Un employé de la société de gestion des billets du Mondial a transmis des listings d’acheteurs auprès de revendeurs au marché noir. Histoire que tout le monde se fasse une petite marge au passage.
Le 15 août 2010 est tombée une nouvelle qui a un peu gâché le magnifique bilan de la Coupe du Monde 2010 de la FIFA : l’un des employés de Match Hospitality, la société filiale de Byrom PLC à laquelle Sepp Blatter a concédé la gestion de sa billetterie dans des conditions discutables évoquées par Bakchich, a monté son propre petit business en 2009.
Pour un prix variant entre 1 euro et 2,5 euros par contact, il a fourgué entre avril 2009 et mars 2010 à des fournisseurs du marché noir, une liste de 350 000 acquéreurs de billets pour les matches de la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud. Sur le total, près de 250 000 enregistrements comportaient des informations personnelles du genre, numéro de passeport de l’acheteur, moyen de paiement utilisé, matches concernés, numéro de siège dans le stade etc…
La fuite porterait sur les identités de 48 781 Suédois et quelques Norvégiens, 35 689 Britanniques, 19 702 Américains, 37 723 Suisses, 41 385 Portugais qui devaient furieusement croire dans les chances de leur équipe nationale et les éclairs de génie de Christiano Ronaldo, 30 664 Polonais, 36 290 Néerlandais, 651 Allemands, 35 228 Italiens, 32 411 Français-unis-derrière-les-Bleus, 26 468 Espagnols et 32 716 Croates.
Le scandale a éclaté en Suède lorsque l’ex-Premier ministre Ingvar Carlsson et l’ex-ministre de l’Intégration Jens Orbäck ont appris la nouvelle les concernant par des voies diplomatiques.
Le but du jeu consistait à permettre aux revendeurs clandestins disposant de la liste, de prendre contact avec les propriétaires de billets afin de tenter de leur racheter avec une plus-value variable, et de les revendre ensuite beaucoup plus cher, en fonction de la demande du marché noir. Au tarif habituel, le petit malin s’est octroyé une prime exceptionnelle de l’ordre d’un demi million d’euros.
L’information, qui fait grand bruit en Europe du Nord, a amené le président de la Banque Nationale de Norvège Svein Gjedrem, la championne de ski Anja Pärson ou encore Lars Lagerbäck, l’entraîneur de l’équipe suédoise lors de la Coupe du Monde 2006, à confirmer que les informations personnelles les concernant avaient effectivement été vendues par le préposé de Match Hospitality.
Interrogé, Jaime Byron, le Président du groupe Byrom PLC qui a obtenu la concession de la FIFA dans des conditions d’opacité timidement critiquées par la presse sportive, s’est contenté d’affirmer qu’il n’était au courant de rien, ce que confirme le site du groupe (www.byrom.plc) qui ne fait nullement état de l’information.
Le micmac fait tout de même froid dans le dos lorsque l’on sait que Match Hospitality a décroché le jack-pot de la billetterie de la FIFA pour les Coupes du Monde 2006, 2010 et 2014, la Coupe du Monde féminine en 2011 en Allemagne ainsi que pour les Coupes des Confédérations 2009 et 2013.
Byrom Plc étant une société britannique, les autorités de sa Gracieuse Majesté pourraient bien déclencher une enquête sur l’affaire en vertu de la loi dite Data Protection Act.
Pas sûr toutefois que chercher des poux dans la billetterie de la FIFA améliorerait sensiblement la cote déjà très basse de la Fédération anglaise aux yeux de « Sepp le Couillu » pour l’obtention de la Coupe du Monde 2018.