Le G20 tant attendu risque de décevoir. La solution serait peut-être plutôt de revenir à la rigueur et de ressouder les relations franco-allemandes.
La grand messe du G20 est finie avant que d’avoir été dite. Et à l’Elysée, on a bien compris qu’il s’agissait plus d’un G vain que d’un G20. Néanmoins, la préparation de cette réunion aura été plus instructive qu’il n’y paraît.
Les Européens ont découvert à la manœuvre la nouvelle administration américaine et le moins que l’on puisse dire est que le résultat n’est pas très probant. Certes, les discours enflammés de Larry Summers sur la relance économique insuffisante menée en Europe n’ont guère surpris. Même pas par leur style car le personnage a la réputation d’être fantasque. Mais chacun voit que cela s’oppose directement à des déclarations de Volcker, l’ancien responsable de la Réserve fédérale dans les années 80 devenu un des conseillers les plus écoutés d’Obama. Car Volcker réclame la prudence et soutient qu’il va falloir adopter une stratégie de défense du dollar si l’on veut éviter d’avoir des difficultés dans le placement des emprunts d’Etat. La récente déconvenue du Trésor britannique qui n’a pas trouvé preneur au taux prévu pour le montant mis sur le marché a jeté un froid parmi les tenants de la relance tous azimuts, du déficit sans limite et de l’inflation programmée.
De la confusion qui règne à Washington et de l’ambiance fin de règne qui s’empare de Londres - on commence à y pourchasser les ministres pornographes comme au temps de la débâcle de John Major…- Sarkozy a retiré la conviction qu’il fallait se réconcilier avec les Allemands. L’automne dernier avait été mis à profit pour se réconcilier avec la BCE. Le printemps permettra de revenir aux amours allemandes.
A Berlin, on est tout disposé à accueillir un Sarkozy repentant. Comme on le dit chez les diplomates, le couple franco-allemand est un couple au sens plein du terme : il y a de temps en temps des coups de canif dans le contrat, mais rapidement, on passe l’éponge et tout rentre dans l’ordre. Mitterrand, Chirac avaient eu eux aussi des tentations anglaises. Puis, tout s’était apaisé.
Chez Sarkozy, le retour allemand tend comme dans tout ce qu’il fait à prendre un tour excessif. Non seulement il refuse d’entendre les sirènes de ceux qui voudraient amplifier le plan de relance sur la base de ce que font les Anglais qui acceptent un déficit de 9% du PIB ou les Américains qui vont gaillardement vers 13%, mais il maintient son objectif de contenir les dépenses de fonctionnement de l’État en réduisant le nombre de fonctionnaires.
Face à ceux qui insistent sur le fait que le nombre élevé de départs à la retraite dans le secteur public permettrait en simplement maintenant les effectifs d’offrir des débouchés utiles en ces périodes de chômage, il fait la sourde oreille, tandis que Fillon rappelle autour de lui le discours de Saint Quentin sur ce sujet. Sarkozy n’emploie pas les mots du Premier ministre sur « l’Etat en faillite » mais une angoisse l’a pris sur les modalités de reprise en main des finances publiques. La récente décision de l’Etat de New York de procéder, après une décision analogue de la Californie, à une hausse d’impôts, rend plus actuelles que jamais les notes de Bercy insistant sur le fait qu’il sera difficile de revenir à l’équilibre budgétaire sans mettre en place des hausses d’impôts importantes. C’est ce que Juppé avait fait naguère avec le succès électoral qui s’en suivit…
Bref, à l’Elysée, l’heure économique est à la rigueur allemande plus qu’à l’inventivité dépensière anglo-saxonne et le G20 sera une occasion de le rappeler.
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