François Hollande entame aujourd’hui son dernier congrès, en tant que Premier secrétaire du Parti socialiste. Demain, à lui la nouvelle vie…
Fini les fêtes de la rose, les réunions avec les militants, les congrès plus ou moins ratés, les couteaux dans le dos lancés par de nombreux amis au parti… Dimanche 16 novembre, il prononcera à 12h30 le discours de clôture et après basta, ciao et « débrouillez-vous ! ».
Pour la première fois depuis 1997, le chef du parti socialiste n’est pas candidat à sa succession. Son ex-campagne, Ségolène Royal, si. Dans un entretien commun paru ce vendredi dans La République du Centre, La Montagne, et La Nouvelle République du Centre-Ouest, le Premier secrétaire estime d’ailleurs qu’elle « a eu raison de ne rien annoncer et de renvoyer son choix au congrès », à propos d’une éventuelle candidature à la tête du parti. Avant de déclarer : « Le congrès est une étape très importante, mais il n’est pas la conclusion du processus. Notre meilleure boussole, ce sont les adhérents, et ce sont eux qui décideront en dernier ressort ». Un vote des militants prévu dans une toute petite semaine, jeudi 20 novembre.
Dès lors, tout sera fini pour Hollande rue de Solferino, son grand escalier et les photos en noir et blanc accrochées au mur. Élu il y a onze ans à la tête du PS, après le Congrès de Brest par près de 90% des militants, Hollande n’est vraiment devenu le patron du parti qu’au lendemain du 21 avril 2002 et du départ de Lionel Jospin. « C’était une situation difficile », commente un de ses proches, Faouzi Lamdaoui, « mais François a su rassembler tous les courants du parti ».
Aujourd’hui, Hollande n’a plus la même cote. L’échec de la motion de Bertrand Delanoë, qu’il défendait, témoigne de sa perte d’audience. Lui qui croyait encore, il y a quelques mois, qu’« aucune majorité ne pouvait se faire sans lui »… C’est la première fois « depuis que le PS a été refondé par François Mitterrand », raille le sénateur Jean-Luc Mélenchon qui vient de claquer la porte du parti, que la majorité sortante est mise en minorité. Un zéro pointé, en somme.
Ses adversaires ne se sont d’ailleurs pas gênés pour le lui rappeler, en soulignant son usure et son manque d’autorité. Selon eux, Hollande est donc aujourd’hui le grand responsable de la léthargie du PS, « premier parti de France en termes d’élus locaux mais inaudible » au plan national. « Voilà le bilan du pouvoir de la contrepèterie et du sophisme de ce chef calamiteux », a lâché, sévère, Jean-Luc Mélenchon à Bakchich, le jour de la création de son nouveau Parti de Gauche (voir la vidéo ci-contre). Référence aux jeux de mots récurrents de Hollande qui ont fini par lasser les socialistes.
Ses amis soulignent, quant à eux, les victoires locales remportées par le PS sous la direction Hollande, comme aux régionales de 2004 ou aux municipales de 2008. Mais entre ces deux dates, figure le Congrès du Mans en 2005. Et là patatras ! François Hollande a cherché par tous les moyens à éviter l’implosion du parti alors que se profile la présidentielle de 2007 et que le PS va mal. Et c’est un euphémisme… Pendant des semaines, les socialistes se sont déchirés sur le projet de constitution européenne.
Le Premier secrétaire y a perdu des plumes et tente de calmer le jeu. Pour la première fois depuis le congrès de Lille en 1987, une synthèse générale des cinq motions en lice est donc obtenue à l’arraché. « On lui a tellement reproché cette synthèse pourtant », soupire Faouzi Lamdaoui. « Mais sans synthèse, comment voulez-vous avancer ? » François Hollande lassé par les coups prend finalement, en 2005, la décision de ne plus se représenter et de « céder le témoin » après la présidentielle de 2007. Un scrutin pour lequel il n’a pas fait acte de candidature. Ce n’était pas faute d’en avoir envie…
Un pas en avant, deux pas en arrière ? « Le bilan de François Hollande est mitigé », résume le député Jean Glavany (signataire de la motion Delanoë). « Le Premier secrétaire, en tant que tel, a sa part de responsabilité mais c’est trop facile de tirer sur lui sans que nous, socialistes, fassions notre propre examen de conscience ». Avant de lâcher : « Moi-aussi, je suis co-responsable de tout ça, j’étais membre du secrétariat national et du bureau national ». Et, il n’est pas le seul… Pourtant, Glavany est l’un des rares à parler d’une responsabilité collective. Beaucoup préfèrent ne pas être cités et taper sur le chef… Au PS, les querelles de personnes paraissent désormais plus profondes que les luttes idéologiques. Hollande, lui, semble de plus en plus avoir envie de passer le relais. Jeudi 13 novembre, veille du Congrès et journée mondiale de la gentillesse - le PS en a besoin ! -, il affirmait encore à ses proches n’avoir qu’un désir pour son successeur : qu’il ait toute « autorité » pour diriger le parti. Hum… c’est pas complètement gagné, ça !
Cette page à la tête du PS quasi tournée, Hollande reste président du Conseil général et député de Corrèze. De quoi lui offrir la possibilité de papoter avec Bernadette Chirac, élue sur place ! Son entourage laisse entendre qu’il ne va pas s’enfermer à Tulle porter le sac de « Bernie » et qu’il pourrait opter pour un discours plus tranché. Fin août, à la Rochelle, Hollande lançait déjà aux militants : « Vous me reverrez. Je ne pars pas. Je change simplement de rôle, de fonction, de place ». Manière de dire qu’il fera entendre sa petite musique jusqu’à la présidentielle de 2012 ? En attendant, il met en ordre quelques réflexions politiques dans un livre co-écrit avec le journaliste Pierre Favier. Le même qui s’était notamment fait connaître pour avoir sorti La Décennie Mitterrand . Un hasard ?
À lire ou relire sur Bakchich :
Pourquoi avoir attendu 1 an et demi apres la dernière presidentielle perdue pour convoquer un congrés et passer la main ?
L’irresponsabilité est à ce niveau là. C’etait dans la foulée de la presidentielle qu’il fallait se rassembler et faire ce qu’un parti d’opposition doit faire : S’OPPOSER.
Au lieu de cela on nous inflige une annee et demi interminable de basses intrigues en laissant SARKOZY outrageusement libre de faire ce qu’il voulait.