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Joe Biden peut-il sauver le soldat Obama ?

Présidentielle américaine / lundi 25 août 2008 par Doug Ireland
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En chute libre dans les sondages, Barack Obama n’a pas choisi Joe Biden par hasard au poste de candidat à la vice-présidence. Une décision stratégique donc, mais qui ne l’exempte pas de reprendre en main sa campagne, devenue sacrément molle.

Le choix par Barack Obama du sénateur du Delaware, Joe Biden, comme son candidat à la vice-présidence, est finalement intervenu le 23 août. Soit après une semaine de dégringolade dans les sondages pour le candidat démocrate.

Ainsi, dans quatre sondages nationaux – ceux du Los Angeles Times-Bloomberg News, du New York Times-CBS, du Wall Street Journal-NBC et du Centre de Recherches Pew –, Obama a perdu l’avance de 5 à 7 points qu’il avait sur son rival républicain, John McCain. Le léger avantage qu’Obama est supposé encore avoir se confond maintenant avec les marges d’erreur des études d’opinion. Ce qui signifie, en clair, que les deux candidats sont statistiquement à égalité auprès de l’opinion publique.

Les raisons du choix de Joe Biden se trouvent justement dans ces sondages. Par exemple, dans celui du Los Angeles Times-Bloomberg News, 17 % des personnes interviewées estiment que « le pays n’est pas prêt pour avoir un président noir ». Ce chiffre est énorme et, puisque les électeurs mentent toujours aux sondeurs sur les questions raciales, la réalité est sans doute bien pire. La majorité écrasante de ceux qui ne veulent pas voter pour Obama à cause de la couleur de sa peau se trouvent majoritairement dans la classe ouvrière et ceux qui se situent au bas de l’échelle socio-économique. Comme le souligne le directeur du sondage Pew, le respecté Andrew Kohut, « McCain a progressivement gagné des soutiens au sein de la classe ouvrière blanche pendant les deux derniers mois ».

Joe Biden, vice-président du candidat démocrate Barack Obama - JPG - 16.6 ko
Joe Biden, vice-président du candidat démocrate Barack Obama
(DR)

Un enfant de la classe ouvrière

Joe Biden est lui-même un enfant issu de cette classe ouvrière. Il est très populaire dans le monde syndical, auquel il sait parler avec brio. Lorsqu’on a entendu Biden prendre la parole devant une assemblée de syndicalistes, on sait à quel point, grâce à son parler aussi bien terre-à-terre que passionné par les soucis économiques, il est capable de faire se lever les foules syndicales. Avec Biden, Obama se dote donc d’un outil de campagne destiné à limiter les dégâts chez les ouvriers.

Biden est de surcroît à même de prendre à bras le corps la question raciale. Il est capable de sortir aux ouvriers : « Ne te laisse pas berner, tu dois voter pour tes intérêts économiques quelle que soit la couleur du candidat, blanc, noir, vert, ou pourpre ! ».

Le choix de Biden n’est pas non plus le fruit du hasard quand on sait que, dans ces sondages, Obama conserve son avance sur les questions économiques. Pour gérer l’économie en temps de crise, il est en effet préféré à McCain avec une marge moyenne d’environ 20 points. Parmi tous les candidats démocrates potentiels à la vice-présidence, Biden était vu par les stratèges d’Obama comme le plus doué pour traiter des questions économiques avec crédibilité et, ainsi, contrecarrer un racisme larvé.

Tactiquement, Biden peut aider Obama à remonter la pente auprès des ouvriers blancs dans de gros États clés dominés par cette classe sociale. C’est le cas de la Pennsylvanie, de l’Ohio et du Michigan. Et il se trouve que Biden a ses racines en Pennsylvanie, étant né dans la ville de Scranton, un bastion de la classe ouvrière pennsylvanienne, où une partie de sa famille vit d’ailleurs encore. Du coup, sa notoriété s’étend à l’ensemble de cet important État. Biden réside peut-être à Wilmington, la capitale du petit État du Delaware mais celle-ci n’est qu’à 40 kilomètres de Philadelphie, la plus grosse ville de Pennsylvanie. En outre, le Delaware est accolé à la Pennsylvanie du Sud et desservi par les télévisions de Philadelphie. A tel point que Biden est parfois surnommé « le troisième sénateur de Pennsylvanie » (chaque État a deux sénateurs). Il peut donc légitimement aider Obama à cadenasser cet État.

Si en plus c’est un bon catholique…

Biden a également le bon goût d’être un catholique pratiquant. Ce qui aide, avec les ethnies catholiques issues de l’immigration du XIXème siècle et qui constituent la majorité de la classe ouvrière blanche de l’Ohio comme de la Pennsylvanie. Il affiche en outre une histoire familiale des plus touchantes.

