Si Jacques Chirac boude les cérémonies du 14 juillet en raison de la présence probable du chef de l’État syrien, Bachar el-Assad, il n’a pas toujours été en termes aussi exécrables avec le régime de Damas. Entre-temps son ami Rafic Hariri, ex-Premier ministre libanais, a il est vrai, été assassiné lors d’un attentat auquel les Syriens ne seraient pas étrangers.
L’entourage de Jacques Chirac l’a confirmé : l’ancien président français n’assistera pas aux cérémonies du 14 juillet prochain. Et selon la radio RTL, c’est en raison de la présence probable (mais qui reste encore à confirmer du côté de Damas) du chef de l’État syrien, Bachar el-Assad. Au sujet de la bouderie de Jacques Chirac, Rama Yade n’a pas pu s’empêcher de déclarer sur l’antenne de RMC que si elle ne connaît pas « la raison pour laquelle l’ancien président de la République ne souhaite pas être présent », elle peut « le comprendre au regard des relations très personnelles qui existent entre l’ancien président et la famille Hariri ».
C’est le moins que l’on puisse dire ! Après l’assassinat de son ami le 14 février 2005, l’ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri (et logeur d’outre-tombe), Jacques Chirac s’était employé à pourrir la vie de Damas : la Syrie est très fortement soupçonnée d’être mêlée à ce meurtre. Il a par exemple œuvré en coulisses pour aider le mouvement du 14 mars 2005 à obtenir le retrait de l’armée syrienne du Liban.
Mais il n’en n’a pas toujours été ainsi entre Jacques Chirac et le régime syrien. Et qu’importe qu’avant que Chirac n’entre à l’Élysée (1995) Damas ait ardemment comploté contre les intérêts français dans la région ! Surtout dans les années 80 où la Syrie est, là encore, fortement soupçonnée d’avoir multiplié les sales coups contre Paris. C’est notamment le cas avec l’assassinat de l’ambassadeur de France au Liban en novembre 1981, Louis Delamarre. Ou encore de l’attentat en octobre 1983, à Beyrouth, contre le camp du Drakkar où 58 soldats français avaient été tués, sans parler de quelques prises d’otages bien senties. Si c’est François Mitterrand qui a renoué avec la Syrie en s’y rendant dès 1984, Jacques Chirac a continué le travail et ne s’est guère pincé le nez pour fréquenter le dictateur syrien, Hafez el-Assad, père de l’actuel président Bachar el-Assad.
Chirac effectue en effet une première visite d’État en Syrie en 1996 et, deux ans plus tard, lorsque son homologue lui rend la politesse et débarque en France, le président français prend la plume et se fend d’une tribune dans le magazine syrien Al-Shahr en date du 13 juin 1998 : « La relation que j’ai nouée avec le président Hafez El-Assad depuis longtemps est solide et confiante. Le président Assad et moi-même nous entretenons fréquemment des développements de la situation régionale. (…) Je suis particulièrement heureux d’accueillir prochainement à Paris ce chef d’État, respecté, au prestige reconnu dans le monde arabe et sur la scène internationale. (…) Pour conclure, pour saluer le présent et exprimer ma confiance dans l’avenir, je n’aurai que ces mots : vive la Syrie, vive la France. »
Le président français n’a pas non plus attendu la mort de Hafez el-Assad pour miser sur son fils, Bachar, celui-là même qu’il ne veut pas croiser le 14 juillet prochain. Il le reçoit en effet à l’Élysée dès 1999, soit un an avant son arrivée au pouvoir. Puis rebelote — le fiston est cette fois devenu président — en juin 2001 et en décembre 2002.
Mais ce qui a le plus marqué les esprits en France reste le fait que Jacques Chirac ait été le seul chef d’État occidental à s’être rendu aux funérailles de Hafez el-Assad, décédé le 10 juin 2000. Pour l’occasion, Chirac a même repris la plume et envoyé le même jour une lettre à « Son Excellence Le Docteur Bachar El Assad ». Difficile d’être plus élogieux : « Homme d’État attaché à la grandeur de son pays et au destin de la Nation arabe, le Président Assad aura marqué l’Histoire pendant trois décennies. Je salue, ici, son choix résolu et respecté d’engager son peuple sur le chemin de la paix. (…) Je ne doute pas que, forte des décisions du Président Assad, la Syrie persévèrera dans son engagement en faveur d’une paix globale, juste et durable qu’attendent tous les peuples de la région ».
À l’époque une partie de la classe politique française avait hurlé, à l’instar du député Noël Mamère qui avait eu ce mot mémorable : « Hafez el-Assad fait partie de cette panoplie de crapules qui dirigent notre planète ». À l’opposé, l’ancien ministre français des Affaires étrangères, Hervé de Charrette avait préféré un sobre « On ne peut pas dire qu’Hafez el-Assad soit un parangon de la démocratie ou un symbole des droits de l’homme dans le monde. Simplement, les intérêts de la France sont si importants dans cette région qu’il est essentiel que notre pays soit toujours présent ». C’est d’ailleurs ce que fait aujourd’hui Nicolas Sarkozy quand il invite aux cérémonies du 14 juillet un dictateur et fils de dictateur syrien.
Lire ou relire dans Bakchich :
Au fait, Chirac il ne paye toujours pas de loyer car il occupe l’appartement d’un "ami libanais"… ?!!
Dans ces conditions, je ne suis pas surpris qu’il boycotte les festivités du 14 juillet. Par contre, Bernadette risque d’être en "pétard" s’ils ne vont pas voir le feu d’artifice du soir… !!
http://phil195829.overblog.com