Dans de nombreuses publications fort honorables, de gauche comme de droite,on a assisté, la semaine dernière, à une véritable campagne de dénigrement contre le juge Philippe Courroye, qui a instruit le fameux dossier de l’Angolagate, jugé à partir d’aujourd’hui lundi au Tribunal de Paris. Du Point au Nouvel Observateur, pas un mot pour dénoncer ce scandale d’Etat. Où l’on voit un ministre de l’Intérieur et ministre d’Etat, Charles Pasqua organiser en douce, depuis Paris, un vaste trafic d’armes, pour un montant de quatre milliards de dollars. Sur fond de commissions, passe-droits, cadeaux et autres gâteries offertes aux amis. Et cela, sans une pensée pour un peuple angolais victime des comportements prédateurs de ses dirigeants !
. Peu importe à ces belles âmes journalistiques que la ligne diplomatique du gouvernement Balladur à l’époque, fut de suspendre toute exportation d’armes vers un pays, l’Angola, en proie à la guerre civile. Cette « diplomatie parallèle », comme l’a qualifié devant le juge Alain Juppé, ne choque pas cette presse là. Pas plus que ne la heurtent ces petits arrangements entre amis décrits dans l’acte de renvoi, où l’on découvre, entre truculence et magouilles, le formidable réseau d’influences qu’avait organisé Charles Pasqua au coeur de l’Etat. Aux yeux de nos plumitifs, le seul vrai coupable dans cette affaire, serait le juge Courroye. Coupable d’avoir enquêté, pendant de longues années, protégé par deux gardes du corps. Coupable de s’en être pris à des personnalités de gauche comme de droite, avec qui la presse entretient des relations incestueuses. Coupable d’avoir remonté les commissions que s’offraient les proches du Président Dos Santos et les protégés de Pasqua dans cette vaste affaire de trafic d’influence. Et naturellement, les mêmes qui traînent Philippe Courroye dans la boue pleurent des larmes de crocodile sur cette justice financière qui, aujourd’hui, sombre dans une totale impuissance.
Que le juge Courroye ait eu parfois la main leste pour mettre des prévenus en détention préventive, cela est certain. Qu’il se soit servi de tètes d’aiguille juridiques, dont le « courtage » en trafic d’armes, réglementé par une ordonnance de 1939, pour asseoir l’ensemble de la procédure, cela n’est guère contestable. Qu’il ait pu même jouer de certains soutiens politiques et judiciaires pour avoir les mains libres dans le délicat travail qu’il menait, c’est possible. Lorsqu’on s’attaque à Môssieu Charles, au président Dos Santos, et à une myriade de célébrités, défendues par les plus grands avocats de la place, il ne faut être ni naïf, ni sentimental. Une certitude, le juge Courroye, devenu depuis Procureur à Nanterre, n’est ni l’un, ni l’autre.
Pourquoi prendre fait et cause pour les figures les moins recommandables de la Françafrique ? Pourquoi publier dans le Point trois pages de publi-reportage sur Pierre Falcone, l’artisan de l’Angolagate qui serait devenu le « pivot » de la nouvelle « Chinafrique » ? Autant de signes supplémentaires de l’abaissement de la presse devant les puissants de ce monde.
Messieurs,
Veuillez laisser Pierre FALCONE tranquille, il a fait son travail. Les personnes à juger & à condannner sont les politiques et leurs sbirs. Les affairistes qui ont profités des largesses de PIERRE FALCONE ces voyous en cols blancs doivent payer à droite comme à gauche !
Jean-François CLARISSE