Quelques jours après son élection au Sénat en 1972, Biden a perdu sa femme et leur enfant, une petite fille de 13 mois, dans un accident de la route après que la voiture familiale ait été percutée par un autre véhicule. Très affecté, Biden s’est ensuite dévoué à ses deux fils qui, bien que blessés, ont survécu à la tragédie. Contrairement à la plupart des sénateurs, il n’a jamais acheté de résidence à Washington, préférant prendre le train du Delaware tard chaque soir pour rejoindre sa famille. Ce lourd passé familial représente un atout auprès des ouvriers catholiques et a pesé dans le choix d’Obama.

Lorsque Biden présidait la Commission pour la Justice du Sénat – il a occupé ce poste pendant seize ans –, il a été, en 1994, l’auteur d’un projet de loi octroyant de l’argent fédéral pour le recrutement de 100 000 policiers par les polices locales. Résultat, Biden est aujourd’hui très populaire chez les policiers, ce qui représente un sérieux atout auprès de la classe ouvrière blanche en proie à des angoisses sécuritaires.

Pendant des semaines, les attaques à répétition de McCain contre Obama sur les affaires étrangères, ont suscité des interrogations sur les objectifs du candidat démocrate, accusé, au sujet de l’Irak, par McCain de « vouloir perdre une guerre pour gagner une élection ». Parfois, les excès verbaux de McCain ont frôlé l’accusation de « trahison » contre son rival, ce qui a lourdement contribué à la dégringolade d’Obama dans les sondages. Par exemple, dans lcelui du Los Angeles Times-Bloomberg News, 35 % des sondés disent se poser des « questions sur le patriotisme d’Obama ».

Pour ne rien arranger, les attaques (reprises en force par McCain) d’Hillary et de Bill Clinton qui, lors des primaires, accusaient Obama de ne pas avoir assez d’expérience pour être président et faire face aux crises à l’étranger, ont aussi fait des dégâts. Surtout après la crise en Géorgie, puisque dans tous les sondages, Obama souffre d’un « déficit d’expérience », donnant un avantage de 20 points à McCain quand on pose la question de « qui a assez d’expérience pour être président des États-Unis ? ».

Dans ce contexte, le choix de Biden, 66 ans, est aussi destiné à renforcer le patriotisme de son jeune colistier et à combler son soi-disant manque d’expertise. Il faut en effet reconnaître qu’avec 36 ans passés au Sénat et une solide expérience acquise comme président de la Commission des Affaires étrangères sénatoriales (il l’est toujours), Biden fait figure de « senior » rassurant et expérimenté.

La campagne d’Obama manque de souffle

Mais le colistier d’Obama ne peut à lui seul inverser la chute dans les sondages du candidat démocrate. Les Américains votent pour un candidat présidentiel, rarement pour un candidat à la vice-présidence. Selon un sondage du Washington Post publié le 24 août, pour les trois-quarts des électeurs « le choix de Biden n’aura pas d’influence sur leur vote ». Et, selon le vieux dicton sicilien souvent cité en politique, « the fish stinks from the head » (le poisson pue de la tête)…

Le chroniqueur noir du New York Times, Bob Herbert, a pointé le vrai problème le 23 août dernier. « Depuis les primaires, écrit-il, la campagne d’Obama semble se trouver sans direction, terne, accro aux généralités. Et le candidat lui-même paraît plat. Sans feu. Sans passion… Le sénateur Obama a besoin d’un message populiste économique de première classe qui crépite d’excitation », s’il veut surmonter le racisme latent et les critiques sur son « manque d’expérience ». Bien vu.

Les sondages montrent tous que les électeurs préfèrent le parti démocrate au parti républicain (de 18 à 20 % selon les études). En même temps, le président sortant, le républicain George W. Bush, est au plus bas de sa popularité, avec à peine un quart d’opinions « favorables ». Pour ne rien arranger, entre 75 % et 80 % des Américains estiment que le pays « n’est pas sur la bonne voie ». Dans ce contexte, si Obama ne se retrouve aujourd’hui que misérablement à égalité avec McCain, il n’a qu’à se le reprocher à lui-même. L’élection de novembre devait être un référendum sanctionnant les huit années du parti républicain à la Maison-Blanche. A la place, à cause des attaques des républicains, elle est devenue un référendum sur la question du « oui ou non veut-on d’Obama » à la tête du pays. La formidable tâche qui attend le candidat démocrate et la convention nationale de son parti – qui s’ouvre aujourd’hui lundi 25 août – est de renverser cette donne.

