran de la Françafrique et insatiable missi dominici entre les palais africains et l’Elysée. Le nouveau président gabonais « devra exercer un mandat de rupture ». De l’humour sans doute de la part d’un ministre du président de la rupture, Nicolas Sarkozy…
Mais à croire que les Gabonais ont ces derniers temps perdu leur sens de la dérision. Trop de changements en si peu de temps !
Habitués 41 ans durant à se lever sous la présidence d’Omar Bongo, ils ont dû composer avec son absence depuis le 11 juin dernier. Tout comme la France, dont le « mollah Omar » savait si bien garder les secrets.
Et ont craint comme elle, le scrutin présidentiel du 30 août. Une élection à tout point étonnant pour un pays d’1,5 million d’habitants. 800 000 électeurs, 23 candidats déclarés dont six qui se désistent durant le week-end électoral. Pour finalement se réveiller mardi 1er septembre au matin avec pas moins de 3 présidents auto-proclamés élus, et toujours une présidente intérimaire.
Un record de chefs d’Etats dont peu se réjouissent. De Libreville à Franceville en passant par Port-Gentil, ressurgit un lointain souvenir. 1993, annus horribilis et traumatisme latent pour tout le pays. A ce seul moment, le Bongoland a vacillé et tutoyé la guerre civile. Les ingrédients ? Une élection présidentielle contestée et deux hommes qui revendiquent la victoire. A l’époque Paul Mba Abessole et Omar Bongo. Seuls les accords de Paris en 1994 et la malice de feu Bongo avaient évité au pays de se déchirer. Avec, bien entendu, le concours de l’armée et de la France pour maintenir l’ami Omar au pouvoir.
16 ans après, la recette se révèle encore plus pimentée. André Mba Obame, ami de 20 ans d’Ali Bongo et ex-ministre de l’Intérieur, et Pierre Mamboundou, opposant historique, revendiquent le trône suprême.
Ali Bongo, fils de son père, également. En s’appuyant sur la machinerie du PDG, l’ancien parti unique. Mais « sans avoir le savoir-faire politique de son père, ni même de sa soeur Pascaline », regrette une vieille barbouze des palais africains, assez pessimiste sur l’issue du vote, dont les résultats doivent être annoncés le 2 septembre au soir.
Le son de cloche diffère à peine dans le premier cercle de André Mba Obame (AMO). « Ali va passer en force », soupire l’un de ses proches à l’oreille de Bakchich. « Les résultats qu’il a obtenus dans certaines régions comme le Haut Ogooué sont tout bonnement impossibles. Il aurait eu 52 000 voix sur 57 000 votants ».
Des connaisseurs. Ancien ministre de l’Intérieur, AMO connaît parfaitement la machinerie électorale et ses ratés très calibrés…
Seul le clan Bongo reste de marbre face à la situation. « Ali fait autour de 51 à 53 % dans l’ensemble du pays. Sa victoire n’est pas contestable, prédit un proche de l’héritier désigné du clan. Mais bien entendu les opposants vont envoyer leurs faux-chiffres en France pour faire du bruit ».
Heureusement, au Gabon, l’armée veille. Déjà soigneusement déployée dans Libreville. Et nettoyée de ses mauvaises têtes en novembre dernier par l’alors ministre de la Défense, Ali Bongo.
« Il a eu 72h pour rectifier le tir, il met en place le tout sécuritaire, décrit une barbouze de la place. Les mois qui vont suivre seront agités socialement… »
Une jolie rupture pour un pays stable depuis les indépendances…
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Outre que le concept de « Françafrique » soit un concept mort, comme Pierre Péan s’évertue à le dire, il va sortir un livre là-dessus, je déplore que les vertus de cette symbiose échue ne soient pas rappelées, d’autant que ses effets bénéfiques se perpétuent encore pour certains.
Par exemple on observera que la nébuleuse Béhachelle, dont Péan est la bête noire, semble totalement ignorer que la bonne fortune (Un copieux héritage) de son mentor procède du jadis commerce du bois en Afrique (Seul Guy Carlier l’ayant un jour précisé), aussi il est cocasse nous bombarder de « Françafrique-Françafrique » sans demander à d’aucun de sacrifier d’un peu de son train de vie pour compenser les pillages passés, et plutôt qu’à jouer aux Savonarole d’une morale poseuse et à géométrie variable.
Marrant, ça, on catégorise ces coupables pratiques, et ses vilains profiteurs, dans une nébuleuse narrative suintant d’opprobre mais dont on extrait certains noms, mais pas d’autres. Comme c’est bizarre, hein ?. Foccart (1913-1997) est mort sans enfants, mais pas André Lévy (1920-1995). Et je me demande qui était le plus riche des deux au bout du compte !