Un gang d’escrocs au Rapido a été déféré au tribunal pour avoir soutiré 17 000 euros à la Française des Jeux selon un stratagème simple mais efficace.
Au tournant des années 2000, les cerveaux de la Française des Jeux, toujours fertile pour détrousser les joueurs pour remplir les poches de l’Etat, trouvent leur pierre philosophale. Le Rapido, un loto instantané. Un tirage toutes les cinq minutes chez les buralistes équipés d’une télé spécialement dédiée, « une chance sur 5,5 de gagner ». Succès garanti. Ce jeu représente tout de même 20% du chiffre d’affaires de la gamme tirage en 2007, selon les chiffres clés 2008 de la Française des Jeux… « Simple et rapide : vous cochez, vous misez et vous gagnez aussitôt ! », claironne le site de l’institution.
De non moins fertiles cerveaux ont même un peu amélioré le jeu. En gagnant à tous les coups ou presque. Une bande de cinq petits plaisantins, baptisés par les flics de l’unité de recherche et d’investigation - groupe délinquance astucieuse (ça ne s’invente pas), « les Africains du Rapido ».
Du 27 février 2004 au 15 février 2006, les poulets ont repéré une dizaine de menus larcins commis par les gugusses, âgés de 20 à 35 ans, dans les cafés et tabacs parisiens qui proposent à leurs clients le Rapido.
Selon une technique enfantine, chaque fois remise sur le fil, et un énorme culot, les sacripants escroquaient la Française des Jeux. « Le mode opératoire état à chaque fois le suivant », détaillent les limiers dans leur PV de synthèse du 19 décembre 2006.
Etape 1, « un individu (toujours de type africain) se présentait au guichet s’annonçant comme gagnant du gros lot soit 10 000 euros, possédant un ticket enregistré chez ce même détaillant ».
Etape 2, plus difficile. Convaincre le buraliste de cracher le grisbi. Un exercice de style et de persuasion puisque le « gagnant » présumé ne présente jamais de vrai ticket. « Un second individu se présentant comme courtier à la Française des jeux téléphonait au gérant et lui donnait assez d’éléments précis pour le rassurer sur sa qualité : donnant les numéros gagnants du Rapido, le numéro confidentiel d’activation des ordinateurs de la Française des Jeux […] et ainsi faire remettre au gagnant des acomptes du gain, entre 300 et 4 500 euros ».
Une méthode simplissime mais diablement efficace. D’autant que les poulets font grâce aux buralistes d’un élément qui explique la facilité avec laquelle ils se délestent aussi facilement de leur fraîche. Un petit intéressement au gain. Pour tout gain de 10 000 euros dans leur établissement, le patron empoche 750 euros de primes par la Française des Jeux. Et l’appât de ce gain les rend bien plus avenants envers les vainqueurs. Et plumables par des escrocs tout de même bien renseignés. Outre « les numéros gagnants du Rapido », ils connaissent aussi également « le numéro confidentiel d’activation des ordinateurs de la Française des Jeux »…
Las, les investigations « auprès de la Française des Jeux et des courtiers ne permettaient pas d’établir pour l’heure une complicité interne ».
Et le 8 juillet, ce ne sont que « les Africains du Rapido » qui sont passés devant la 13e chambre correctionnelle de Paris pour escroquerie en bande organisée. Ainsi, 17 000 euros de gains ont été soustraits aux buralistes. La Française des Jeux, qui génère un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros au Rapido, s’est quant à elle portée partie civile…
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Question judicieuse. En fait dans cette escroquerie, les buralistes, autant aveuglés qu’excités par la perspective de toucher un pourcentage sur les gains remportés chez eux (eh oui !) en ont perdu tout sens commun, toute prudence et oublié le respect des procédures.
Ainsi certains sont-ils allés jusqu’à "gober" l’argument du faux courtier de la FDJ, les appelant d’une simple cabine téléphonique, selon lequel leur machine à vérifier les billets avait été bloquée "pour éviter que le gagnant aille empocher ses gains chez un autre buraliste et pour vous permettre de toucher la prime" (sic !) et le courtier d’assurer : "donc son ticket sera annoncé perdant en machine, mais c’est normal" (re-sic !)
et quand l’escroc se présente, en se prétendant le gagnant, le buraliste lui paie sans sourciller, en échange d’un ticket perdant, une avance jusqu’à plus de 1 500 Euros, alors qu’au delà de 500 les gains doivent être empochés dans un centre de la FDJ…
Le lendemain, le buraliste attend la venue de l’heureux gagnant et du courtier de la FDJ, avec son chèque et son champagne…en vain !!!
Cette naîveté doublée d’une imprudence confinant à la bêtise, a certainement pesé lourd dans la décision du Tribunal qui, visiblement amusé par cette affaire, a relaxé l’un des prévenus et a condamné un autre à une peine modérée. La FDJ n’avait pas osé se porter partie civile ce qui est tout de même curieux… la plupart des buralistes floués, non plus. sauf un, qui confondant Justice et loto,a réclamé 5 000 euros… il lui a été accordé 500, soit 10 fois moins. eh oui, la Justice, c’est pas facile, ça coûte cher et ça rapporte pas gros !!