La FIFA est repartie d’Afrique du Sud les poches pleines après la Coupe du monde 2010, en laissant le pays en friche. Et c’est reparti pour dans quatre ans.
À écouter la FIFA et ses laudateurs, l’édition 2010 de la Coupe du Monde de football aura été un succès total : une criminalité insignifiante, des stades superbes, une remarquable organisation et un accueil chaleureux de la part du peuple sud-africain. Sur la pelouse, un vainqueur espagnol digne héritier du jogo bonito à la brésilienne, ayant pris le dessus sur des Bataves aussi violents que mal inspirés qui auraient mérité un stage disciplinaire à Robben Island au lieu d’un retour semi-triomphal aux Pays Bas…
À y regarder d’un peu plus près, le bilan est plus mitigé : Sepp Blatter et ses acolytes ont effectivement raflé près de 3,3 milliards de dollars de revenus en un mois avant de remettre fissa le cap sur Zurich. Les modestes Sud-africains eux, mettront des dizaines d’années pour amortir le coût de la fête. Et puis comment justifier La prise de contrôle abusive par la FIFA de l’environnement Sud Af’, y compris des marques, des symboles et de la signalétique visibles dans les lieux publics, dans un périmètre de 2 kilomètres autour des stades ?
Le Comité Local d’Organisation (LOC) sera sans doute dissous sans avoir à répondre aux questions qui dérangent sur les raisons de ses choix et sur l’audit de ses comptes. D’ailleurs, l’un de ses 23 membres vient d’être assassiné alors qu’il s’apprêtait à témoigner de graves anomalies découvertes dans son fonctionnement…
En particulier au sujet des décisions prises quant aux infrastructures de transport. Pour établir son cahier des charges, la FIFA n’emploie évidemment aucun urbaniste dont elle se tape comme de sa première Coupe du monde. Le LOC ne tenant aucune réunion publique, les populations ont donc été purement et simplement mises devant le fait accompli. A Johannesburg, la construction du BRT (Bus Rapid Transit) reliant les zones touristiques au stade ont eu deux effets pervers aujourd’hui admis par tous : il a d’abord mis au chômage les milliers de transporteurs privés artisanaux ; pire, il sera pratiquement inexploité dans le futur et ne constitue rétrospectivement qu’une ponction sévère sur les finances publiques dans l’unique dessein de relier les hôtels 5 étoiles et le Ellis Park Coca Cola Park Stadium, construction dont l’utilité commence elle aussi à être remise en question.
La simple maintenance du Soccer City Stadium est estimée à 18 millions de Rands (2 millions d’euros) annuellement alors qu’en 2009, la fréquentation moyenne des stades de football en Afrique du Sud a été de 8 000 personnes par match !
Dans quatre ans au Brésil, il faut hélas s’attendre à bien pire. Le Comité brésilien d’organisation n’a que six membres soudés comme une moule sur son bouchot. Pour la première fois dans l’histoire de la Coupe du Monde, c’est le président de la Fédération, le facétieux et inusable Ricardo Teixeira, ex-gendre de Joao Havelange par ailleurs membre éminent du Comité Exécutif de la FIFA, qui le dirigera. On n’ose même plus évoquer un possible conflit d’intérêt ! S’agissant de Teixeira, deux mots viennent immédiatement à l’esprit : corruption à grande échelle et intouchable.
En septembre 2000 déjà, une commission d’enquête parlementaire composée de 25 députés a passé au peigne fin pendant plus de neuf mois, les pratiques sulfureuses de la Fédération brésilienne. En 800 pages, son rapport préconisait des poursuites judiciaires contre 33 personnes. C’est Teixeira qui a décroché le pompon avec 12 cas de corruption présumée. 21 des 27 présidents des fédérations d’états auraient également dû être renvoyés devant les tribunaux. Le rapport qui concluait que la Fédération brésilienne était « un forum pour les escrocs où règnent la désorganisation, l’anarchie, l’incompétence et l’hypocrisie » n’a jamais été transmis à la Justice.
De son côté, une commission sénatoriale d’enquête a mené à la même époque ses propres travaux pendant 14 mois. Elle a produit un rapport de 1 600 pages qui recommandait que des actions judiciaires soient engagées contre 17 personnalités du football brésilien, à commencer par Teixeira duquel sont consacrées 536 pages du rapport (Senado Federal – Relatorio Final de Comissao Parlamentar de Inquerito criada por meis do requerimento n° 497 de 2000SF « destinada a investigar fatos envolvendo as associaçoès brasileiras de futebol » – Brasilia 2001 – Volume III) et qui s’était rendu coupable de 13 délits caractérisés. L’homme, qui venait d’être condamné à six ans de prison pour fraude fiscale quelques jours avant la parution du rapport sénatorial, est miraculeusement passé entre les gouttes…
Et c’est ce même Teixeira qui, à la tête du LOC brésilien, a estimé, il y a un an, le coût total des onze stades à 4,411 milliards de reais brésiliens (1,9 milliard d’euros) ! En progression de 31,6% par rapport à l’estimation émise un an plus tôt sans qu’aucun chantier significatif n’ait été ouvert dans l’intervalle si ce ne sont les premiers timides coups de bulldozers des démolitions des stades de Cuiaba et de Manaus !
Dans ces conditions, on comprend la nervosité inhabituelle qui semble gagner depuis début juin (cf. Bakchich info du 8 juin 2010 « Le Brésil prend un carton rouge ») Jérôme Walcke, le Secrétaire Général de la FIFA qui se voit peut être déjà calife à la place du calife et qui connaît bien sûr son Teixeira par cœur…
Et le carnet de bord de nos envoyés spéciaux en Afrique du Sud :
ça reste elle problème majeur de se genre de manifestation quand la fête est finis les infrastructures sont bien souvent en poids financier pour les pays qui les reçoivent, il serait plutôt logique que ceux qui organise comme la FIFA continue de paye l’entretien de ces infrastructures pendants 10 ou 20 ans.