Des lascars se faisant passer pour le fisc ou la douane ont brillamment escroqué des petits commerçants asiatiques. Qui ne se sont pas empressés de porter plainte.
Une petite psychose a gagné la communauté asiatique d’Ile-de-France entre novembre 2007 et septembre 2008. Enfin, essentiellement les commerçants de breloques et restaurateurs, qui se voyaient harcelés de coups de fils par le fisc, la douane volante ou tout simplement la police. Et menacés de contrôles, voire de fermeture, s’ils ne passaient pas un petit bakchich sous la table.
Et nombre d’entre eux, de Paris à Villejuif en passant par Levallois, sont passés à la caisse sans barguigner. Ni porter plainte. Un brin méfiants envers la justice et l’administration sans doute.
Un peu plus confiants, 18 hardis entrepreneurs ont préféré porter plainte, après avoir été délestés d’un butin estimé à 80 000 euros. Par la flicaille de Créteil.
Les coups de fil et menaces, assortis d’extorsion de fond ou vol, au choix, n’étaient pas du fait de la bienveillante administration française. Mais de 4 lascars au modus operandi savamment orchestré… Mais qui se sont toutefois faits gauler.
Tout d’abord, il s’agit de se montrer assez convaincant pour se faire passer au téléphone pour un inspecteur que gargotes et boutiques n’aiment guère voir débarquer. Au hasard, service de l’hygiène, fisc, douane ou encore policier.
Et une fois le coup de fil passé, guetter la réaction du personnel, grâce à un complice qui s’est installé dans la boutique. Si rien ne bouge, opération annulée. Si l’affolement prend, c’est banco. Souvent, un étrange manège s’opère. La recette du jour et les tickets restaurant sont exfiltrés, assortis de quelques factures de la boutique par les commerçants, dans une petite cohue et aux cris de « douane, douane, police ». Là, reste à nos lascars à cueillir le paquet que les tenanciers souhaitaient planquer. Gentiment si le commerçant croit encore avoir affaire à un agent de l’Etat. Ou à l’arraché s’il se trouve récalcitrant.
Las, la méthode a connu un petit raté. Un complice un brin radin a commandé un yaourt chez l’une des victimes, et s’est enfui sans payer… L’ADN « laissé sur l’opercule » a permis de remonter toute la filière.
Tout penaud lors de son interrogatoire, le chef-lascar confessait qu’il avait eu « l’idée en voyant une cliente payer ses courses dans un marché asiatique en ticket restaurant ». Il avait alors appelé ce supermarché en menaçant de les dénoncer à la douane et avait vu le commerçant quitter immédiatement la boutique avec un carton de tickets restaurant et d’espèces, qu’il avait supposé d’origine frauduleuse.
Un scénario qu’il a répété à l’envi avec ses compères. Et pour un ratio plutôt efficace. Comme le notent les poulets, quoique grugés, les « commerçants confirmaient avoir reçu de tels appels mais refusaient de porter plainte, certains pensant qu’il s’agissait encore d’un stratagème ». Seule une poignée s’est constituée partie civile.
Une étrangeté que les avocats des 4 lascars comptent bien enfourcher pour blanchir leurs poulains, mis en examen et renvoyés en correctionnelle pour « escroquerie en bande organisée, extorsion de fonds, vol et usurpation d’identité d’une personne dépositaire de l’autorité publique », selon l’ordonnance signée le 10 juillet dernier par la juge d’instruction Le Mesle. Avec un adage simple. Voler un voleur n’est pas un vol. Ou plus juridiquement : « pour que l’extorsion ou le vol soit caractérisé, il faut que l’objet du vol soit légal, précise à Siné et Bakchich, l’un des conseils ès lascar. S’il n’est pas déclaré ou n’a aucune existence, le vol n’existe tout simplement pas ».
A lire ou relire sur Bakchich.info
Encore une histoire qui ne tient pas debout…ils ont trouve l’ADN sur un yahourt. Ben voyons !
Il nous manque un petit pan de l’histoire…
Pour ceux qui veulent connaitre les relations de la police a Paris avec les restaurateurs chinois un peu recalcitrant, l’affaire RL MJD c. France a la Cour europeene des droits de l’homme est assez edifiante :
http://cmiskp.echr.coe.int/tkp197/view.asp ?action=html&documentId=704197&portal=hbkm&source=externalbydocnumber&table=F69A27FD8FB86142BF01C1166DEA398649
J’ai eu le même réflexe : à quoi peut donc bien servir un ADN si l’individu en question n’a aucun casier judiciaire ? Comment ont-ils ensuite "remonté toute la filière" ? Ca ne tient pas debout.
Quant à votre histoire à la Cour Européenne, elle est effectivement fort intéressante et éclaire cet article d’un jour nouveau…
cette histoire d’ADN peut paraître a priori incroyable, mais elle est vraie !
Bien entendu, le glacophile (amateur de pots de yaourts !) avait un casier et son ADN était déjà répertorié, sinon comment aurait on pu faire le rapprochement ?
Dire "ça ne tient pas debout cette histoire d’ADN" est aussi stupide que de dire "ça ne tient pas debout cette histoire d’empreintes digitales, il devait bien avoir un casier…" evidemment !!!
Bonjour, Juste pour corriger une petite erreur : il faut lire "barguigner" et non " baragouiner" ! Fidèlement et sans rancune.
barguigner v.i. barguigner [conj. 3] VIEILLI ou LITT. Sans barguigner, sans hésiter, sans rechigner : Elle s’est pliée sans barguigner à toutes nos demandes. Larousse Pratique. © 2005 Editions Larousse.
Désolé mais votre intervention semble fantasque. BARAGOUINER v. intr. XVIe siècle. Dérivé de baragouin. Fam. S’exprimer d’une façon incompréhensible ou incorrecte. Tous ces gens-là baragouinaient entre eux. Transt. Baragouiner une langue, la parler mal, de façon confuse.
De plus je n’ai jamais entendu qlq parler de baraguiner, mot qui doit dormir dans le cimetière de la langue française
Exact. Voler le produit d’un vol n’est pas du vol.
C’est du recel…
(La peine encourue est plus importante)
article 321-1 du code pénal : Le recel est le fait de dissimuler, de détenir ou de transmettre une chose, ou de faire office d’intermédiaire afin de la transmettre, en sachant que cette chose provient d’un crime ou d’un délit. Constitue également un recel le fait, en connaissance de cause, de bénéficier, par tout moyen, du produit d’un crime ou d’un délit. Le recel est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 375000 euros d’amende. (10 ans et 750 000 euros d’amende lorsqu’il est commis en bande organisée)
sauf qu’en l’espece, s’il n’y a pas délit de vol, il ne peut y avoir recel…