À moins de deux mois du Congrès de Reims, alors que les motions socialistes doivent être déposées ce mardi, une tribune de Martine Aubry et Pierre Moscovici dénonce la division ambiante. Sauf que ce texte a été co-signé il y a quatorze ans ! La vie du PS serait-elle un éternel recommencement ?
Dans une tribune publiée dans Le Monde, « La Gauche : le sursaut ou le déclin », les socialistes Martine Aubry, Pierre Moscovici et Jean-Pierre Sueur dressent un bilan critique de la situation au Parti socialiste, à plus de « quarante-huit jours » du congrès. « Beaucoup d’électeurs nous ont quittés. Beaucoup de militants sont découragés, d’abord, par le spectacle de division que nous offrons ».
Face à ce constat amer, les socialistes mettent en cause les querelles fratricides qui affaiblissent le parti : « Au-delà du positionnement politique, le PS doit adresser un message de rénovation, de rassemblement et d’éthique politique collective. Et, pour cela, symboliquement, réduire l’influence de ces courants, qui ont servi d’instruments à des batailles internes que nous ne voulons plus ». Un appel qui fait notamment écho aux tractations d’avant congrès. « Les socialistes peuvent vraiment avoir l’espoir de l’emporter. A condition, déjà, de savoir se rassembler (…), autour d’un projet de gauche, responsable, courageux et audacieux. C’est l’appel que nous lançons ».
Dans un contexte d’avant congrès de Reims, cette tribune ne passe pas inaperçue. D’autant qu’elle a été publiée il y a… quatorze ans, le 1er octobre 1994. Comme quoi rien n’a changé au parti socialiste ! A deux mois du Congrès de Reims, qui doit se tenir du 14 au 16 novembre, le constat est toujours le même. Mais les amitiés d’antan ont laissé la place à de nouvelles divisions. Les relations Aubry-Moscovici sont loin d’être au beau fixe, depuis qu’une partie du courant de Dominique Strauss-Kahn - dont Mosco a toujours été très proche – a rallié la maire de Lille dans la course à la direction du Parti.
Et, bien qu’Aubry assurait – en présentant, le 20 septembre, la motion pour le congrès dont elle sera la première signataire – qu’il a « toute sa place et même une place centrale à » jouer à ses côtés, le député du Doubs est loin d’avoir très envie de la soutenir. Il était très clair sur son blog, vendredi 19 septembre : « Je suis aussi perplexe – ou plutôt interrogatif – devant les choix qui s’offrent à moi – à nous, à « besoin de gauche » - si la logique de confrontation l’emportait ».
En clair, à ses yeux, aucun des trois ténors n’a réussi à faire la démonstration de sa force : ni Bertrand Delanoë, soutenu par les amis de François Hollande et Lionel Jospin ; ni Ségolène Royal, que les barons locaux comme le maire de Lyon, Gérard Collomb ou le sénateur des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, ont ralliée. Ni Martine Aubry, associée aux fabiusiens, strauss-kahniens, amis d’Arnaud Montebourg et à « Djack ». D’ailleurs, pour l’instant, aucun n’est en mesure de constituer, seul, un pôle majoritaire.
Les jeux restent ouverts pour le Congrès et la succession de François Hollande. Et les divisions, plus réelles que jamais. Royal et Aubry se détestent. Bertrand et Martine s’aiment moins qu’avant. Quant à Delanoë et Royal, ils ne sont jamais vraiment appréciés… Il devrait donc y avoir cinq à six motions puisqu’il faudra compter aussi avec l’aile gauche du parti - Henri Emmanuelli, Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann - le courant Utopia, le pôle écologiste… et peut-être Pierre Moscovici. Des sensibilités qui n’ont jamais été aussi courtisées par les gros poissons de la rue Solférino qu’à deux mois du Congrès. Le PS, comme il y a quatorze ans !
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Quand on y pense, à l’heure du grenelle de l’environnement c’est quand même dommage toutes cette énergie dépensée en pure perte dans des petites luttes internes. Si seulement 10% était utilisés intelligemment à un travail d’opposition construit, argumenté, avec des propositions valables…
…notre DG pourrait se faire du mouron.
Mais, là, il peut gesticuler tranquille un bout de temps
C’est sûr qu’au train où ils sont partis, ils peuvent ressortir des textes d’il y a 14 ans… Ils n’ont pas bougé depuis. un cas rare de fossilisation éclair…Même tronches à peu près, mais avec encore moins d’idées et de propositions.
A croire qu’ils en ont fait un paquet, de conserves de bouillabaisse, pour la resservir à chaque coup. Je me demande si on ne vas pas risquer l’indigestion à force…
Je vous avoue qu’en tant que militant, je suis assez dubitatif sur la situation actuelle au PS. Les alliances sont incompréhensibles, parfois incohérentes, je ne sais pas où on va, franchement.
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