Mardi, le nouveau sous-ministre de la Coopération et de la Francophonie doit se rendre dans les Alpes-Maritimes à l’occasion du 61e festival de Cannes. « Bakchich » s’interroge. Le bon Joyandet serait-il victime de ses propres ambitions ?
Le tout frais Secrétaire d’État chargé de la Coopération et de la Francophonie, Alain Joyandet, n’est pas là que pour prêter allégeance aux pontes de la Françafrique. Installé là en remplacement de Jean-Marie Bockel – jugé un peu trop offensif contre les grands démocrates et fin gestionnaires des ressources de leurs pays que sont le président Bongo du Gabon ou Sassou du Congo Brazzaville –, Joyandet a certes inauguré ses nouvelles fonctions par une visite à Libreville. « Pour évacuer tous les malentendus », glisse-t-on dans les coulisses du Palais du Bord de mer, siège de la présidence gabonaise. Mais le bonhomme souhaite aussi œuvrer à de grands desseins, et notamment la défense de la Francophonie.
Et à ce titre, le sous-ministre s’est retrouvé à prononcer le discours d’ouverture d’une toute mignonne conférence sur l’avenir de la Francophonie, le 6 mai dernier, coorganisée par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Bref du beau linge tout prêt à phosphorer sur notre belle langue. Et Joyandet, a dégainé une saine ambition, la création d’un grand portail numérique francophone : « le numérique doit constituer la force de frappe de la Francophonie », en butte à l’hégémonie anglophone. Combattif, belliqueux et volontariste, le Secrétaire d’État ne serait-il pas la première victime collatérale de sa bataille personnelle contre l’hégémonie verbale de la perfide Albion ?
Le matin même de sa nomination au gouvernement, le futur Secrétaire d’État a livré sur son blog-notes (www.joyandet.fr), les fruits de sa réflexion. L’article publié le 18 mars 2008 et intitulé « l’indispensable maîtrise des langues étrangères » ressemble à un joli impair. Adepte de la rupture, tel son président, Alain Joyandet aura consacré la matinée de sa nomination (non pas à une retraite sur l’Île de Malte permettant d’investir la fonction) à argumenter sur l’impérieuse nécessité de parler l’anglais et « demain le chinois et l’Arabe ». Satané souci de tempo… et d’orthographe (dont Bakchich est éminemment solidaire).
Perfide, l’Internet est principalement une gigantesque base mémorielle d’écrits. C’est ainsi que la brillante expression de notre Secrétaire d’État se trouvera à jamais stockée dans les méandres du réseau mondial, avec ses coquilles. Le nouveau héraut francophone aura oublié un accent circonflexe dans le titre de son billet, « l’indispensable maîtrise des langues étrangères ». Péché véniel vite réparé… Une bonne âme aura signifié au nouveau porteur de la voix de la Francophonie qu’une légère boulette était présente dans le titre.
Il eut été tout aussi charitable de conseiller à Monsieur Joyandet d’aller jusqu’au bout de sa démarche et de vérifier l’ensemble de son texte, jalonné de menues fautes d’accord. Dont un superbe « on peut par exemple imaginer que ceux-ci fasse » ; et non « fassent ». Pas encore un péché mortel… mais une faute de goût certaine. Et comme une petite crainte, pour le bon Joyandet. Et s’il ne possédait pas le minimum nécessaire et vital pour la survie dans le monde cruel de l’Internet, pour investir dans un portail numérique ?
L’orthographe de M. Joyandet peut être acceptée en ce qui concerne le mot "maitrise".
Selon le rapport du Conseil supérieur de la langue française publié au JO du 6 décembre 1990, il n’est plus obligatoire de placer un accent circonflexe sur i ou u.
Ce rapport a reçu la caution de l’Académie Française.
Pardon pour les fautes d’orthographe que j’aurai pu commettre.