Qui dit mieux ? Mercredi dernier, la Suisse a bradé son secret bancaire aux Etats-Unis, et jeudi son honneur en Libye. Longtemps admirée, la Confédération est devenue une serpillière.
Le journaliste lausannois Claude Monnier, 71 ans, commence son éditorial dominical ainsi : « Longtemps, la Suisse a donné l’impression de se croire l’élue du Seigneur : meilleure moralement, plus intelligente politiquement, plus habile économiquement, que tous les autres pays réunis. Elle a échappé à deux guerres mondiales et jouit d’une prospérité exceptionnelle, malgré l’absence de matières premières. »
Tout cela est en train de s’effondrer, d’un coup. En février 2009, l’UBS, la plus grande banque du pays, est contrainte de lâcher au fisc américain les noms de 255 de ses clients domiciliés aux Etats-Unis. C’est non seulement une grave entorse au fameux secret bancaire helvétique, mais aussi une trahison.
Après avoir fait son beurre sur ses riches clients américains, en les aidant à dissimuler leurs avoirs derrière des sociétés bidons et des œuvres caritatives, voilà que l’UBS les dénonçait pour sauver sa peau. Bien évidemment les Etats-Unis n’en sont pas restés là. Ils ont menacé la banque d’un procès qui pouvait lui coûter des milliards d’amendes. Quant aux banquiers suisses, ils étaient sous le coup d’inculpations pour complicité de fraude fiscale.
Mercredi 19 août, le gouvernement suisse a signé un compromis avec Washington. L’UBS échappe au procès mais livre encore 4 450 noms de clients américains. Pour Berne, c’est une victoire à la Pyrrhus. Pourquoi les Américains ne continueraient-ils pas à réclamer d’autres noms ? Puis à s’attaquer à d’autres établissements financiers, le Crédit suisse et les prospères banques privées de Zurich, Genève et Lugano.
On imagine que tous les autres fraudeurs, américains, français ou allemands, sont presque tous actuellement en train de vider leurs coffres suisses. Pour se réfugier à Chypre, à Singapour ou à Dubaï, des places financières qui ne sont pas encore dans l’œil du cyclone. Du coup, la Suisse va se retrouver nettement plus propre, mais beaucoup plus pauvre.
Bafouée par les Américains, Berne a été humiliée le lendemain par la Libye. Que s’est-il passé ? Le 15 juillet 2008, la police genevoise met en cellule pendant deux jours Hannibal Kadhafi, le plus allumé des fils du « Guide », qui tabassait, avec son épouse, leurs domestiques dans un palace genevois. Aussitôt, par mesure de rétorsion, Tripoli arrêtait deux Suisses. Un an plus tard, les deux malheureux ne peuvent toujours pas quitter le pays.
Plus grave encore pour la Suisse : le colonel Kadhafi décide de retirer toute sa fortune de la Confédération ! Hans-Rudolf Merz, le président, est donc allé à Canossa jeudi dernier. A plat ventre, il a exprimé ses excuses « au peuple libyen pour l’arrestation injuste de diplomates libyens par la police de Genève » (or, Hannibal et son épouse ne sont pas diplomates). Plus grave, le président suisse annonce la mise sur pied d’un tribunal arbitral chargé d’examiner les circonstances de l’arrestation d’Hannibal Kadhafi…
Et Hans-Rudolf Merz, qui n’a même pas été reçu par le colonel Kadhafi, est reparti… sans les deux Suisses. Ces derniers ont déjà passé plus de 13 mois en Libye sans raison. Hermann, le dessinateur de La Tribune de Genève, montre le président de la Confédération en caleçon qui déclare : « Je n’ai pas baissé mon pantalon devant Kadhafi. Il était déjà en bas pour l’accord UBS-USA ».
En deux jours, le gouvernement suisse a bafoué ses propres lois. D’une part, il a violé le secret bancaire, ce qui reste toujours un délit, passible d’une peine de prison. D’autre part, il s’est ingéré dans les affaires du canton de Genève. Or, la justice relève toujours du canton et non de la Confédération. Savez-vous comment le journaliste Claude Monnier titre sa chronique ? « Racketter la Suisse ? Chacun ose, désormais ! ».
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Vous nous aviez habitué à beaucoup mieux Sonpipet !
La Confédération helvétique a le droit d’adopter les lois qu’elle veut mais ce n’est pas une raison pour se pâmer d’admiration béate pour ces lois : vous avez déjà oublié que les coffres des banques suisses renferment toujours une bonne partie de l’argent de ceux qu’on a envoyé dans les camps de la mort pour la seule raison de leur religion ?
Quant à l’affaire du fils du Guide lybien et de son épouse, pourquoi faire semblant d’ignorer que même si ils ne sont pas diplomates, ils sont évidemment porteurs d’un passeport diplomatique qui a été accepté par les autorités locales lorsqu’ils sont entré sur le territoire. L’immunité diplomatique accordée aux porteurs de passeports diplomatiques ne relèven pas de la loi hélvétique mais d’une convention internationale signée par les autorités.
Maltraiter ses domestiques est illégal pour tout le monde, même en Suisse. Mais il n’est pas possible de poursuivre ni même d’appréhender l’auteur d’un crime ou d’un délit lorsqu’il est porteur d’un passeport diplomatique. Il y a une exception à cette règle : le porteur d’un passeport diplomatique n’est pas couvert par l’immunité à l’intérieur des frontières du pays qui a délivré le passeport (en l’occurence la Lybie).
Vous appartemenz vous-même aux services de l’immigration hélvétique pour affirmer de cette façon que l’intéressé n’avait pas présenté cette fois-là, un passeport diplomatique lors de son entrée sur le territoire suisse ?
On va pas pleurer pour un pays de banquiers véreux qui ont planqué l’argent des nazis, des dictateurs africains, des mafias du monde entier et des grandes fortunes égoïstes qui ne veulent pas payer d’impôts dans leur pays (c’est toujours trop pour le principe).
Je regrette que les USA n’aient pas fait de ce petit paradis un exemple, à l’Irakienne où à l’Afghane, bien que ses banques financent le terrorisme…
Ah ! La Suisse bombardée par les USA ! Enfin une guerre "morale" !
Allez le Peuple Suisse, bougez-vous le cul et allez botter celui de vos banquiers si "respectables".
T’as oublié de signer "un petit socialo à 2 balles, frustré que son président lui coupe les vivres mois après mois"…. Bravo Mr. Sarkozy pour rétablir gentiment l’anarchie socialiste qui règne sur cette Gaule profonde depuis quelques décennies. Il était temps que l’on prenne exemple sur la suisse pour une politique plus saine dans ce beau pays qu’est la France !!!! Au plaisir de ne jamais te croiser sur mon magnifique territoire hélvètique, au risque de grosses représailles …….. (A l’américaine) !!!!!
P.S : J’ose signé mes commentaires moi… !!!!