Particulièrement complice du président, Rama Yade, symbole de l’ouverture, vient de se faire remettre à sa place. Paradoxe : aujourd’hui, Nicolas Sarkozy présente son plan pour la diversité.
Sur le campus de l’école Polytechnique, Nicolas Sarkozy prononcera aujourd’hui à 14h30 un long discours. Pour changer… Le thème du jour ? « L’égalité réelle des chances et la promotion de la diversité ». Avec l’objectif annoncé de rendre effective l’égalité des chances. Car le président, confie son entourage, veut « passer à la seconde vitesse de la discrimination positive ». Hasard ou paradoxe du calendrier… Les principales représentantes de la diversité au sein du gouvernement sont de plus en plus critiquées à l’Élysée. À l’instar de la pétillante Ramatoulaye Yade.
Nicolas Sarkozy ne s’attendait pas à ce qu’un des symboles de son gouvernement lui oppose un refus catégorique. En tout cas, pas celui-là ! Lui, qui depuis son arrivée au Château voyait en Rama Yade « sa Condi à lui », selon l’expression d’un de ses amis en allusion à Condoleezza Rice. Dès lors, Sarko n’a pas digéré ses dernières déclarations ! Sur le plateau du Grand jury LCI-RTL-Le Figaro, le 7 décembre, sa secrétaire d’État aux droits de l’Homme souligne ne pas être « candidate à un mandat européen » mais être « motivée par un mandat national ». Aïe ! Sarkozy en a avalé de travers !
Depuis des mois, le président et son bras droit Claude Guéant l’encourageaient pourtant à se lancer dans la campagne pour le scrutin de juin prochain. Et à prendre, en attendant, le poste de Jean-Pierrre Jouyet aux Affaires européennes.
Sauf qu’il lui fallait accepter l’ensemble du paquet cadeau. Rama Yade voulait bien le maroquin, mais pas le mandat européen. Pas bête, la guêpe ! Sarkozy a sursauté d’indignation devant un tel « caprice » car pour lui, aime-t-il répéter, rien ne vaut la confrontation avec les électeurs. Soit. « Et puis à 31 ans, quand vous faites de la politique », explique l’entourage du président, « vous ne pouvez pas dire, l’Europe ça ne m’intéresse pas ». Un gros mot en pleine présidence française de l’Union européenne !
D’autant plus que depuis des mois, Rama Yade sollicitait régulièrement le Palais pour changer de poste. Les relations avec son ministre de tutelle, Bernard Kouchner, n’étant pas des plus faciles ! Mais Rama Yade a dit « non » à Sarkozy. Ouïe ! Résultat : elle est passée à côté d’une jolie promotion ministérielle. « Il n’y aura pas d’autres propositions », confie-t-on à l’Élysée. Même si pour l’instant, personne n’envisage de supprimer ce secrétariat d’État, comme le demandait le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, dans le Parisien.
D’ailleurs, selon un sondage CSA pour Le Parisien publié le 15 décembre, 48% des Français se disent favorables à ce que la défense des droits de l’homme soit prise en charge par un secrétariat d’État spécifique. Quant à Bernard Kouchner, il enregistre une chute spectaculaire de 10 points dans le baromètre mensuel Ifop pour Paris-Match quand sa secrétaire d’État en gagne 3 ! De quoi rassurer Rama Yade, même si Kouchner reste la personnalité préférée des Français…
Mais « Rama a manqué de courage », a confié le président à un visiteur du soir. Avant de souligner qu’il ne pouvait pas y avoir « deux catégories de politiques : ceux qui prennent des coups et ceux qui restent gentiment dans leur ministère ». En conseil des ministres, le 9 décembre, Sarkozy a d’ailleurs mis les points sur les « i » : « Un ministre n’est pas là seulement pour les petits-fours ! » Allusion directe à Rama Yade qu’il empêchait parfois de grignoter. Lors d’une réception à l’ambassade de France à Tunis, en juillet 2007, et devant un joli buffet garni de petits fours, Sarko avait lancé à sa ministre : « Fais attention à ton régime, Rama ! ».
C’est quoi, cette obsession des petits fours ?
Pourtant, entre Sarkozy et Rama Yade, l’entente a toujours été des plus cordiales. Vite repérée par le très sarkozyste Frédéric Lefèbvre au cours de réunions avec les nouveaux adhérents de l’UMP, Rama Yade est mise en avant par Sarko. Une vraie « société d’admiration mutuelle » entre eux ! Comme ce 14 janvier 2007, lorsque Rama Yade, secrétaire d’État à la Francophonie au sein de l’UMP, prend la parole au congrès. Mariée au socialiste Joseph Zimet, conseiller de l’actuel secrétaire d’État à la Défense, Jean-Marie Bockel, Rama Yade dénonce l’inefficacité du PS et lâche à la tribune : « l’UMP version Sarko, c’est quand même autre chose ». « Je n’ai pas vraiment la tête d’une Française de souche », s’amuse la jeune femme née au Sénégal. Véritable tabac dans la salle, qui l’applaudit chaleureusement. Sarkozy, lui, jubile de son audace.
