Ségolène Royal a annoncé son intention de briguer la tête du Parti socialiste. À deux jours du Congrès de Reims, « Bakchich » est allé à la rencontre des militants parisiens pro-Ségo.
Daniel Duval, section Paris 3°, au PS depuis bientôt 2 ans (au lendemain du 2° tour de la présidentielle). « Le Zénith a représenté un événement extraordinaire. Ségolène Royal a dépoussiéré l’image des politiques en donnant un grand coup de balais. Le Zénith a permis à des gens des couches populaires de s’intéresser à la politique. Je suis convaincu que Ségolène est la meilleure personne pour mener le PS. Elle est au plus près du combat. Elle veut un parti très ouvert. Sur le plan social, fiscal, économique, elle a des idées neuves. Mais il est préférable qu’elle se mette en retrait en fonction des alliances, il faut faire des compromis. Je pense que son objectif à terme est la présidentielle de 2012. »
Julien Landel, 27 ans, professeur d’histoire dans un collège, section Paris 4°, au PS depuis 5 ans. « Ségolène Royal assume ce qu’elle est. Lors de son meeting au Zénith, elle est apparue beaucoup plus libre, plus sereine et responsable. Avant elle était plus rigide et plus froide. »
Christiane Gilon, 56 ans, sociologue consultant, section Paris 3°. « Ségolène Royal est capable de changer la gauche. Le fer de lance du changement vient de cette motion. Elle rassemble des gens qui n’ont pas retourné leur veste. Il s’agit d’une nouvelle génération. Il faudra du temps pour changer le parti et Ségolène a lancé ce changement depuis 2006. Je suis pour la création d’un nouveau PS qui rassemble toutes les générations. »
René Bokobza, 76 ans, ancien ingénieur civil pour une entreprise française de construction, section Paris 5°, au PS depuis 34 ans. « Je suis convaincu qu’elle est la seule qui réalisera, en partie, la rénovation du parti. Elle tient compte des réalités et a su réinitialiser la mutation du PS. Certains élus PS sont réticents car ils ont peur pour leurs privilèges qu’ils veulent conserver. Je suis plus réservé sur sa candidature au poste de Premier secrétaire. Elle en est parfaitement capable mais compte-tenu de la situation, quelque soit le Premier secrétaire, il servira de pushing ball. Ségolène n’a pas besoin de cela, elle a suffisamment d’ennemis. J’ai une préférence pour Vincent Peillon car il est jeune, intelligent et honnête. C’est un homme qui tient la route. Elle doit se présenter aux élections de 2012, je sais qu’elle va beaucoup progresser.
Lors du rassemblement au Zénith, Ségolène m’a stupéfait. Après la campagne, j’étais réticent, elle avait de gros défauts : elle était trop rigide, ne suscitait pas l’empathie des gens et elle se braquait trop. Elle était beaucoup plus décontractée, elle a du charisme quand elle se débarrasse de son attitude coincée. Elle a pris des séances avec des spécialistes afin de changer son image et son comportement. Il n’y a aucune personne au sein du PS, en dehors de Ségolène, qui puisse rassembler 4 000 personnes. »
Thierry Perran, 34 ans, consultant en veille et intelligence économique, section Paris 13° est, au PS depuis bientôt 2 ans (deux jours après les présidentielles). « Je souhaite que Ségolène Royal soit Premier secrétaire du parti. [Je pense qu’une seule personne doit tout faire, je ne crois pas au dragon à deux têtes que le Premier secrétaire soit le candidat à la présidentielle de 2012]. Il y a pas mal d’éléphants qui ont peur de prendre des coups, elle non, ce sont plutôt eux qui vont lui en porter. J’aime son concept de redonner la parole aux militants, il faut faire du PS un parti de masse. Le Zénith était un meeting populaire qui n’avait rien de désolant. Ségolène a beaucoup de compétences et une grande capacité d’écoute. Mais elle ne connait pas tout, elle accepte qu’on lui explique ce qu’elle ne comprend pas. »
Bruno Jeauffroy, 50 ans, professeur de physique en classe préparatoire, section Paris 15°, au PS depuis bientôt 3 ans. « Ségolène Royal est le symbole et le leader du changement. Elle essaye de crédibiliser la gauche. La motion E apporte du renouveau. Que ce soit Ségolène ou quelqu’un d’autre au sein de la motion est la même chose mais il serait quand même mieux que se soit elle qui dirige le parti. Elle a le recul nécessaire pour être Premier secrétaire du parti. Le rassemblement du Zénith était une fête, je ne vois pas ce qu’il y avait de scandaleux. Sa tenue vestimentaire m’importe peu, je ne m’y connais pas vraiment question vêtement. Sa manière de réfléchir est beaucoup plus réfléchit qu’avant, elle a gagné en maturité. Je le sens bien pour 2012 surtout que l’état de la France ne va pas s’améliorer. »
