Les militants du PS se sont prononcés, le jeudi 6 novembre, sur les 6 motions en lice pour le congrès de Reims. Mais, les socialistes ont laissé à d’autres le soin de s’occuper de la rénovation idéologique.
« Ils sont où, les mecs du PS ? », avait lancé la comédienne Josiane Balasko à l’automne 2007. On pourrait rajouter : « Et ils disent quoi ? » Malgré le fleuve de communiqués quotidiens en tout genre, le PS reste inaudible, coincé entre Olivier Besancenot et François Bayrou, incapables d’offrir une alternative au sarkozysme. Le socialiste Jean-Christophe Cambadélis, proche de Dominique Strauss-Kahn et signataire de la motion de Martine Aubry, tente d’y répondre dans son dernier livre, Le Génie du socialisme : « La gauche passe nonchalamment à côté des nouvelles blessures. On l’interpelle parfois : “Mais elle est où, la gauche ?”. Elle répond en regardant ses chaussures. (…) Le PS a d’autres chats à fouetter. Il est prisonnier depuis deux décennies de la présidentialisation ». Et des égos des présidentiables.
Dès lors, difficile d’attendre que le PS se rénove… de l’intérieur ! Les universitaires et intello l’ont bien compris. Par le biais d’instituts, groupes de réflexions ou think tanks - comme la République des idées, la Fondation Jean Jaurès ou Terra Nova -, ils sont de plus en plus nombreux à graviter, de près ou de loin, autour du Parti socialiste. Manière de redonner du mouvement au socialisme français du XXIème siècle, débarrassé de l’héritage marxiste. L’adoption d’une nouvelle déclaration de principes, le 14 juin 2008, en est l’illustration. Pour la première fois de son histoire, le Parti socialiste renonce à la rhétorique révolutionnaire et se dit partisan d’une « économie sociale et écologique de marché ». Une déclaration qui constitue une base de travail mais ne formule aucune application concrète. « Les idées », lâche amer un représentant d’un institut, « ça ne se trouve pas en soulevant un couvercle de casseroles ! » Certes.
Alors comment agir pour inventer un nouvel âge du socialisme et la « troisième étape de la social-démocratie », selon l’expression du président du think tank Terra Nova ? « Par le biais de livres, colloques ou forums », commente Florent Guénard, secrétaire général de l’association La République des idées, « nous nous intéressons aux idées qui peuvent nourrir une opposition de gauche ». Avec l’idée de servir « d’interface entre un milieu de chercheurs et un espace politique qui a besoin de savoir ce qui se passe autour de lui ». Ça en dit long sur l’état du PS aujourd’hui…
En tout cas, le mot est lâché et d’ailleurs utilisé par les différents interlocuteurs : « interface » pour la République des idées, « chaînon manquant » chez Terra Nova, ou « carrefour » selon la Fondation Jean Jaurès. Comme si les socialistes paraissaient de plus en plus déconnectés des réalités du terrain. Obligés dès lors d’en appeler à des traducteurs-relais. La Fondation Jean Jaurès (FJJ), habituée à agir dans les pays en voie de démocratisation, a d’ailleurs pris le train en marche en réorientant ses activités depuis septembre dernier pour apporter sa contribution dans les grandes démocraties… France inclus. Une réorientation qui n’est pas déconnectée de la montée en puissance de Terra Nova.
« On travaille sur le moyen terme », commente Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean Jaurès et proche de Dominique Strauss-Kahn - sans préparer pour lui d’écurie présidentielle, annonce-t-il - « pour traiter des questions de société en réalisant des petites publication diffusées en librairie et sur Internet ». Encore faut-il qu’elles soient lues attentivement…
Un impératif qui n’a pas échappé à Finchelstein : « nous avons longtemps été plus préoccupés par la production d’idées que par leur diffusion ». D’où le plan de travail prévu par le directeur général de la Fondation Jean Jaurès pour l’après Congrès de Reims : « Nous prévoyons d’organiser une réunion mensuelle sur des sujets qui fâchent. Ensuite, un expert présentera un rapport sur lequel s’engagera un débat avec des responsables du PS ». Qui vivra, verra !