À l’inverse, Rama Yade a toujours souligné l’ouverture d’esprit comme l’énergie de son « patron ». Une fois élu, le chef de l’État lui propose de seconder David Martinon, alors porte-parole du Palais. La jeune femme oppose un poli refus avant d’écarter une nouvelle proposition : celle de porte-parole de l’UMP. Décidément… Le président passe outre ces refus, amusé par le franc-parler de la jeune femme à « qu’il pronostique beaucoup d’avenir en politique », rapporte son entourage. Elle, n’a de cesse d’exprimer publiquement sa fidélité et sa reconnaissance pour celui qui l’a fait monter en politique.
Pourtant, dans l’entourage du président, la secrétaire aux droits de l’Homme d’État n’a jamais eu que des amis. Comme le très influent conseiller diplomatique du président, Jean-David Levitte. Après sa déclaration tonitruante au moment de la visite du colonel Kadhafi en France, fin 2007 – « Notre pays n’est pas un paillasson » –, Rama Yade se rend en Afghanistan avec Sarkozy et Levitte. « Jean-David dit que tu n’es pas loyale », lance le chef de l’État dans l’avion présidentiel. Réponse du tac-au-tac de Rama Yade, en présence de l’intéressé : « et lui, il est loyal ? Il a été balladurien et chiraquien ! » Chaude ambiance… Le temps n’a rien arrangé. L’été dernier, la secrétaire d’État avait nommé un nouveau directeur de cabinet. Quelques jours plus tard, ce dernier rendait visite au conseiller diplomatique du Château qui l’a reçu en déclarant : « Sachez que Rama Yade ne nous sert à rien ». C’est pire qu’au PS, dites-donc…
Selon un député sarkozyste proche du président, malgré l’épisode de la semaine dernière et l’hostilité du très influent Levitte, la benjamine du gouvernement restera dans le paysage politique. « Elle bénéficiera de l’effet juppette [les femmes ministres d’Alain Juppé, en 1995, rapidement virées] dont Sarkozy se souvient. Il est intelligent, il ne fera pas la même erreur. Même s’il se rend compte des limites de certains de ses ministres, il sait aussi qu’il lui sont indispensables en terme d’images ». À l’instar de Rama Yade ou de Rachida Dati, Fadela Amara, Martin Hirsch, Éric Besson et Jean-Marie Bockel ou Bernard Kouchner, les ministres de l’ouverture.
Plusieurs visiteurs du soir s’accordent pour souligner que le gouvernement s’apparente à un casting, dans lequel chacun endosse un rôle. Dès lors, difficile d’en supprimer un, sans remettre en cause l’équilibre général. Surtout quand celle qui est en cause est à ce point populaire dans l’opinion. Et le prochain gros remaniement n’est pas avant six mois… une éternité en « sarkozye » ! Jusque-là, Rama et Nicolas restent dans le même bateau…
À lire ou relire sur Bakchich :
Bjr,
Pourquoi parler de paradoxe, On peut promouvoir la diversité et en même temps, s’il le faut, na pas être d’accord avec quelqu’un qui est issu de la diversité. Il n’y a aucune contradiction … Attention aux raccourcis faciles …
» Rama Yade approuve l’usage du spray anti-SDF »
http://www.wikio.fr/webinfo ?id=47357778
Rama Yade, « l’Arlésienne » de Collombes
http://www.pour-politis.org/spip.php ?article620
Les gens de gauche ne l’aiment pas parce qu’elle est noire ? dixit Rama Yade !, personnellement, je n’ai pas de sympathie pour elle, parce qu’elle est arriviste et que ses discours sont ampoulés
http://videos.leparisien.fr/video/iLyROoaftCCh.html
"Mme Rama Yade commence à représenter un danger dans la perspective des présidentielles de 2012".
Trop drôle ! C’est comme à la star académie : son papa et sa maman postent des commentaires pour la faire gagner.
Un peu de sérieux s’il vous plaît. Royal est, elle aussi, un produit frelaté par la sauce médiatique mais au moins, elle n’a jamais eu peur de se confronter au suffrage des électeurs. Si son comportement est souvent sujet à caution, son action a toujours été reconnue dans ses différentes fonctions (député, présidente de région ou ministre).