La locataire de Bercy se révèle très économe de sa présence aux assemblées parisiennes où elle a été élue conseillère. Et pour ce qui est de la confortable paie de près de 50.000 euros annuels, Christine la garde.
Christine Lagarde a bien du mérite : elle s’est vu désignée meilleure ministre des Finances de l’Europe de l’année par le très influent Financial Times, première de la classe par ses collègues du gouvernement… quand bien même, de son propre aveu, l’économie française « continue à détruire des emplois ». Chapeau bas !
Mais la reprise est affaire de volonté ; chacun peut suivre l’exemple de la préposée à la santé financière de la France. Au gouvernement, la ministre prône « un assainissement de nos finances ». À la maison, Christine Lagarde sait arrondir ses bourses personnelles, via ses activités de conseillère d’arrondissement du XIIe et de conseillère de Paris.
Élue en 2008, la reine Christine n’aura honoré le conseil du XIIe arrondissement de son auguste présence qu’une seule fois au cours de l’année. Avant de réaliser le Grand Chelem en 2009 : absente six fois sur six !
Au titre de ce mandat, il lui incombe également de participer à la vie locale et – entre autres – d’assister au conseil d’établissement de certains collèges et écoles du XIIe. Les bénévoles de ces conseils n’ont évidemment jamais vu madame la ministre. Pas plus que les membres de la commission de surveillance de l’hôpital Rothschild, où Christine Lagarde doit aussi participer en tant que conseillère de Paris.
En 2008, au Conseil de Paris, où elle détient également un mandat, Lagarde fut présente pendant une petite heure lors de trois séances, en avril, juillet et décembre. En 2009, personne ne l’y a vue de janvier à novembre : la ministre surbookée était abonnée au paragraphe « excusés » de la liste des édiles censés siéger.
Heureusement, il restait une session les 14, 15 et 16 décembre (budget 2010), et la ministre est venue. Le 14, elle a dénoncé l’augmentation de la dette de Paris et la hausse des dépenses de fonctionnement, « du train de vie de la ville », avant de défendre une série de décisions du gouvernement -pas de baisse des impôts, suppression de la taxe professionnelle. Une intervention saluée par un beau remue-ménage de la majorité PS-Verts, qui a conduit à une suspension de séance.
En clair, l’ex-avocate d’affaires du prestigieux cabinet Baker & McKenzie affiche un temps de présence qui suffirait à sanctionner sévèrement le plus tire-au-flanc des fonctionnaires gaulois. Pour le prix de revient, en revanche, ça tire vers le haut : notre ministre touche chaque mois la coquette somme de 4100 euros bruts au titre de conseillère d’arrondissement et de Paris. Soit 49.200 euros l’année. Ramenés aux minutes nécessaires pour signer une délégation de pouvoir et à sa présence de mi-décembre, ça fait cher pour le contribuable.
À son crédit, si l’on peut dire, Christine Lagarde avait tout de même annoncé la couleur à ceux qui allaient la choisir. « Je ne vous parlerai pas de circulation, ni de propreté, mais d’économie, déclarait-elle lors la campagne électorale en 2008. Paris doit attirer plus d’entreprises (…) parce que ça fournit de l’activité. » Ou encore : « Paris doit retrouver son rôle de place financière, parce que ça fournit du chiffre d’affaires, c’est bon pour les Parisiens. » Et le mandat de conseillère, c’est encore meilleur pour la Parisienne.
Pour « éliminer » le déficit public, comme le répète à l’envi la maîtresse de Bercy, Bakchich propose une alternative à la réduction du nombre de fonctionnaires : interdire les rémunérations sans contrepartie sérieuse.
Lors de son entrée en politique, Christine Lagarde voulait d’ailleurs améliorer le code du travail. Voilà une occasion de l’aménager au bénéfice du contribuable et des finances publiques.
Ce qui permettrait en outre d’appliquer son précepte churchillo-sarkozyen, entendu sous les ors de l’Assemblée nationale en juillet 2007 au moment de son entrée au gouvernement : « Il faut que le travail paie ! ».
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