Carnet de bord des envoyés spéciaux de Bakchich au Mondial sud-africain. Episode deux : visitons des Malls sans âme et constatons que la Fifa régente jusqu’au moindre détail de l’événement.
Ni l’accueil, ni les sourires des agents de sécurité, ni même les doux visages rencontrés n’altèrent la prenante réalité. Johannesburg, 1700 m d’altitude, a plongé dans l’hiver. Vent glaçant, soleil rare, rues plus que clairsemées. Et une Coupe du Monde visible par instant, au croisement des avenues. Par la grâce de vendeurs à la sauvette, toute vuvuzela dehors, drapeaux en bandoulière et bonnets vissés sur la tête. Par les bouchons aux abords des stades. par ses rues bloquées pour faire place aux bus et officiels de la Fifa.
Notre hôte congolaise avait prévenu. "Le pire de Johannesburg, c’est Sandton". Banlieue huppée, résidences chic, et "Malls" imposants. De gigantesques centre commerciaux où, à l’instar de leurs cousines américaines, australiennes ou néo-zélandaises, s’agglutinent les hautes classes et classes moyennes sud-africaines. Pas vraiment d’âme, une étrange impression d’enfermement. Des gardiens plantés à chaque entrée. Et nulle habitation sans un avertissement. "Armed response". Au cas où des malandrins souhaiteraient jouer au plus malin… Une prison dorée dans laquelle s’épanouit le grand ordonnateur de la Coupe du Monde, sa seigneurie la Fifa. Quand Blatter part à la cueillette au pognon, il revient plein de Sepp.
Sandton, quartier le plus riche d’Afrique, dans la ville la plus opulente, au sein de la province du Gauteng qui pèse à elle seule 10% du PIB de tout le continent.
Même la statue de Mandela, au cœur de la cité dorée a dû s’incliner… masquée par Sony, partenaire officiel de la fédération, qui s’en est allé planté son dôme chargé de faire découvrir le football en 3D aux fans. Maigre succès. "You can see Shakira in 3D" essaie de vendre l’hôtesse. Guère plus d’intérêt… Les gens sont là pour déambuler et boutiquer.
La horde brésilienne croisée a du mal à s’enflammer, quelques heures avant l’entrée de la sélection auriverde dans la compétition, pour affronter l’énigmatique Corée du Nord. Aussi lassantes que des ronflements de vuvuzelas, les allées du Michelangelo Mall ne s’embraseront pas pour la Coupe du Monde. Non loin, le centre de conférence, siège de la Fifa…Un monstre froid qui s’épanouit ici et là, un peu plus loin dans l’opulence, au Montepasino. Un casino géant, où est installé l’un des multiples écrans officiels.
Pour l’atteindre, un bracelet, un ticket et, encore, des cerbères à l’entrée. Tout cela pour mater, encore, un match nul et vierge de la Coupe du Monde. Ivoiriens méritants contre Portugais renfermés. 0-0. Entrecoupé d’un soupçon de déhanchement. Trois blanches, deux blondes, une noire. Légère accélération du flux sanguin sur une scène Fifa, au son de l’hymne officiel décidé par l’instance suisse…
Nulle émotion ne doit échapper à la glorieuse bienveillance de l’apôtre du "for the good of game". Prises hors jeu, lundi 14 juin pendant Pays-Bas/ Danemark, les minijupes sexy de 36 Néerlandaises n’ont pas fait un pli. Exfiltrées du stade et cantonnées dans les locaux de la Fifa, à Jobourg. Les mégères auraient fait de la publicité déguisée pour une marque hollandaise de bière… Péché mortel selon l’évangile de la Fifa. Aucune marque n’était pourtant affichée sur la robe sacrilège, portée entre autres par l’épouse de Rafael Van der Vaart, star des Oranje. Le crime est sans doute dans l’oeil de celui qui voit. En une du Star, quotidien de Johannesburg qui a relaté l’esclandre, la marque de bière a bel et bien été citée. La Fifa aura du mal à cacher toutes les fesses qu’elle ne sponsorise pas.
Et un dossier spécial Afrique du Sud à lire dans Bakchich Hebdo :