La généralisation des interphones en prison, revendiquée par Rachida, prévient moins les suicides, que les libérations discrètement encouragées par la ministre.
A l’image de son patron, Nicolas Sarkozy, notre garde des Sceaux sait se montrer pragmatique. Débordée par la situation de plus en plus explosive dans les prisons, confrontée à une épidémie de suicides ( 91 depuis janvier ), mise au défi par une surpopulation pénale sans précédent (64.250 détenus pour 50.806 places disponibles), Rachida Dati procède –sans tambours ni trompettes- à des libérations « massives ».
Ainsi pas moins de 1 500 détenus seront libérés, dès le 1er novembre prochain, dans le seul ressort de la cour d’Appel de Douai. L’ « expérimentation » sera étendue, à compter du 1er décembre, aux maisons d’arrêt de Béziers, Le Puy, Fontenay-le-Comte et La Roche-sur-Yon.
Concrètement, il s’agit d’octroyer des remises de peines aux détenus à qui il reste quatre mois d’emprisonnement à exécuter. En théorie, ces libérables seront placés sous surveillance électronique. En fait, comme le font observer les deux principaux syndicats de magistrats et les représentants de l’administration pénitentière, l’intendance ne suivra pas. Rien ou presque n’a été prévu pour la préparation et le suivi de ces mesures de libération anticipée. Ainsi les détenus seront purement et simplement libérés.
Le double jeu gouvernemental est patent. Officiellement, le gouvernement applique toujours une des promesses du candidat Sarkozy. Plus de grâce présidentielle au 14 juillet !, avait voulu le chef de l’Etat. Ces grâces correspondaient, en moyenne, à quatre mois de réduction de peine en moyenne.
Mais en toute discrétion et à l’approche de l’hiver, on « désengorge », vite fait bien fait, le sprisons surpeuplées. La ministre remet dehors ceux qu’on à mis dedans, hier, avec tant de zèle ! Et à condition qu’ils n’aient plus que quatre mois à accomplir. Si cela ne ressemble pas à un retour des graces, c’est que l’on n’y connait rien.
On attend désormais le retour en grâce d’une ministre aussi redoutable.
A la suite de cet article, Guillaume Didier, porte-parole de Rachida Dati, nous a fait parvenir le texte que nous publions ci-dessous. Ainsi que la réponse de Bakchich.
« Il n’est en aucun cas question de libérations massives !
Il est faux de dire que 1500 détenus vont être libérés à compter du 1er novembre prochain.
Il est faux de dire que les détenus seront libérés purement et simplement, sans bracelet électronique.
Il est faux de dire que ce sont des remises de peine, ou que cela s’apparente à une grâce déguisée.
Il est faux de dire que les moyens n’ont pas été prévus : au-delà des 3500 bracelets électroniques déjà en fonctionnement, il y aura 500 bracelets supplémentaires avant la fin de l’année et 2500 supplémentaires en 2009.
Ce qui est vrai :
Les aménagements de peine, dont le placement sous bracelet électronique sont les meilleurs outils pour lutter contre la récidive et pour favoriser la réinsertion des détenus. C’est la raison pour laquelle Rachida Dati, dans l’attente du vote de la loi pénitentiaire, souhaite offrir aux magistrats la possiblité d’expérimenter le placement sous bracelet électronique des détenus, auxquels il reste 4 mois d’emprisonnement à accomplir.
La décision d’aménagement des peines continue à relever de l’appréciation du juge de l’application des peines.
Elle n’est pas systématique et n’a pas vocation à s’appliquer lorsque notamment, le détenu présente des risques de récidive, qu’il refuse la mesure ou que celle-ci est techniquement impossible. »
Le ministère de la justice conteste donc le chiffre de « 1500 détenus libérables au 1er novembre ». C’est le chiffre annoncé par le quotidien Nord Eclair le 24 octobre dernier, pour le seul ressort de la Cour d’appel de Douai.
Certes, ces libérations n’étant pas encore effectives, il ne s’agit encore que d’une estimation. Cette dernière repose toutefois sur les déclarations croisées des responsables des deux principaux syndicats de magistrats L’USM (classés à droite) et le syndicat de magistrature (à gauche), unanimes donc, pour dénoncer les conditions des libérations en cours. « Pour désengorger les prisons, après les avoir surpeuplées avec l’application des peines planchers, on a inauguré depuis peu à la prison de Béthune la libération automatique des détenus 4 mois avant la fin de leur peine », précise Dominique Schaffmauser, du Syndicat de la Magistrature, à notre confrère, tandis que son collègue de l’USM, Loïc Binauld, dénonce « la grâce par bracelet électronique (…) sas de sortie à la sauce Dati ». Pas en reste, la représentante de la CGT pénitentiaire, commentant ces futures remises en liberté, estime que « comme souvent, Rachida Dati fait de grandes déclarations mais n’a presque rien prévu pour la préparation et le suivi de ses mesures ».
moi ce qui m’inquiète le plus c’est que le pouvoir judiciaire est inféodé au politique au delà du raisonnable et comme jamais dans notre pays depuis le pouvoir révolutionaire en 1793-94.
Le gouvernement remplit les prisons,ou les vide, selon des critères probablement très judicieux (quoiqu’à mon avis le problème de surpeuplement ne peut être vraiment règlé que si on met dans d’autres institutions tous les fous, les toxicos et les SDF qui n’ont rien à faire en prison)mais que font les juges d’application des peines ? Ce sont des emplois fictifs ? Pourquoi les peines automatiques, les peines plancher toujours relevées, pourquoi toujours plus de limitation du pouvoir des juges ? Pourquoi sont-ils à ce point en colère ?