« De l’audace » ! Le manifeste politique de Bertrand Delanoë sort enfin en librairies. Le peuple de gauche va enfin pouvoir dévorer le contenu de ce qui est annoncé d’ores et déjà comme un programme aussi novateur et percutant que la déclaration de principe du PS (oui au Bien, non au Mal, « oui mais » aux stock options).
25 000 exemplaires d’un livre d’entretiens avec Laurent Joffrin, auteur de La Gauche Bécassine, qui vient sans doute de trouver un candidat pas bécassin du tout. « À mon sens, explique le patron de Libé, le livre consacre la mue idéologique du socialisme français ». On pouffe déjà et on attend avec impatience le « Vivement dimanche » de Papy Bertrand.
Après Fabius, atteint d’une non-ite qu’il espère enfin faire fructifier, Martine Aubry surfant sur le succès des « Ch’tis », DSK, en exil de plus en plus temporaire, Marylise Lebranchu, puisque tout le monde, même les chèvres, visent la direction de l’appareil socialiste, Julien Dray, Pierre Moscovici, Mère Ségolène, bientôt Manu Valls, vraisemblablement François Hollande, et, quitte à rigoler franchement, Razzye Hamadi, looser tous terrains des vieilles jeunesses socialistes (même Orly n’a pas voulu de lui), c’est au tour du maire de Paris d’entrer dans la danse.
Comment cet apparatchik bobo-morose et docile de la Jospinie en est-il arrivé là ? De quelle maladie secrète souffre le PS pour arriver à croire (et faire croire) que l’avatar terne et local de Monsieur 1er tour 2002, lequel n’a toujours pas lu le fameux pensum de Pierre Mauroy (« C’est ici le chemin », 1982) – « c’est ici » désignant la sortie – possède l’étoffe d’un président ? Si la future guéguerre du leadership de la rue de Solferino se joue entre une puritaine revêche et un petit soldat flanqué du charisme d’une nouille, mais à qui on a monté le bourrichon et avec succès (depuis les sondages, l’homme se prend réellement au sérieux), les militants du Kremlin n’ont plus qu’à reprendre en cœur cette chanson écrite par Goldman dans les années 80 : « Bienvenue sur mon boulevard ». Boulevard rime avec cauchemar et on comprend pourquoi Sarkozy (pour lui-même ou pour son successeur) a facilité la tâche de Monsieur Nuits Blanches lors des dernières élections municipales à Paris.
Mais revenons à De l’audace !, et prenons le livre par le petit bout de sa lorgnette, le seul que les éditeurs ont bien voulu nous dévoiler : sa couverture. Accordons à Bertrand et son exégète le bénéfice du doute – après tout De L’audace ! sera peut-être un immense livre politique, le Discours de la méthode à l’usage des naufragés du PS – et concentrons nous sur le « visuel » de l’ouvrage. Le titre déjà : « De l’audace ! » avec un point d’exclamation qui se voudrait entraînant, dynamique, une sorte d’invite relayée par la main tendue de Bertrand, comme au bon vieux temps des 45 Tours et de ces chansonniers ringards tentant de motiver des troupes de grabataires dans des bals du terroir. Avec son plissement d’yeux façon Hervé Vilard, son teint de homard trop bronzé et sa chemise bleu ciel dévoilant le haut d’un torse que l’on imagine encore bien conservé, l’homme qui nous regarde droit dans les yeux apparaît comme la version photoshopée de lui-même, un crooner décati mais ultra lifté qui ferait passer les clichés de Catherine Photoshop Deneuve pour du Raymond Depardon et la tronche recousue de Jack Lang pour du pur vintage.
Sur la couverture de ce livre qui pourrait être celle d’un guide de bien-être pour quinquagénaires puceaux (De l’audace !), d’un manuel de cuisine (De l’audace !), d’un précis de coaching (De l’audace !), d’une publicité pour une chaîne d’hospices branchés (De l’audace !), voire l’autobiographie d’un jet-setteur rentier (De l’audace !), le Maire de Paris ressemble à un pot-pourri d’Herbert Léonard et de Sacha Distel (pour le côté séducteur), de Sacha Distel et de Masimo Gargia (pour le côté séducteur, toujours, et vieux beau), enfin, de Massimo Gargia et de Jacques Seguela : pour le côté vieux beau et l’air faussement décontracté du bonimenteur vendant sa came à des simples d’esprits à qui il aurait pu dire : « Avec moi, que du bonheur ! ». Si le ramage du livre se rapporte au plumage de ses idées, Papy Bertrand ne sera pas le Phoenix du Titanic PS mais le gros lourd qui le fera définitivement couler.
Pour lire une partie du contenu du livre consulter les bonnes feuilles sur le site du Nouvel Observateur
Lire également l’article du Figaro sur le livre
"Si le ramage du livre se rapporte au plumage de ses idées, Papy Bertrand ne sera pas le Phoenix du Titanic PS mais le gros lourd qui le fera définitivement couler."
Voilà une phrase qui était prophétique ! On peut compléter en décernant exactement le même compliment à Royal et Aubry. On a vu depuis la rédaction de cet article que tout le PS est un gros bateau qui se vautre chaque fois qu’il remue un poil. Ou chaque fois qu’il ne bouge pas d’un poil. La performance est tout de même à souligner !
Au moins Herbert Leonard a-t-il une vraie voix, qui est bien la sienne ! Et n’oubliez pas qu’il est le premier chanteur à avoir interprêté Gérard Manset ; alors ne l’accablez pas en le mêlant à la sauce de ces histoires. Son tout dernier album est un bon album de variétés. merci pour lui et pour moi( tous les 2, fils d’ouvriers qui avons échappé au lumpen, différemment, certes mais je ne rougis pas de n’être pas chanteur populaire). P.S : je n’arrive pas à vraiment savoir comment m’abonner à Bakchich : pourriez-vous clairement m’indiquer comment le faire ? En vous remerciant et en vous signalant la réédition chez E.P.M du "Vietnam 67-Mai 68" de Colette Magny. j@evs
jean-etienne vigoureux-schmid agrégé de philosophie 44 allées Charles de Fitte 31 300 Toulouse