Elizabeth, 60 ans, architecte d’intérieur, au PS depuis 2 ans. « Je me suis engagée au PS grâce à Ségolène Royal. J’ai toujours été de gauche. J’étais désespérée car rien ne bougeait et j’étais surtout terrorisée par l’éventuelle arrivée au pouvoir de Sarkozy. J’estime que Ségolène Royal est la seule qui soit susceptible de faire exister le PS comme principal parti d’opposition en le modernisant. Le Zénith a été très mal perçu. Les gens n’ont retenu que le changement physique. Il s’agissait simplement d’une fête populaire, un moyen de rassembler les gens. N’oublions pas que le rôle d’un dirigeant socialiste est d’être proche du peuple. Le fait qu’elle n’ait pas été élue en 2007 ne m’a absolument pas découragée. »
Thierry Boy, 43 ans, salarié dans une société de télé markéting, section Paris 19°, au PS depuis 2 ans et demi. « J’ai été séduit par la nouvelle façon qu’a eu Ségolène Royal de faire de la politique. Elle a une équipe autour d’elle : que ce soit elle ou un de ses proches qui soit à la tête du PS a peu d’importance. Je souhaite juste que l’on mette en avant le travail d’équipe. Ségolène à toute son importance, elle ose porter les débats, c’est un leader qui supporte une équipe. Le Zénith a été une très bonne chose, c’est une bonne innovation. Un rassemblement festif. C’était un mini-Charlety [Gros meeting/concert de Royale, à Paris, pendant la campagne présidentielle de 2007]. C’est très bien qu’elle soit enfin elle-même, elle est plus simple. Sa tenue n’est pas la priorité, elle doit être la plus a l’aise dans sa façon d’être. »
Marie C., 44 ans, comédienne, section Paris 15°, au PS depuis 2 ans. « Ségolène Royal peut être la prochaine présidente, ce serait le meilleur choix pour l’avenir de la France. Le fait qu’elle soit une femme m’a motivée à entrer dans le parti. Je suis féministe et je n’ai pas peur de le dire. Que se soit elle ou quelqu’un d’autre le Premier secrétaire, ça ne me pose pas de problème. Le Zénith était un très belle soirée et c’est une absurdité de parler de secte. Je suis entièrement d’accord avec ce changement de communication. Ceux qui ont critiqué ce meeting ont complètement occulté le discours politique. Elle n’est pas en permanence dans un jean mais ça dérange parce qu’elle n’est pas toute la journée en talon aiguille ou en costard cravate. Il s’agit d’un procès d’intention et de misogynie. De toute façon on ne peut pas plaire à tout le monde. Ce meeting avait pour but de rappeler la notion de fraternité qui est trop souvent oubliée, même au sein de la gauche. »
Francis Piegza, 50 ans, travail dans l’associatif, section Paris 20°, au PS depuis 2 ans. « Je supporte Ségolène parce qu’elle est le fer de lance du socialisme du XXI° siècle. La défaite aux présidentielles s’explique par le fait qu’elle n’était pas complètement prête. Elle ne faisait pas partie de tous les réseaux au PS, elle était trop isolée pour réussir. Aujourd’hui, elle réunit autour d’elle une équipe diversifiée. Elle veut construire un parti ouvert sur la société. La motion A [celle de Bertrand Delanoë] est trop traditionaliste. Il est important que le Premier secrétaire soit issu de la motion E. Ségolène verra si, après les négociations, elle peut être candidate ou pas. Vincent Peillon a aussi les capacités pour le devenir. En ce qui concerne 2012, ce n’est pas le moment d’y penser. Chaque chose en son temps.
Au Zénith, Ségo a voulu casser les codes. Sa démarche n’était pas négative. C’était une fête partagée. Elle a voulu casser l’image qu’elle avait avant. Je ne vois pas où est le problème. Il ne faut pas oublier qu’elle pose des questions que personne n’avait, avant elle, abordées. Elle secoue les habitudes et est en adéquation avec notre siècle. Elle a un feeling avec les gens, elle parle simplement et ils aiment ça. Mais au Zénith, elle n’a pas réussit à 100%. Même si cette festivité était prévue avant la crise financière, il y avait un certain décalage avec l’actu, c’est pour cette raison que certains l’ont critiquée. Mais vue que c’était programmé avant, il n’y avait pas de raison de le supprimer. »
Dacia Mutulescu, 40 ans, travaille dans la maîtrise des risques environnementaux, section Paris 20°, au PS depuis 6 ans. « Ce qui m’a poussée à voter pour la motion E est le fait que Ségolène Royal pense que la République s’enrichisse grâce au métissage. Étant moi même issu d’un parcours d’intégration républicaine, cette idée me tient à cœur. Ségolène est une femme de conviction, de valeur et de terrain. Elle incarne le renouveau. Pour moi, il était normal de voter pour cette motion. C’est une personne qui réfléchit et qui n’a pas eu besoin d’avoir de grands portefeuilles ministériels pour avoir des idées.