Pour accélérer le mouvement, la Fondation Terra Nova, dernière née du paysage et qui se positionne comme « un think tank politique plus que de diagnostique », a décidé de produire des notes d’actualité distribuées aux élus. En bref, passer des paroles aux actes. « L’objectif », souligne Olivier Ferrand, président de Terra Nova, « est de contribuer à améliorer l’expertise et de nourrir un projet d’alternance ». Ses travaux sur le budget ont notamment été repris par François Hollande, Didier Migaud ou encore Michel Sapin. Quant aux notes sur l’Afghanistan et le RSA, c’est la direction du PS qui les a utilisées. Compte-tenu de cette demande croissante du côté de l’Assemblée nationale, Terra Nova devrait prochainement établir un partenariat avec les sénateurs.
Parallèlement à cette première activité, Terra Nova organise un travail sur le long terme en réunissant autour d’un thème experts du privé et du public, intellectuels et universitaires. Le tout donnant généralement lieu à la publication d’un petit ouvrage. Mais précise Olivier Ferrand, proche de Dominique Strauss-Kahn, « notre structure est collective et répond à toutes les demandes ». En clair : la Fondation ne se positionne pas comme une écurie pour DSK.
« Des idées, il y en a », tance le président de Terra Nova, « aux socialistes ensuite de s’en saisir et de s’y intéresser. Il semble que la sauce soit en train de prendre puisque tous les leaders du PS nous commandent des notes ». Sans vouloir en dire plus sur le nom des commanditaires ni sur leurs demandes… même si on devine des ténors de premier plan candidats au poste de Premier secrétaire. Gilles Finchelstein de la Fondation Jean Jaurès conclut : « nous mettons des propositions pour le PS sur la place publique. Chacun après est libre de s’en servir ». À gauche… comme à droite.
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Salut. Je crois qu’on écrit "Les militants du PS se sont prononcés" et non pas "ce sont".. Personne pour corriger la faute en une semaine,c’est un peu inquiétant..
Et sinon, j’ai bien peur que tout ça soit juste de la littérature car Sarkozy va être réélu en 2012, c’est quasiment sur.. Il a passé le cap difficile qui a commencé il y a tout juste un an, et la crise est arrivé au meilleur moment pour lui.. et maintenant qu’il est remonté dans les sondages,on ne voit pas bien ce qui pourrait le faire redescendre..
Pourquoi ne citer que les fondations de centre-gauche (et encore je suis gentil) : Terra Nova, Fondation Jean Jaurès…
Dans un soucis de pluralisme, il aurait été plus intéressant (et moins parti pris) de citer aussi :
La Forge (think thank cofondé par Noël Mamère et Benoît Hamon, tendance gauche socialiste) → http://www.la-forge.info/
La fondation Copernic (le think thank de la gauche radicale) → http://www.fondation-copernic.org/
La fondation Res Publica (fondée par Jean-Pierre Chevènement) → http://www.fondation-res-publica.org/
La fondation Gabriel Peri (crée par le PCF) → http://www.gabrielperi.fr/
Sans parler des associations expertes dans leur domaine : Attac (altermondialisme), d’Anticor (lutte contre la corruption), de la C6R (réforme des institutions), de l’ACME (pour une gestion publique de l’eau)…
Identifier la production d’idées avec la seule aile droite du parti socialiste est non seulement inexact, mais témoigne soit d’une ignorance crasse soit de malhonnêteté intellectuelle.
"Ils sont OU ?" "Ils disent QUOI ?" "bla blabla, POURQUOI ? bli bli bli"…
C’est la nouvelle façon de parler. Je pense que c’est une mode introduite par Sarkozy.
Et tout le monde reprend, parsemant ses discours de "Pourquoi ? C’est quoi ?" intempestifs.
Faites attention, comptez les "quoi ?", les "pourquoi ?" en plein milieu des phrases, et vous verrez !