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Quand Chirac et Balladur se disputaient les caisses noires (IVè partie)

Vente d’armes DCNI/Thales (IV) / lundi 30 juin 2008 par Laurent Léger, Nicolas Beau
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Ventes de frégates, sous-marins, torpilleurs et autres bateaux militaires : autant de marchés juteux signés par nos hommes politiques et les industriels, et dont « Bakchich » raconte les coulisses. La bagarre qui a déchiré la droite pour la présidentielle de 1995 a perduré pour le partage des commissions obtenues sur ces beaux contrats. Dès l’élection de Chirac, les intermédiaires jugés trop à la solde des balladuriens sont virés. On envoie même une société de sécurité les effrayer un peu…

Jacques Chirac élu à l’Elysée, c’est le grand chambardement dans les principaux contrats d’armement des années 1990, les marchés « mammouths » comme disent les spécialistes. Une étude publiée en 2003 par le service historique de la Défense, émanation très sérieuse du ministère de la Défense, l’a même souligné : « Notons que sur l’initiative de Jacques Chirac quelques amendements sont apportés au contrat Sawari II. Le nouveau chef de l’Etat français obtient, en particulier, la diminution du montant des “commissions” versées en pareil cas aux “intermédiaires” ». Tout y est, mais la fameuse étude a depuis été retirée du site du ministère. Cela faisait désordre…

Le roi Chirac prêt à tout pour un peu d’or séoudien - JPG - 52.3 ko
Le roi Chirac prêt à tout pour un peu d’or séoudien
@ Khalid

Bakchich l’a raconté jeudi 26 juin, la précipitation du gouvernement Balladur à engranger de juteux contrats (un avenant au marché des frégates de Taiwan, d’autres frégates vendues à l’Arabie saoudite, des sous-marins au Pakistan, en tout 3,9 milliards d’euros de matériels) avant la présidentielle de 1995 n’a probablement rien laissé au hasard. Certes, pour la vitrine, le résultat est formidable : l’emploi sera préservé dans les arsenaux grâce à ces millions d’heures à fabriquer tous ces beaux engins.

Des commissions pour la campagne de Balladur ?

Mais le soupçon s’est installé : Balladur aurait utilisé ces contrats pour financer sa campagne. Les commissions perçues par l’équipe qui gagne, les intermédiaires Ali Bin Mussalam et Ziad Takieddine, auraient-elles atterri dans les caisses des balladuriens ? Aucune enquête judiciaire a cherché à le savoir, mais pour Chirac, pas de doute. Le nouveau président s’en serait même ouvert au Roi Fahd : « Il n’y aura plus rien pour Balladur ».

Des clés pour comprendre les entourloupes

En 1995, Edouard Balladur va affronter Jacques Chirac pour la présidentielle. Les équipes du Premier ministre sont menées par trois ministres influents, François Léotard, Charles Pasqua et Nicolas Sarkozy.

La DCN, direction des constructions navales, fabricant de bateaux, frégates et autres sous-marins, est un établissement public relevant du ministère de la Défense jusqu’en 2003, où elle devient DCNS : Thales prend un quart de son capital et son statut est désormais hybride.

La filiale de DCN, DCN International (DCNI) avait été crée pour commercialiser les bateaux que les techniciens et ingénieurs de DCN ne pouvaient vendre. Discrètement, elle a servi également pour les paiements de commissions aux intermédiaires… Son activité aujourd’hui se cantonne aux contrats anciens qu’il s’agit de gérer jusqu’à leur extinction. Son rôle est aujourd’hui assumé par Armaris, filiale commune DCNS-Thales.

La Sofresa est une société réunissant à la fois l’Etat et les industriels de défense, destinée à servir d’interface entre la France et l’Arabie saoudite dans les contrats de matériels militaires. L’Arabie a toujours souhaité avoir directement le gouvernement français, ou ses représentants, pour négocier les achats d’armement. Elle ne faisait pas confiance aux sociétés à statut privé.

L’équipe principale d’intermédiaires ayant servi aux grands contrats, et qui ont pu connaître du versement des commissions a été constituée autour d’Ali Bin Mussalam, un Saoudien proche du roi Fahd, et de plusieurs Libanais : Ziad Takkieddine, Abdul Rahman El Assir, l’ex-beau-frère de l’un des plus importants intermédiaire saoudien, Adnan Kashoggi, et Omar Zaidan.

