Carnet de bord des envoyés spéciaux de Bakchich au Mondial sud-africain. Episode cinq : Le Cap vibre aux France-Mexique, Angleterre-Algérie, et la Fifa est partout.
La Coupe du Monde s’installe. Et la Fifa déroule ville par ville son joug. Relativement discrète et cantonnée aux quartiers chic à Jobourg. Franchement hégémonique à Cape Town. Une gestion au cas par Cap ?
Sortie de l’aéroport international du bout du monde. Grand soleil, ciel azur. 1700 mètres de perdus, dix degrés de gagné. Une arrivée en fanfare saluée par un portrait géant, de Cristiano Ronaldo, star portugaise en manque de but, joueur le plus cher du monde amorti par la pub. En l’occurrence, une réclame pour Sony et son football en 3D.
Pendant ce temps, l’Argentine fait tanguer la Corée. 2-0 au bout de 30 minutes de jeu. Mais le pays du matin calme ne veut s’assoupir. UN but avant la mi-temps. Un signal de résistance. A l’instar de nos cartes bleues qui résistent aux oukases de Budget, le loueur de voitures. Visa, partenaire officiel de la Fifa, joue contre nous. Comme la Corée, nos CB cèdent (4-1). Une voiture de gagnée et un regard compatissant du préposé à nous filer les clés. "Vous êtes supporter de la France ?" "Nous sommes Français". Regard bas…"Pourquoi Zidane ne joue plus". Sans doute qu’il préfère s’afficher en publicité.
Colonisé par les Hollandais, puis les Anglais, Le Cap s’est trouvé un nouveau maître pour un mois. La Fifa. Visible dès le comptoir des agences de location, un plan des rues bloqués afin que circulent mieux les hautes sphères du ballon rond. Arrivé dans le centre ville, plus aucun doute. Le Fan fest, sorte de village installé par la fédération internationale, s’est posé devant l’hôtel de ville.
Longmarket street barré, Darling street bouché. Pour accueillir un écran géant, et un public filtré par la sécurité. Ni boisson, ni nourriture qui ne soit pas frappé du logo officiel ne peut y pénétrer. Jusqu’aux flics dont les voitures arborent le sceau de la Fédé, qui a installé ses quartier sur la place de Gran Parade, devant l’hôtel de ville.
Là où les Bataves imposèrent leur loi. Là où les Anglais ont posé leur joug. Là où Mandela servit aussi son premier discours d’homme libéré.
Du ballon jusqu’à l’indigestion. Grèce-Nigeria. Des erreurs d’inattention. Carton rouge et expulsion pour l’Afrique. Notre bagnole emprunte à contre sens Long Street, devant une armada de flics. "Monsieur, vous ne pouvez passer par là". Compassion encore pour le pauvre hère footeux qu’est devenu le français. Sans doute. Aucune prune. Dix minutes plus tard, le Nigeria sombre. 2-1 pour la Grèce. Des flics stoppent notre voiture, à la lisière du centre-ville et du bord de mer (Waterfront). Contrôle des papiers et circulez.
Une erreur de casting dans le choix du criminel à appréhender ? Pas vraiment. Le spectacle d’un France-Mexique suffit à vouloir enfermer n’importe quel tricolore. Inodore, insipide. Sans âme. 2-0. Un crash. Qui n’entame que l’enjoliveur de notre voiture. Sous les hourras des bars sud-africains qui saluent la défaite du Coq. Au moins un qui chantera moins. Reste la vuvuzela.
Et le vrai match qui a commencé à agiter le Cap. Angleterre-Algérie. Aux perfides d’Albion les pubs de Bokkap, Long street et Loof street. Pression monte, les pintes descendent. Aux cousins Algériens la rue, les défilés sous l’oeil nocture d’habitant médusés par leur entrain, et leur admiration pour les intances internationales. "One two, three, Fifa l’Algérie". Ou alors on a rien compris…
Au jour du match, les croisés anglais ont envahi la citadelle de Waterfront. Pubs et fish and chips compris. Fuck ? Non phoque qui se prélassent devant les passants.
Un écran géant libre d’accès et des Algériens qui s’enflamment d’être là. Soleil, chaleur et mer. Un air de casbah plane sur la ville du bout du monde. Les adversaires du soir observent d’un oeil distrait allemandes et serbes qui se baladent. Plus digeste qu’un Allemagne-Serbie vite plié (1-0 pour les hommes de Belgrade).
Le Slovénie-Etats-Unis qui suit ne manque pas de spectacle (2-2-. Mais difficile de s’enflammer à l’heure du tea. Le temps est même venu de se diriger vers le Stade. Sortez drapeaux, résonnez trompettes. Le terrain ne chavire pas sous ce nouveau 0-0. Tant pis, tribunes, ruelles et comptoir ont savouré la fête. Angleterre-Algérie. Des Anglo-saxons qui débarquent dans un climat de méditerranée. Au moment de franchir un Cap, l’histoire a bégayé… Cape Town never come down !