Carnet de bord des envoyés spéciaux de Bakchich au Mondial sud-africain. Episode premier : voyageons avec la compagnie lybienne Afriqiyah et découvrons l’automne local au son du franglais. Vidéo incluse.
Tous les grands médias sont déjà là-bas. Et assurés. Comme révélé par le Canard Enchaîné, les mastodontes de la télé ont pris leurs précautions. TF1 s’acquitte même d’une douloureuse de 400 000 euros auprès de la boîte de sécurité Geos pour protéger ses ouailles partis en Afrique du Sud, couvrir la Coupe du monde…"Faux, c’est 250 000 entre formation à Paris et protection (non-armée) sur place, précise un cadre de télé-Bouygues. C’est amusant, dès que l’info est sortie Canal et France Télé nous ont appelé pour savoir comment on avait fait". Et Geos de remercier le Canard d’avoir sorti l’info ? Même pas… Si "barbouze" rime avec "flouze", protection ne s’accorde pas avec bonne éducation.
Les deux émissaires de Bakchich, partis un peu sur le tard, n’ont pas pris autant d’assurance. Plutôt des voies détournées, comme à l’accoutumée. Et une compagnie originale, la Lybienne Afriqiyah. Qui obligent les "frisés" de la rédaction à emprunter les chemins de la politesse. Et oui pour rallier Johannesburg, les deux loustics, décollant sans accréditation de Paris sont passés par la Lybie. Où il convient de rester à Tripoli.
Départ le 14 juin, à 14h15.
La compagnie du Guide Kadhafi ne mégote pas sur la pudeur. Le moindre décolleté diffusé sur les écrans de l’avion est flouté. Des scènes de films hollywoodiens sont gentiment trappés. Tant pis pour les moments d’anthologie cinématographique que sont Wolverine ou Transformers 2.
19 heures. Bien aimable, l’ami Mouhammar accueille le voyageur en transit à Tripoli. Des photos partout. Un léger stress de gratte-papiers au moment de leur entrée sur le territoire du Guide. Cartes de presse planquées, la caméra rangée, l’appareil photo prêt à dégainer.
Les portiques de sécurité bippent, encore, et encore, et encore. Sans que les cerbères ne bougent un oeil de leurs écrans de contrôle. Une imposante Ivoirienne s’est pourtant déshabillée, chaussures et ceinture retirées, sacs vidés. Comme à Roissy. Elle ne voudrait pas sonner, la dame… "Maman tu passes, sourit un compatriote, la sécurité s’en fout". La voilà quitte pour se resapper. Et les douaniers d’enchaîner les cigarettes sous les panneaux interdiction de fumer. Après tout pourquoi se gêner. Encore 9 heures d’avion avant la prochaine clope.
Et une chorale de Slovènes à supporter toute la nuit dans l’avion qui mène vers l’Afrique australe. Deux millions d’habitants seulement et déjà une victoire (contre l’Algérie) à la Coupe du Monde. Ah, ce sont des Slovaques en fait. On a bien fait de venir et d’atterrir…
Quatre heures du matin. Johannesburg se révèle un peu froide. Moins de 10 degrés. L’hiver. La ville attendra un peu avant qu’on la taquine de ses diminutifs, "Joburg", ou "Josi". Qu’elle rende d’abord une partie de nos affaires. Une valise égarée et pas retrouvable avant samedi.
Le temps de soudoyer d’un café et d’un muffin la charmante hôtesse de location de voiture, et démarre l’aventure. Conduite à gauche, avec un GPS qui débine un étrange franglais. "Turn on the Gauche".
Des pins le long des avenues, des feuilles mortes, une ambiance d’automne à l’autre bout du monde, où toute la planète s’est donnée rendez-vous. Une autre Afrique. Une nation arc-en-ciel.
Dont Bakchich va s’évertuer à décortiquer les couleurs…
Et un dossier spécial Afrique du Sud à lire dans Bakchich Hebdo :