Le congrès du PS à Reims n’a servi à rien. Aujourd’hui débute une nouvelle semaine marquée par le vote des militants pour élire leur Premier secrétaire. Aubry, Hamon, Royal… les dés sont jetés.
La maire de Reims, Adeline Hazan, avait souhaité, vendredi 14 novembre, que le congrès de Reims reste dans les annales. Il le sera. Mais pas forcément pour les raisons invoquées par l’intéressée, proche de Martine Aubry : « Reims est historiquement la ville des sacres et de la paix ». Ce week-end, ce fut tout le contraire. Si les socialistes ont en effet beaucoup parlé « d’unité, de rassemblement et de rénovation du PS », ils ont échoué à se mettre d’accord sur une stratégie, un projet, un leader. Le tout dans une ambiance délétère. Au final, Martine Aubry, Ségolène Royal et Benoît Hamon iront donc au charbon pour emporter le poste de Premier secrétaire, devant des militants ardents jeudi 20 novembre. Avec un second tour probable, dès le lendemain. Clic, clac, dans la boîte.
Pendant les trois jours qui viennent, les trois candidats vont tenter de créer une dynamique autour de leur nom. Des meetings de campagne sont d’ailleurs prévus, comme en Bretagne pour Hamon. Dans ces 100 derniers mètres, Ségolène Royal part avec une légère longueur d’avance : sa motion est arrivée en tête après le vote des militants sur les textes, le 6 novembre dernier. Mais son nom continue de déclencher, pour une partie des militants, une réaction de rejet quasi viscéral. Royal, qui a proposé un ticket avec Vincent Peillon au poste de Premier secrétaire délégué, doit donc parvenir à élargir sa base. D’où la nécessité pour l’ex-candidate à la présidentielle, comme pour Aubry et Hamon, de parvenir à susciter l’enthousiasme des militants de la motion A : celle de Bertrand Delanoë que François Hollande - Premier secrétaire pendant encore quelques heures - a signée et qui avait remporté 25 %, le 6 novembre. Les amis de mes amis sont mes amis et les ennemis de mes ennemis sont mes amis…
Rien ne garantit que tous les sympathisants du maire de Paris votent de la même manière face au trio de choc. Bertrand Delanoë n’a d’ailleurs délivrée aucune consigne de vote. Même dans le premier cercle du maire de Paris, il peut y avoir des divergences quant à la stratégie à suivre. Jean Glavany a confié qu’il ne voterait pas pour Ségolène Royal. Sa voix devrait donc aller à Aubry. Pierre Moscovici n’a pas souhaité répondre à la question. Manière de ménager les susceptibilités ? Certes. Manière surtout de souligner qu’il n’y a pas d’évidence. « Nous n’allons pas jouer aux dés quand même ! », lance un militant face aux nombreux appels du pied envoyés aux militants de la motion Delanoë. Une partie de poker alors ?
Les styles sont quand même sensiblement différents… ce qui devrait en aider quelques-uns à trancher. « Ça se voit sur ma gueule qu’il y aura des différences », s’amuse Benoît Hamon qui sera central en cas de second tour et qui avait créé a surprise le 6 novembre dernier, en en emportant 19% des suffrages. Soit il arrive en seconde position, comme il en est persuadé et il pourrait bénéficier de la rivalité entre Martine Aubry et Ségolène Royal au second tour. Soit il arrive en troisième position et ses voix sont nécessaires à l’une ou l’autre des deux candidates pour obtenir une majorité. Il est donc en position de force pour négocier, avant de délivrer ses consignes de vote.
Martine Aubry, elle, a longuement hésité avant de déposer sa candidature hier matin. Puisque sa motion n’avait pu obtenir d’alliance ni avec celle de Bertrand Delanoë, ni avec celle de Benoît Hamon, et encore moins avec celle de Ségolène Royal, il lui restait à aller jusqu’au bout de sa démarche. « Je n’avais pas pris la décision, loin de là, croyez moi bien, de poser ma candidature », a pourtant glissé Aubry hier lors d’un point de presse hier après sa déclaration à la tribune. « C’est une candidature que je n’ai pas rêvée, que je n’ai pas pensée et qui à un moment donné est simplement la candidature d’une militante qui veut défendre ce à quoi elle croit depuis toujours ». Toutes ses interventions à la tribune ont longuement été applaudies, a fortiori quand elle a évoqué le retour du PS dans les manifestations sociales.
Le 6 novembre, le Parti socialiste ressemblait à un quatre quarts avec 4 motions fortes (Royal, Delanoë, Aubry, Hamon). Se transformera-t-il en crumble à la rose jeudi soir ? Au-delà du vote des militants de jeudi, c’est l’état du PS qui se joue cette semaine. Autant Bertrand Delanoë que Ségolène Royal ont d’ailleurs utilisé le vocabulaire de la maladie pour en parler… Pas de bonne augure ! La question reste de savoir si dans ce vote, ne se joue pas aussi l’avenir de deux présidentiables pour 2012 : Ségolène Royal et Martine Aubry.
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Cher Julien
Tu as piqué une grosse colère dimanche matin sur le plateau d’Europe 1. Tu as fustigé ceux qui ayant rejeté à 70 % Ségolène se montrent incapables de désigner un candidat commun ! Ta colère a porté ses fruits Julien ! Une candidate est en train de rassembler lentement mais sûrement une majorité de militants sur son nom ! Ton égérie n’a aucune chance Julien ! Les éléphants ne sont pas toujours d’accord entre eux mais quand ils ont trouvé la femelle qui va guider le troupeau il est présomptueux pour une gazelle de vouloir leur barrer la route ! Ton ami Manuel voulait changer le nom du parti. Avec Martine la Rouge on y pense. Pourquoi pas Section Française de l’Internationale Ouvrière ! Quitte à prendre un coup de vieux autant le faire pour de bon ! A propos de vieux , tu t’es rasé Julien , tu as bien fait , mais cela n’est pas suffisant ! Au milieu des jeunes pouces de Ségolène tu fais vieille baderne ! Alors , rejoins-nous ! On est une bande de vieux et on se marre !
Signé : Eléphant Rose
Ce n’est pas étonnant. Le PS est un rassemblement de gens qui n’ont aucune idée commune si ce n’est le goût du pouvoir. C’est encore cette vieille manie de faire croire qu’ on est dans le vrai parce que forcément on est dans la position moyenne.
Comme si on faisait la moyenne entre la couleur bleue et le chiffre 9. On se raconte des histoires pour rester ensembles parce que l’étiquette PS ça donne 0.4 chance sur une d’être élu.
Le plus triste est quand même ce troupeau de militants qui joue le jeu de cette petite poignée de malades du pouvoir.