Désavouée par l’Élysée et Matignon, Rachida Dati ne paraît pas portée à l’autocritique, préférant toujours la compagnie des patrons du Cac 40 à celle des magistrats.
L’enquête parue dans le Point la semaine dernière « L’extravagante Mme Dati » n’était pas particulièrement favorable à la Garde des Sceaux. Et c’est peu dire que Rachida Dati n’en souhaitait pas. La ministre a d’ailleurs passé quelques coups de fils aux patrons de la rédaction pour les dissuader de publier le papier. Hélas, Madame Dati n’est plus en cour à l’Élysée et ailleurs, les journalistes deviennent audacieux ! Le dossier est donc paru malgré tout, dans le Point. Et le dernier paragraphe de cette enquête fort instructive ne l’a sûrement pas aidé à soigner sa popularité au Château. Il était dit que la garde des Sceaux pourrait sortir quelques dossiers sur les Hauts-de-Seine si Sarkozy la virait du gouvernement…
24h après la publication de l’article et après l’interrogation des socialistes sur son silence, Rachida Dati faisait paraître un communiqué pour exprimer son indignation et qualifier de « totalement faux » cette information. Officiellement, à l’Elysée, on a pris bonne note de ce démenti « confiant dans la parole de Dati ». En privé, certains conseillers n’ont pas aimé et la tiennent pour responsable de cette discrète menace. Une fois de plus… Vraiment, le mois de décembre n’aura pas été de tout repos pour la ministre de la Justice !
Fidèle à sa réputation, Rachida Dati rencontre toujours des personnalités de tous horizons, parfois assez éloignées des préoccupations judiciaires. La Garde des Sceaux a ainsi petit déjeuné fin octobre avec le prince Albert de Monaco. Début décembre, Rachida Dati avait invité un groupe de patrons du CAC40, place Vendôme. Parmi eux, Albert Frère, un puissant magnat de la finance d’origine belge. La ministre, loin d’être ponctuelle, a fait attendre les patrons une bonne demi-heure, au point qu’Albert Frère a piqué une crise et menacé de partir sans voir la ministre. Prévenue, cette dernière est arrivée à toute vitesse. Mais le petit déj’ avait sacrément mal commencé ! Comme un certain nombre de rendez-vous ces dernières semaines…
Ces derniers jours, la Garde des Sceaux s’est mis le couple de l’exécutif à dos. Premier rappel à l’ordre : celui de Nicolas Sarkozy. Après l’arrestation musclée de l’ancien directeur de la publication de Libération, Vittorio de Filippis, la ministre de la Justice monte au créneau pour défendre une « procédure tout à fait régulière ». L’Élysée a aussitôt appelé à « une enquête dans les plus brefs délais ». En clair, Nicolas Sarkozy, fou de rage de ce manque de sens politique de sa ministre, l’a désavouée publiquement ! Celle qui avait autrefois droit aux voyages présidentiels et que son entourage désignait comme la deuxième dame de France doit aujourd’hui ronger son frein.
Deuxième rappel à l’ordre, cette fois-ci de François Fillon, qui a affiché sa franche hostilité sur d’éventuelles sanctions judiciaires à l’encontre des mineurs. Avec en jeu, le passage de la responsabilité pénale à 12 ans… une mesure relevant du « bon sens » selon Dati. Le visage fermé, Fillon lui a répondu par conférence interposée : « Je suis totalement hostile à ce que l’on mette en prison des enfants de 12 ans ».
Branle-bas de combat au ministère de la Justice qui fait aussitôt paraître un démenti : « Le Garde des Sceaux ne s’est en aucune façon prononcée sur l’incarcération des mineurs de 12 ans ». Manifestement, Rachida Dati aime bien les communiqués ! Trop tard, pour Fillon, le mal est fait… Le chef du gouvernement, rapporte son entourage, est d’ailleurs de plus en plus « convaincu que l’on paie maintenant les erreurs de casting du début de quinquennat ».
Dans ce contexte, l’Élysée s’arrache les cheveux pour savoir où caser l’actuelle garde des Sceaux lors du prochain remaniement. Et surtout mettre un terme à la fronde qui sévit entre le ministère de la Justice et les magistrats. « Désormais, Rachida Dati est en dehors du calendrier présidentiel », confie un proche du président de la République. « Elle sera changée de poste mais pas licenciée ».
Et Jean-Louis Borloo, comme l’a révélé Bakchich, tiendrait aujourd’hui la corde pour la remplacer car « il faut un profil politique, un poids lourd », confie un collaborateur de Sarkozy. Mais alors où caser l’ancienne protégée ? Difficile quand on a occupé un poste régalien d’accepter un secrétariat d’Etat !
Nicolas Sarkozy envisage donc plusieurs pistes. L’hypothèse de la nommer à la tête du ministère du Logement revient souvent. « Elle y serait très bonne », souligne un conseiller du président.
Le poste de Dati dépendra aussi de sa principale arme : sa cote de popularité. Or elle apparaît soutenue par une majorité de Français. 51% d’entre eux ne souhaitent pas qu’elle quitte ses fonctions de garde des Sceaux, selon le sondage d’Opinion Way publié par Bakchich. La proportion est encore plus forte à droite où une majorité de l’électorat de Nicolas Sarkozy (79%) se prononce pour son maintien place Vendôme (voir le sondage publié ci-dessus).
De quoi conforter la ministre dans ses certitudes. Avec le risque de la rendre, à jamais, autiste…
À lire ou relire sur Bakchich :
Je ne suis pas fan de Rachida Dati mais à force de lui tomber dessus comme vous faites, elle en devient sympathique.
Mais foutez lui donc la paix !
Quoiqu’on en dise ; la réforme de la carte judiciaire c’est elle qui l’a menée contre vents et marées !
En plus elle fait un bébé dans le dos à tout le monde et tout le monde s’interesse à elle ! Jamais autant d’articles et de photos sur Rachida Dati ! Il faut dire qu’elle est tres belle et tres épanouie et qu’apparemment le déchainement des médias glisse sur elle…