Les pieds de la Bonne mère avaient bien besoin d’un coup de chaud pour passer les frimas de Noël et de la Saint Sylvestre.
Le redoux a commencé par une étrange célébration, à l’église des Réformés, tout en haut de la Canebière. « Une messe en l’honneur des Francs-Maçons », confesse un élu local, tout étonné d’apprendre que les frères de Lumière fréquentent les soutanes.
Sur les bancs, notables de la ville et politiques, notamment Patrick Mennucci, maire du 1er/7e arrondissement, dont les nuits ne sont peuplées que par des rêves de mairie. Et non loin de là, Henri Jibrayel, député socialiste des quartiers nord et conseiller général des Bouches-du-Rhône.
Une fraternité suffisante pour que le bon Henri entre dans le viseur du patron des socialistes locaux, et président du CG13, Jean-Noël Guérini. Ciblé par une enquête de la Juridiction interrégionale spécialisée pour trafic d’influence sur les marchés publics, "Nono" Guérini est persuadé d’être victime d’une cabale politique, « dont l’origine vient à 20% de notre camp », a-t-il juré devant ses proches, et lors de l’assemblée générale de la Socoma (Société coopérative de manutention, bastion socialiste sur le port) dont il est devenu 2e président.
Et dans ces 20%, à l’approche de la nativité, Nono a le temps d’une petite réunion avec une dizaines de socialistes du cru, inclus Jibrayel.
Sitôt la nouvelle arrivée à ses oreilles, le palpitant d’Henri tremble. Et Jibrayel de faire le pied de grue pour être reçu par Nono, menaçant même de faire une grève de la faim devant la préfecture pour que son honneur soit lavé.
Des menaces qui ont fait se gondoler le microcosme local. « Il a de la réserve et ça lui fera du bien avant les fêtes », ont persifflé les grandes bouches marseillaises, impatientes d’observer le gréviste. « Heureusement qu’il ne l’a pas fait, se réjouit un de ses amis, sinon une phrase prononcée par Guérini devant 10 personnes aurait eu une résonance dans toute la ville ».
Une grève de la faim avortée qui s’est malgré tout terminée par un passage aux urgences de Jibrayel le 22 décembre au soir. Et un ballet d’ambulances autour du Vaisseau bleu, siège du Conseil Conseil général. Le député, rose de colère de n’être pas reçu par Nono, a fait un gros malaise dans le bureau mitoyen du président du département… Et Jibrayel d’en être quitte pour un petit régime pour les fêtes.
« C’est la blague en cours chez les socialistes, témoigne un élu de la ville, si tu veux éviter une cure d’amaigrissement à Murano [célèbre station de remise en forme italienne], rapproche toi des Guérini ».
Mauvaise galéjade. Bakchich a pu le vérifier. Ni Jean-Noël, parti passer les fêtes vers Marrakech, ni son frère Alexandre, patron d’une société de nettoyage et également visé par l’enquête pour trafic d’influence n’ont fondu sous la pression judiciaire.
Alex prend bien garde à ce que les perquisitions glissent sur lui comme l’eau salée sur la sardine…Les deux camions chargés de documents des gendarmes, fruits de leurs perquisitions du 18 novembre à son domicile et à son lieu de travail ne l’empêchent pas de nager. Dans les eaux très claires du cercle des nageurs marseillais, le CNM, rendez vous de la haute marseillais, où le plus petit des Guérini serre la moindre des paluches ; et connait tout le monde.
« Il se demande pourquoi le juge ne l’a pas convoqué, pourquoi il ne l’a pas mis en examen, il est un peu comme un lion en cage à se demander ce qu’on lui reproche », décrypte un proche. « Mais regardez, depuis que l’enquête a été dévoilé, il a cessé de passer des coups de fil. Son portable est sur écoute. Et les gars qu’il poussait au cul pour nettoyer les rues de la ville ne bossent plus ». Le départ d’Alexandre vers la Corse pour le nouvel an ne les aura pas plus motivés… Ni incliné le fier Alex, friand de charcutaille de l’île de Beauté, au régime.
Pas vraiment adepte d’une diète- « les Marseillais croiront que j’ai le cancer si je maigris »- l’édile de la ville Jean-Claude Gaudin a comme chaque année, eu droit à une mauvaise rumeur qui l’envoyait ad patres, au soir du 30 décembre. « Imbécilité récurrente entretenues par des adversaires destinée élégamment à faire oublier leur turpitudes », tranche son premier cercle, « ou des successeurs putatifs trop pressés ».
Entre toutes ces tambouilles, au moins la Bonne mère n’a-t-elle pas eu le temps de s’ennuyer.
A lire sur Bakchich.info :