Lire ou relire les dernières chroniques de Doug Ireland sur Barack Obama :

Avec plus de 70 millions de personnes résidant aux Etats-Unis, les minorités noire et latine seront déterminantes dans la course au bureau ovale. Et sur ce sujet, le candidat démocrate Barack Obama, a pris de l’avance, au point d’être en mesure (…)
Le récent discours de Barack Obama, prononcé à l’occasion de la fête des pères, le 15 juin dernier, et durant lequel il s’en est pris aux hommes noirs qui abandonnent leurs enfants, montre une réorientation au centre de son discours sur la question (…)
Alors que le président Bush entame une virée d’adieux en Europe et en profite pour dégoiser sur l’Iran, la rumeur enfle aux États-Unis comme en Israël : les Américains pourraient attaquer l’Iran de façon ciblée avant la fin de l’année. Et qu’on se le (…)

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13 MESSAGES
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Forum

  • Joe Biden peut-il sauver le soldat Obama ?
    le lundi 25 août 2008 à 16:40, Bulle a dit :

    Le léger avantage qu’Obama est supposé encore avoir se confond maintenant avec les marges d’erreur des études d’opinion. Ce qui signifie, en clair, que les deux candidats sont statistiquement à égalité auprès de l’opinion publique.

    Ce raisonnement est faux.

    Ce n’est pas parce que la marge d’erreur est plus grande que l’avance d’Obama dans les sondages que l’on peut conclure qu’il y a égalité ; cela signifie juste que c’est serré.

    La marge d’erreur d’un sondage s’applique dans les deux sens. Elle peut augmenter le score comme elle peut le diminuer. De manière générale, un sondage a, si je me rappelle bien, 2 à 3 % de marge d’erreur. Ce qui signifie que si Obama a 51 % et McCain 49 %, le sondage ne vaut rien puisque avec la marge d’erreur, il peut donner les deux candidats gagnants.

    C’est gentil de faire un article en se basant sur tout un tas de sondages mais sachez au moins les utiliser !

    • Joe Biden peut-il sauver le soldat Obama ?
      le samedi 30 août 2008 à 17:49, ralph a dit :
      je crois qu’avec le probleme sur la question du racisme,joe biden est l’homme ideal pour le candidat democrate.cependant il faut savoir que cela n’est pas une garantie mais un reconfort. obama a encore beaucoup à faire !
  • Joe Biden peut-il sauver le soldat Obama ?
    le lundi 25 août 2008 à 14:31, Bakoye a dit :
    Quelques questions à l’auteur de cet article insipide : qu’a fait OBAMA pour mériter de baisser dans les sondages ? Le fait d’être populaire hors des USA ? De vouloir débattre de programmes avec son adversaire en lieu et place d’attaques ad hominem ? Qu’ a fait MC Cain pour mériter de mieux figurer dans les sondages ? perséverer dans la confusion et les gaffes ? Refuser de débattre sur les programmes ? Ainsi Obama n’aurait pas choisi Joe Biden par hasard. Sans doute ses prédécesseurs ont choisi leur co-listiers par hasard comme fera sans doute Mc Cain ? Plutôt que reprendre les opinions toutes faites de certains journaux américains, une réflexion personnelle serait la bienvenue. Un scoop en passant, OBAMA va vaincre haut la main.
    • Joe Biden peut-il sauver le soldat Obama ?
      le lundi 25 août 2008 à 15:44

      J’ignorai qu’Obama était un ours, pour que vous vendiez sa peau à l’avance….

      Laissez les américains voter d’abord svp…

  • Joe Biden peut-il sauver le soldat Obama ?
    le lundi 25 août 2008 à 11:49
    "the fish stinks from the head"C’est effectivement tres sicilien comme proverbe….
    • Joe Biden peut-il sauver le soldat Obama ?
      le lundi 25 août 2008 à 16:51, Bulle a dit :

      En faisant quelques - rapides - recherches, j’ai trouvé que ce proverbe/dicton était anglais, hébreu, grec et turc avec une origine turque ou grecque (je ne suis pas sûr).

      Bref, apparemment ce proverbe/dicton n’est pas que sicilien !

  • Joe Biden peut-il sauver le soldat Obama ?
    le lundi 25 août 2008 à 10:33

    Obama donne une image pitoyablement conforme au système. Ses soutiens démocrates sont tous des va-t-en-guerre.

    Comment peut-on alors préférer l’un plutôt que l’autre ?

    Et mon seul commentaire à cet article serait : comment peut-on accepter de batir un tel article en se servant d’autant de résultats de sondages ? Ne suffit-il pas de l’écouter pour s’en rendre compte, que la campagne d’Obama est tout simplement terne, qu’il ne cesse de donner des gages de bonne conduite au système (je me battrais pour Israël, je me battrais contre les russes, je ne vais pas révolutionner l’économie, je vais contenir aussi les chinois, je ne vais pas toucher au Pentagone…), sans donner le moindre gage aux électeurs…

  • Joe Biden peut-il sauver le soldat Obama ?
    le lundi 25 août 2008 à 09:39, Phil2922 a dit :
    Déjà de nombreux Démocrates racistes ont délaré préférer voter McCain que pour un Black… ! N’importe comment Républicain ou démocrate, n’est-ce pas Pepsi ou Coca.. ?
    • Joe Biden peut-il sauver le soldat Obama ?
      le lundi 25 août 2008 à 15:45
      Et des noirs républicains pour faire l’inverse…
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