À quelques heures de l’annonce, samedi, par Martine Aubry de la nouvelle équipe du PS, Bakchich présente les nouveaux visages socialistes.
La crise du PS aura au moins eu quelques vertus : souligner la nécessité de rénovation rue de Solferino. La nouvelle Première secrétaire annoncera samedi matin, la composition de son équipe dirigeante qui ne devrait plus compter qu’une bonne vingtaine de secrétaires nationaux contre une quarantaine à l’heure actuelle.
« Attendez-vous à 50% de nouveaux », confiait hier un de ses proches. Manière de répondre à l’une des principales exigences exprimées par les militants au cours de la campagne interne. Dans son premier discours de chef du parti, Martine Aubry avait d’ailleurs annoncé la couleur : « Nous avons une feuille de route collective, dès demain, à mettre en place : rassemblement, renouvellement profond, et travail ». En clair : du sang neuf issu de tous les courants !
Revue des troupes que l’on devrait donc voir bien placé, dès samedi, à côté de François Lamy, Christophe Borgel et Marylise Lebranchu, tous trois membres de la garde rapprochée de Martine Aubry. Première leçon pour rendre le renouvellement immédiatement visible : place aux nouvelles têtes.
À l’image de David Lebon, l’ancien président du Mouvement des Jeunes socialistes. Proche de Martine Aubry et de son bras droit François Lamy, il a d’ailleurs fait partie des trois émissaires de la maire de Lille envoyés au front, pendant la commission de récolement. Cette institution du PS était chargée de statuer sur d’éventuelles irrégularités au moment du vote en faveur du Premier secrétaire.
À tout juste 31 ans, David Lebon présente la particularité d’avoir été l’ancien assistant parlementaire du député Patrick Bloche (proche de Bertrand Delanoë) et du sénateur David Assouline (proche de Ségolène Royal)… De quoi lui permettre de pouvoir travailler avec les uns comme les autres : un atout aujourd’hui au PS ! David Lebon est pressenti pour intégrer le cabinet de Martine Aubry pour travailler à la réforme des structures du PS. En voilà un qui est bien parti pour devenir le « dir cab adjoint » de la Première secrétaire…
Du côté des proches de la nouvelle Première secrétaire, il faudra compter avec Pascale Boistard, elle-aussi membre de la commission de récolement. Et tout comme David Lebon, elle est en mesure d’incarner le rassemblement. Et oui ! Car à 37 ans, l’actuelle adjointe du maire de Paris, Bertrand Delanoë, est une ancienne collaboratrice de Gaëtan Gorce - député qui a a soutenu Ségolène Royal pendant la campagne pour la tête du PS -, et l’ex-attachée parlementaire de Jean-Luc Mélenchon - qui a quitté le parti mais qui soutenait la candidature de Benoît Hamon. De quoi constituer les liens nécessaires pour obtenir bon petit secrétariat national, ce samedi.
Au sein de la nouvelle équipe, il est également plus que probable que l’on retrouve les quatre députées qu’avait choisies la maire de Lille pour être ses porte-paroles pendant la campagne. Chacune d’entre elle représentant l’une des sensibilités de la motion Aubry : Laurence Dumont pour les aubrystes, Sandrine Mazetier pour les strauss-kahnien, Catherine Lemorton pour les amis d’Arnaud Montebourg et Laurence Rossignol pour les fabiusiens. En gros, les « carpes et les lapins », avec les rénovateurs et les ch’ti !
De quoi ménager les susceptibilités des uns et des autres. Mais la nomination de plusieurs femmes au sein de l’équipe dirigeante n’est pas un hasard. Comme Ségolène Royal, Martine Aubry avait clairement rappelé lors du congrès de Reims l’exigence de la parité au sein du parti socialiste.
La nouvelle équipe devrait aussi intégrer Guillaume Bachelay (34 ans) - la « plume » de Laurent Fabius et membre de sa garde rapprochée - et Laurent Baumel (42 ans), l’une des têtes chercheuses du courant strauss-kahnien. De quoi faire passer la pilule aux proches des deux éléphants du PS qui ne seront pas retenus dans l’équipe…
Outre cette exigence de renouvellement, Martine Aubry doit aussi tenir compte des autres motions - Delanoë et Hamon - pour parvenir à constituer une majorité politique sur laquelle elle pourra s’appuyer. Elle a donc proposé à Benoît Hamon d’être son porte-parole, tandis qu’Harlem Désir, proche du maire de Paris, serait chargé de la coordination. Les deux hésitent encore, nous dit-on. Mais bien sûr !
Reste la question des ségolénistes qui réclament une place éminente au sein du PS. En principe, les négociations devaient se faire sur la base d’un texte d’orientation politique envoyé par Martine Aubry à Ségolène Royal. Mais hier, un des proches de l’ex-candidate à la présidentielle déplorait que rien n’ait été envoyé officiellement : « Nous n’avons que des bribes d’information pour le moment ». S’il est de plus en plus certain que Royal - qui a rencontré Aubry à deux reprises ces huit derniers jours - ne fera pas partie de la nouvelle direction, l’incertitude demeure quant à sa garde rapprochée. « La fidélité sera-t-elle totale ? », s’interroge un élu socialiste proche de Martine Aubry qui compte sur une division des royalistes.
Certains, en première ligne aux côtés de Royal pendant la campagne, ne devraient pas intégrer l’équipe aubryste. À l’image de Manuel Valls. « Parfois un peu de recul est nécessaire », a souligné le député d’Evry mercredi 3 décembre sur le plateau du Talk Orange-Le Figaro. « D’autres sont plus demandeurs », confie un proche de Martine Aubry. « Ça dépend des conditions », répond un royaliste. « Ségolène Royal a clairement dit que nous étions disponibles pour travailler à la rénovation du PS. Mais nous ne sommes pas prêts à accepter n’importe quoi ni ».
Les discussions devraient donc se poursuivre jusqu’à samedi. Quant au camp de Ségolène Royal, il n’annonce donc aucun ralliement. Pour le moment…
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