Avant elle était plus solennelle car elle était candidate à la présidentielle. Au Zénith, elle est apparue plus libre et plus proche des gens. Je l’ai trouvé spontanée. Ségolène Royal me donne envie d’avancer dans le XXI°, c’est ça que je trouve chez elle et pas chez les autres. Elle a un parcours multiple et courageux. Elle rassemble derrière elle des talents. Je ne pouvais voter que pour Ségolène Royal. Qu’elle soit Premier secrétaire général du parti est secondaire mais si elle peut l’être, ce serait extraordinaire. En ce qui concerne les élections de 2012 c’est bientôt et en même temps loin. Je pense à l’état de la France, le désarroi des valeurs au nom de l’individualisme. J’espère qu’elle se présentera si elle a toujours la force et si elle est toujours partante. »
Rachel, 39 ans, fait du conseil en investissement financier, section Paris 12°, au PS depuis bientôt 1 an et demi. « Si j’ai voté pour la motion E, c’est pour son programme. Ségolène Royal a permis le renouveau du PS, c’est une personne qui a fait bouger les lignes. Elle a une vision très concrète de ce qu’est la société, elle est vraiment en adéquation avec la société. Je suis partagée sur le fait de savoir si elle doit se présenter à la présidence du PS. Ma réponse serait oui pour le plaisir. Mais Ségolène a une place difficile, des gens de l’intérieur lui sont hostiles. C’est comme Mitterrand, quand il a été élu Premier secrétaire du PS, ça lui a posé des problèmes. Ségolène est efficace dans la rénovation du PS. J’ai approuvé le rassemblement au Zénith, elle a su diversifier la façon de faire de la politique. Ce fut un grand moment de partage avec les militants, une manière de se détendre au moment même où la crise financière éclatait. Sa tenue était spéciale comme on porte une tenue spéciale quand on va à une soirée. »
Odile Dupont-Roche, 62 ans, retraitée (ancienne professeur de Maths et Physique), section Paris 6°, au PS depuis 23 ans. « Je suis pour que Ségolène soit Premier secrétaire mais je ne suis pas sûre que ce soit une bonne chose. Vincent Peillon serait susceptible de plus rassembler. Ce qui m’insupporte c’est qu’on lui dénie encore cette victoire, c’est spectaculaire, je n’arrive pas à comprendre cet acharnement. Je considère que pour cette campagne, elle a fait un sans faute. Elle a posé tous les problèmes, sa victoire ne m’a pas étonnée. Toutes ces attaques viennent en partie du fait que c’est une femme qui a du charisme et une intellectuelle. Les gens sont jaloux. Elle a vraiment une volonté de fer, elle ne se laisse jamais abattre et a une capacité à rebondir assez bluffante. Je souhaite vraiment qu’elle se présente aux présidentielles de 2012, elle le fera, c’est une certitude. Rappelons nous que Mitterrand s’est présenté 3 fois avant d’être élu. Qu’elle soit secrétaire ou pas, dans les deux cas c’est dangereux.
Ségolène Royal fait de la politique en femme. Elle remet de l’humanité au cœur de la politique. Elle n’est pas gênée d’avoir des émotions mais ne se fait pas pour autant guider par ces émotions. Quand on ne l’a connaît pas, elle a un côté rigide, c’est son éducation, sa nature. Le rassemblement du Zénith a beaucoup été critiqué. De toute façon quoi qu’elle fasse ce n’est jamais ça. Si elle un tailleur c’est trop stricte, si elle est en rouge c’est trop voyant. Sa façon de s’exprimer était un peu surprenante mais pourquoi pas. De toute façon, Ségolène n’est pas un tribun fantastique elle est libre de ses gestes. Une salle comme le Zénith n’est pas évidente à remplir et on ne remplit pas une salle avec des potiches. Elle était vraiment ravissante, elle avait l’air d’avoir 40 ans. Même si on lui mettait un fichu dans les cheveux, elle serait mignonne. Mais son aspect physique n’était pas le point essentiel, c’est dommage que les médias n’aient retenu que ça. »
À lire ou relire sur Bakchich :
Ségolène a perdu l’élection en toute logique impossible à perdre après 12 ans de Chirac dont 5 ans de droite très dure… et permis l’election d’un sarko qui a piqué son programme à Le Pen, entrainant ses electeurs derrière lui.
Disons que, pour comparer les personnes, un Jospin qui a vu lepen au 2ème tout (et heureusement pas élu)… s’est retiré pour moins que ça de la vie politique.
Que Sarkolène réalise qu’en dehors des militants réçents du PS sa popularité est médiocre… et ait le courage politique d’un Jospin, pour le plus grand bien de la nation en 2012, en permettant la possibilité que sarko ne soit pas réelu.