Rachida Dati retournait, jeudi 9 octobre, à la Maison d’arrêt de Metz, qu’elle qualifiait en août de prison « modèle ». Sauf que depuis, quatre détenus s’y sont suicidés.
A peine apprend-on la mort d’un jeune détenu de la Maison d’arrêt de Metz-Queuleu, que la Garde des Sceaux s’est précipitée sur place. Nabil, 16 ans, purgeait une peine de six mois de prison ferme pour trafic de stupéfiants, il a été retrouvé pendu dans sa cellule, dans la nuit de lundi à mardi. Or, dans le même établissement, on assiste depuis l’été à une véritable épidémie de suicide. Au total, quatre en cinq mois.
Pourquoi tant de compassion par Rachida Dati ? C’est simple, la Garde des Sceaux avait érigé l’établissement en prison « modèle » pour son projet de loi pénitentiaire.
En déplacement à Metz le 29 août dernier pour visiter le Centre de peines aménagées et cette Maison d’arrêt de Metz-Queuleu, Rachida Dati avait présenté ce centre comme l’un des « sites pilotes » en France.
(visionner cette vidéo signée Rachida Dati à partir de 3,24 minutes)
Un malaise ? Jamais chez notre garde des Sceaux, qui vite botte en touche. Et on l’a vue, elle qui a demandé l’application des peines planchers pour les mineurs, et qui, la semaine passée, faisait sur le sujet la leçon à cinq procureurs généraux. On l’a vue, celle qui savait les dures conditions de détention, le manque de moyens et la surpopulation dans cette prison, qui « accueille » quelque 550 prisonniers alors qu’elle ne contient que 448 places – et encore, c’est bien moins que la surpopulation carcérale en France : 63 200 personnes étaient incarcérées en France au 1er avril 2008, pour environ 50 000 places disponibles. Hé bien elle s’est empressée de rejeter la « faute » sur les magistrats.
Subitement, il a fallu s’assurer que le jugement, six mois ferme, était bien justifié. « De manière très inhabituelle, a précisé à Bakchich la magistrate Hélène Franco, du Syndicat de la Magistrature, le procureur de Sarreguemines (ville située entre Metz et Strasbourg) a été entendu, la nuit de mercredi à jeudi, en dehors de tout cadre, sur une procédure qui ne présente pourtant pas d’erreur de droit. »
Jeudi 9 octobre, à Metz, Mme Dati n’a pas pris de gants pour annoncer publiquement que la décision du tribunal était injuste. Elle n’a pas hésité à brouiller les rôles. Des mauvaises langues affirment que c’est une tactique pour ne pas se faire reprocher son projet de loi pénitentiaire.
Dorénavant, avant toute mise à exécution d’un jugement, l’accusé devra être déféré devant le parquet. Ce changement de procédure pénale se fera par décret, et non par la loi, comme de coutume.
Avec sa récente demande aux magistrats d’appliquer plus systématiquement les peines planchers, Rachida Dati n’a pas fini de remplir et visiter les prisons françaises.
La Chancellerie a démenti hier les propos rapportés par le Syndicat de la Magistrature, et le procureur de Metz a publié un communiqué dans le même sens, que l’on retrouve notamment sur le site du ministère de la justice !
http://www.presse.justice.gouv.fr/art_pix/Lettre_%20proc_%20metz20081010.pdf
Vous écrivez que R.Dati a qualifié "d’injuste" l’incarcération à Metz du jeune qui s’est suicidé.
Ce soir, suite à un communiqué du syndicat de la Magistature dénonçant l’indécence de la ministre, le porte parole de celle-ci a démenti qu’elle ait tenu ces propos. Pouvez-vous confirmer votre information ?