La cour de Strasbourg a décidé que les procureurs, en France, ne représentent aucunement l’ « autorité judiciaire » alors que Nicolas Sarkozy veut leur donner tous les pouvoirs…
Tout démarre avec le cargo Le Winner, battant pavillon cambodgien. Apprenant au printemps 2002 que le navire est susceptible de transporter de grosses quantités de drogue, les autorités maritimes françaises l’ont intercepté au large des Canaries et rapatrié à Brest. C’est le parquet de Brest qui dirige les premières mesures. Une information judiciaire est ensuite ouverte et l’enquête se déroule normalement. Au finish, plusieurs membres de l’équipage seront condamnés par une cour d’assises. Le capitaine grec Georgios Boreas prendra 20 ans de réclusion, le chef-mécanicien chypriote Symeon Theophanous, 17 ans et un marin, 12 ans de réclusion pour trafic de stupéfiants en bande organisée.
Mais ces derniers ne se sont pas laissés intimider par les fiers magistrats français. Ils ont saisi à Strasbourg la Cour européenne des Droits de l’Homme, assurant avoir été victimes d’une privation arbitraire de liberté. Ils soulignent qu’après l’interception du Winner, ils ont été détenus sur le bateau durant treize jours avant d’être transférés à terre, sous la surveillance des forces militaires françaises et hors du contrôle d’une autorité judiciaire. Ils assurent du coup ne pas avoir été « aussitôt » traduits devant un juge, comme l’exigent les textes.
« Toute personne a droit à la liberté et à la sûreté. Nul ne peut être privé de sa liberté, sauf dans les cas suivants et selon les voies légales (…)
c) s’il a été arrêté et détenu en vue d’être conduit devant l’autorité judiciaire compétente, lorsqu’il y a des raisons plausibles de soupçonner qu’il a commis une infraction ou qu’il y a des motifs raisonnables de croire à la nécessité de l’empêcher de commettre une infraction ou de s’enfuir après l’accomplissement de celle-ci ».
La décision de la Cour de Strasbourg, datée du 10 juillet 2008, a créé la surprise dans le monde judiciaire. Selon elle, les magistrats du parquet français ne sont pas membres de l’autorité judiciaire. Messieurs Marin, Courroye et autres procureurs doivent se sentir dans leurs petits souliers…
Alors que faire du parquet s’il n’est pas autorité judiciaire ? « Il lui manque en particulier l’indépendance à l’égard du pouvoir exécutif pour pouvoir être ainsi qualifié », dit la Cour des Droits de l’Homme en condamnant la France. Que les procureurs ne soient pas indépendants du pouvoir exécutif, cela n’avait échappé à personne. Mais dans l’organisation judiciaire les membres du parquet sont néanmoins des magistrats à part entière… Bref, la Chancellerie cherche à se débarrasser de cette jurisprudence de la Cour qui s’impose en droit français : elle a fait appel et demandé qu’elle revoie sa copie. La chambre plénière se prononcera in fine. Mais, depuis, l’annonce de Nicolas Sarkozy de supprimer le juge d’instruction pour confier l’enquête aux procureurs rend l’affaire inextricable.
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Yannick Massé 31500 Toulouse
Madame la Présidente, M. le Président, Commission de Révision des Condamnations Pénales Cour de Cassation Palais de Justice 5 Quai de l’horloge 75055 Paris RP
Toulouse le 07 Février 2010
Madame la Présidente, Monsieur le Président,
Je souhaite porter à votre connaissance copie jointe à la présente, de la requête devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme que mon père Daniel MASSÉ et moi-même - en tant que son représentant - nous sommes trouvés contraints de déposer étant données les circonstances au regard de la situation actuelle de mon père.
Vous en souhaitant bonne réception je vous prie d’agréer, Madame la Présidente, Monsieur le Président, l’expression de ma plus haute considération.
Yannick Massé
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HTTP ://WWW.PRESUME-COUPABLE.COM
La jurisprudence de la C.E.D.H s’applique dans tous les etats signataires. Pour la France, la Convention s’applique depuis 1974.
La France est ensuite oblige de prendre des mesures generales (nouvelle legislation par ex) par le comite des ministres du conseil de l’europe.
Toute les avancees du code de procedure penale le sont a la suite de condamnation de la France… (Tomasi, Selmouni…etc).
Le parquet poursuit au nom du peuple. Même si les réquisitions écrites des magistrats du parquet doivent être conformes aux instructions qu’ils recoivent de la chancellerie, ils sont absolument libres dans leurs réquisitions orales qui sont les seules à être prises en compte dans une procédure juficiaire. Le "hic", c’est que si la discipline d’un magistrat du siège relève exclusivement du Conseil supérieur de la magistrature (indépendant de l’exécutif), ce n’est pas le cas des magistrats du parquet qui peuvent être sanctionnés directement par la chancellerie.
Sur les sanctions, il faut aussi s’entendre : une distorsion entre des réquisitions orales et écrites ne provoquerait guère de choses plus désagréables qu’une mutation.
Le parquet est soumis à l’exécutif mais il y a les gens propres et les autres : ceux qui exercent leur métier proprement et ceux qui exécutent les basses oeuvres. Quand l’Etat français a perdu ses attributs républicains, on a vu un préfet être mis hors cadre et prendre les renes de la Résistance et on a vu un secrétaire général (un sous préfet) signer la déportation d’enfants jifs …