La ministre de l’Economie se dit « prête » à prendre le métro. Est-il besoin d’un conseiller en com venu du Parisien pour sortir de pareilles fadaises ?
On la prenait pour une sorte de Marie-Chantal mais Christine Lagarde, notre très branchée ministre des Finances capable d’expliquer les bienfaits du capitalisme en citant des rappeurs, montre qu’elle apprend vite. Normal pour une femme qui a passé une partie de sa vie professionnelle aux États-Unis à diriger le cabinet d’avocats Baker & McKenzie. Dernier exemple ? Alors que le prix de l’essence ne cesse de monter, elle a accordé une interview au Parisien (4/10) sur le sujet. La seule information à retenir est que le gouvernement n’a aucunement l’intention de réduire la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) alors qu’en agissant sur ce levier il pourrait donner un peu d’air aux automobilistes les plus pauvres, qui ne peuvent pas se passer de leur voiture pour aller travailler. Oui, mais voilà, cela rapporte 19 milliards d’euros à l’État et comme dit notre chère Christine, « nous évoluons avec des contraintes budgétaires qui ne nous permettent pas d’écraser les sources de revenus pour le budget de l’État ». Que c’est joliment dit. En clair, l’État n’a plus de sous. Voilà ce que ça coûte de fourguer des cadeaux fiscaux de plus de 13 milliards d’euros aux plus riches uniquement pour tenir une promesse de notre tourbillonnant président.
Exercice de haute voltige donc : annoncer une mauvaise nouvelle tout en essayant de détourner l’attention d’autant que les élections municipales approchent et que les automobilistes sont aussi des électeurs. Or, la chère Christine elle-même est tentée par le suffrage universel du côté du Havre. Et là notre amie a une idée de génie, à moins que ce soit une idée de son tout nouveau conseiller en communication, le sieur Jean-Marc Plantade, ancien rédacteur en chef du Parisien : jouer de l’humour, en faisant rire à ses dépens. Car on ne peut pas imaginer une seule seconde que la dame, qui cultive volontiers des airs grands bourgeois, ait pu sortir une phrase comme celle-ci « Utilisons la bicyclette » sans penser une seconde qu’elle ferait s’écrouler de rire la France entière. On imagine très bien l’ouvrier habitant Roissy-en-France abandonner sa voiture pour se rendre à vélo jusqu’à son lieu de travail, La Défense par exemple.
Christine Lagarde ne s’est pas arrêtée en si bon chemin : elle a aussi encouragé la marche et les transports publics. « Les transports en commun sont considérés en France comme de grande qualité ». Admirons le « sont considérés ». Ministresse depuis 2005, la dame ne sait pas trop quoi penser. Elle sait que nos métros et nos bus « sont considérés comme de grande qualité ». Considérés par qui ? Cette grande timide ne le dit pas. Trêve de plaisanterie : elle veut faire des efforts pour comprendre les difficultés du peuple. « Je suis prête à donner l’exemple ». Quoi ? Christine, revenez sur terre ! Vous n’allez tout de même pas abandonner votre limousine grand luxe avec chauffeur, votre navette fluviale qui vous permet de vous rendre de Bercy à l’Élysée ou à l’Assemblée en évitant les embouteillages, votre avion gouvernemental pour prendre le métro ! Et puis, savez-vous au moins comment ça marche le métro ? Ce n’est pas évident quand on n’y a jamais mis les pieds.
Peut-être vous souvenez-vous d’Edouard Balladur. Cet auguste personnage qui porte des gants blancs pour lire le journal eut un jour l’idée saugrenue d’aller dans le métro (qu’est-ce qu’il ne faut pas faire quand on veut essayer de devenir président ?) Eh bien, il a découvert que le métro, ça sentait fort et qu’il y faisait chaud. Alors gare Christine… Idem pour Vélib’. Nous sommes pratiquement en hiver et vos vêtements très chics risquent de ne pas résister à l’outrage du mauvais temps. Quant à vos interviews, êtes-vous sûre d’avoir besoin d’un conseiller en com pour sortir de pareilles fadaises ?
A gloubiboulga :
Bon alors c’est très simple si vous voulez aider les pauvres. Plutot que de baisser la TIPP, vous augmentez les aides sociales (la prime pour l’emploi si vous voulez cibler la mesure sur les pauvres qui ont un emploi)à destination des plus pauvres, comme ça l’aide va uniquement à ceux qui en ont besoin et s’ils en ont besoin pour acheter de l’essence ils s’en servent.
C’est dommage, l’attaque sur la grande Christine était bien sentie, le dessin rigolo. Pas la peine d’aller gâcher ça avec des larmes sur ces prolétaires d’automobilistes.
La hausse des prix du pétrole est structurelle, le pétrole pollue, et le riche a quand même tendance à plus venir en voiture au travail que le pauvre. Donc si on veut aider les pauvres automobilistes, il vaudrait mieux une mesure de redistribution fiscale à destination des pauvres qu’une baisse de la TIPP qui profitera aussi à des "riches" déja bien gâtés.
Et puis cet exemple de l’ouvrier de Roissy-en-France qui bosse à La Défense… Vous avez vu des usines à La Défense, vous ? Ca ne sent pas du tout l’exemple tiré par les cheveux.
Le plus triste dans tout ça, c’est que j’étais sur le point de prendre un abonnement quand j’ai vu cet article.
Bien le bonjour,
je vais répondre à la personne qui a écrit la deuxième réponse, et qui ne semble pas au courant de la situation de beaucoup de français. Dans la plupart des grandes villes, la situation est la suivante : le centre-ville, proche du travail et des transports en commun est habité essentiellement par "les très riches" et "les très pauvres". Les très riches parce qu’ils ont assez d’argent pour s’y installer. Les très pauvres parce qu’ils ont accès aux HLM. Reste la plupart des gens, qui eux doivent s’éloigner un peu des centres, car ils n’ont pas de quoi s’y installer. Résultat, on constate, en gros, que plus les gens ont un faible salaire, plus ils habitent loin de leur travail. A Paris la situation est un peu à part, car il y a énormément de transports en commun. Mais pour la plupart des grandes villes, la voiture est INDISPENSABLE.
La hausse des prix du pétrole a donc ceci de doublement injuste :
elle pénalise "les pauvres" car leur budget serré leur permet beaucoup moins d’encaisser ce genre de dépenses supplémentaires
elle repénalise doublement "les pauvres" car ils ont beaucoup plus de route à faire
(Ici à Rennes par exeple, un couple de "smicards améliorés" voulant acheter une maison doit s’installer à un quarantaine de kilomètres de la ville).
Il n’y a donc aucune idiotie à dire qu’une baisse de la TIPP favoriserait grandement les plus pauvres.