Le grand nettoyage commence donc. Des investigations sont menées par la DGSE sur des proches de François Léotard, dont on imagine qu’ils ont pu être informés en interne sur les intermédiaires et leurs contacts en Arabie saoudite. La Chiraquie triomphante remet en cause à la fois le patron de la Sofresa, la société rassemblant l’Etat et les industriels pour traiter avec l’Arabie saoudite, et les intermédiaires choisis par les balladuriens. De la Sofresa est viré Jacques Douffiagues, son président, grand copain de Léotard, pour laisser la place à Michel Mazens, un homme dans la ligne du nouveau pouvoir, considéré comme proche du RPR, l’un des ancêtres de l’UMP.

DCNI envoie des gros bras secouer les intermédiaires

Côté intermédiaires, ça valse sec. DCNI, la filiale commerciale de la Direction des constructions navales, chargée de commercialiser les bateaux et de régler quelques jolies commissions, mandate une société de sécurité privée pour secouer Ziad Takieddine, l’intermédiaire fort en cour chez les balladuriens. Ce dernier avait signé en juillet 1994 un contrat de consultant avec DCNI, via sa petite structure panaméenne, Mercor Finance (cliquer ici pour revoir les documents publiés par Bakchich).

Il faut l’empêcher de toucher le reste de la commissions sur les sous-marins pakistanais. Control Risk Management, alors dirigée par Frédéric Bauer, facturera (voire notre document ci-dessous) 120 600 francs, soit 18400 euros. L’objectif est d’exiger - gentiment, bien sûr - que Takieddine accepte de signer immédiatement un avenant, l’engageant à renoncer à partir de la fin août 1996 à son contrat de consultant. On le vire, mais il aura finalement perçu 88% des sommes dues, ce qui fait quand même un joli pactole…

La facture adressée par Control Risk Management à DCNI pour avoir gentiment impressionné les intermédiaires. Objectif de la Chiraquie, faire en sorte de « rapatrier » les commissions. - JPG - 31.5 ko
La facture adressée par Control Risk Management à DCNI pour avoir gentiment impressionné les intermédiaires. Objectif de la Chiraquie, faire en sorte de « rapatrier » les commissions.

Un autre homme d’affaires mêlé aux négociations, Omar Zaidan, un personnage haut en couleur qui fut longtemps installé dans des bureaux au-dessus du Fouquet’s, sur les Champs-Elysées, est lui aussi écarté. Pas pour avoir fréquenté le général Jacques Mitterrand, le frère de l’autre, dont il était proche, mais plutôt l’équipe liée à François Léotard.

Les proches d’Hariri grands gagnants ?

De même pour l’associé de Takieddine, Ali Bin Mussalam. Son contrat, déposé dans le coffre d’une banque suisse, le liant à la Sofresa pour la vente des frégates à Riad, est déchiré, « en dépit des nombreux coups de fil de pression, d’amis haut placés, pour essayer d’arranger les choses », a raconté Mazens dans un livre. Le solde de la comm que Bin Mussalam n’a pas touché va être réorienté. On parle de proches du Premier ministre Rafic Hariri, grand copain de Chirac…

Ça se passe comme ça en Chiraquie.

Lire ou relire les trois premiers volets de notre enquête :

Durant deux ans d’enquête préliminaire, les flics ont découvert à la Direction des constructions navales (DCN) les caisses noires des grands marchés d’armement français de ces dernières années. Pour l’instant, la justice qui vient de confier le dossier à (…)
« Bakchich » a pu se procurer des documents confidentiels sur le fonctionnement de la Direction des constructions navales (DCN), montrant notamment le rôle clé joué par l’intermédiaire Ziad Takiedine, à l’époque où Edouard Balladur était Premier (…)
Comme l’a révélé hier « Bakchich », les mises en examen commencent à tomber dans l’affaire de la Direction des constructions navales, notamment le mercredi 25 juin, contre un ancien de la Dst, qui menait de discrètes missions pour nos vaillants vendeurs (…)

Demain dans Bakchich, la suite de notre saga ou comment la France négociaient avec un ancien proche de Pinochet pour vendre la camelote militaire

Pour lire la traduction en anglais de cet article sur Bakchich :

Bakchich tells the backstage story about the frigate sales, submarines, torpedo boats and other military boats : many juicy markets signed by our politicians and industrialists. The fight that tore the right-wing apart for the 1995 presidential (…)

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22 MESSAGES
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Forum

  • Quand Chirac et Balladur se disputaient les caisses noires
    le vendredi 4 juillet 2008 à 02:26, jean pierre jacqet a dit :
    L’Art Premier pour les Grands dans cette République consiste à bien piquer dans les Caisses Publiques.
    • Quand Chirac et Balladur se disputaient les caisses noires
      le dimanche 13 juillet 2008 à 11:16, zadiglevizir a dit :
      quelques infos cher jean pierre. Malgré la présence d’un code d’éthique irréprochable et incontournable, le groupe THALES après bien d’autres condamnations (délit d’entrave,plusieurs discriminations confirmées par la cour de cassation etc…), le 4/7/2008 le TGI de Nice osait condamner THALES TEC carrément…. pour corruption (affaire du tramway de Nice) avec de lourdes peines…ça fait désordre n’est ce pas ?? d’autres enquêtes préliminaires sont dilligentées sur le même sujet auprès du Procureur de Paris MR jc MARIN….mais Backchich est déja d’accord avec nous : aucune chance d’aboutir du fait de la présence d’un magistrat salarié (détaché) à THALES issu du même Parquet (ça ne s’invente pas !) que l’ami Jean Claude… c’est aussi ça la justice et ses disfonctionnements effrayants, mais après tout il faut bien vivre et s’entre-aider (carrière oblige) entre copains n’est ce pas ??? quant à la déontologie (les serments de magistrats par exemple) on s’en tamponne le coquillard bien évidemment !!…vogue la galère FRANCE !!!!… lorsque la justice est défaillante…la seule barrière restante face au peuple est celle des CRS…..
  • Quand Chirac et Balladur se disputaient les caisses noires
    le mercredi 2 juillet 2008 à 22:00, nemo3637 a dit :
    Sous un air bonnasse, l’ancien directeur du Tunnel du Mont Blanc ne m’apparait pas très net : n’est-ce pas pas quelque peu étrange de payer ses courses de taxi avec de la monnaie contenue dans une petite boite en fer blanc tenue par un élastique. C’est un signe, non ?
    • Quand Chirac et Balladur se disputaient les caisses noires
      le lundi 23 février 2009 à 17:20, le gall a dit :
      combien a-t-il payé le chalet de chamonix qu’il occupait comme maison de fonction du directeur du tunnel du mont-blanc ? OU est-ce une réquisition ?
  • Quand Chirac et Balladur se disputaient les caisses noires
    le mardi 1er juillet 2008 à 15:26, zadiglevizir a dit :
    on n’a pas droit à la suite de la saga ENTRE AUTRES des gens qui négociaient avec un pote de … Pinochet… que se passe t’il Nicolas et Laurent … ???? déjà en vacances !!!!
    • Quand Chirac et Balladur se disputaient les caisses noires
      le mardi 1er juillet 2008 à 16:05, La rédaction a dit :
      Cher Zadig, La suite de notre série ne saurait tarder. La rédaction
  • Quand Chirac et Balladur se disputaient les caisses noires
    le lundi 30 juin 2008 à 21:15
    Qui était au Finances en 1994, losque le contrat Sawarii II est signé à Casablanca ? Qui était à la DGA en 1994 et son frêre à la Défense ? Pourquoi le fils du Cheikh Ali Bin Musaalam se rendait au 40 rue Pierre Charron régulièrement ?
  • Quand Chirac et Balladur se disputaient les caisses noires
    le lundi 30 juin 2008 à 17:40, muriel a dit :
    je ne pense pas que ce soit leo qui soit a l origine de ces infos..quelque chose me dit que….ce n est pas lui !ou alors j ai tout faux !leo n est pas aussi calculateur qu on le pense !il est beaucoup plus romantique et tendre qu on ne le croit..il n y a qu a lire…ça va mal finir et on comprendra a quel point il peut etre réceptif a ce qui n est pas de l ordre du "matériel".c est un homme hors du commun, et tellement sensible, qu on ne peut l accuser,et ce n est pas son style, chers lecteurs, d avoir,un jour l idée saugrenue, de balancer qui que ce soit !!!!!!!!!
    • Oui le syndrome romantique des coffres-forts blindés d’oseille
      le lundi 30 juin 2008 à 22:53, cassandre a dit :

      il peut peut etre réceptif a ce qui n est pas de l’ ordre du "matériel".

      Oui, quand il dort …

      Durant toute sa vie politque cet homme , tout comme son père, s’est servi de l’appareil d’Etat pour s’enrichir, et vivre aux frais de la princesse.

      Il continue après sa retraite en étant logé par la famille Harriri dans un appartement de 240 mètres carrés , alors que le Canard nous a révélé que les Hariri ont fait des affaires immobilières grâce à Chirac et le système de voyous mise en place au temps où il était Maire de Paris, et l’autre nous parle de romantisme !?

      Vous sortez de quelle planète ? Neuneuland ?

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