Après HSBC Genève, c’est au tour de la banque privée Syz & Co de devoir répondre à la justice tricolore. L’établissement réalise 850 millions de chiffres d’affaires en France sans la moindre imposition.
L’établissement est soupçonné de vendre depuis des années des fonds communs de placement à des clients institutionnels français, tels que des banques, des caisses de retraites, des compagnies d’assurance, sans agrément ! Syz réaliserait chaque année en France un chiffre d’affaires compris entre 850 millions et un milliard d’euros pour plusieurs dizaines de millions de bénéfices. Pourtant, la banque ne possède même pas un placard à balais dans l’Hexagone. Et aucun salarié…
Jérôme G. n’est pourtant pas un fantôme. Ce Français de 37 ans a travaillé chez Syz de septembre 2004 jusqu’à son licenciement à l’été 2009 comme « vendeur sur la France », avec un objectif de 250 rendez-vous professionnels par an. Mais si Jérôme G. était déclaré en Suisse comme frontalier domicilié dans l’Ain, son lieu de travail officiel était à Genève. « Je ne passais que trois, quatre jours par mois à Genève, le reste du temps j’étais à Paris, lieu de mon domicile. J’appelais les clients de chez moi, mais la banque Syz exigeait que je leur téléphone de mon portable, jamais de mon fixe, et que surtout je ne leur donne jamais rendez-vous chez moi », explique l’ex-employé de Syz, qui a déposé un dossier le 4 septembre 2009 au conseil des Prud’hommes à Paris, plutôt qu’à Genève.
Licencié sans indemnités, alors que selon lui il donnait satisfaction, Jérôme a déposé une plainte au pénal en octobre 2009 afin de dénoncer « des délits de travail dissimulé par dissimulation d’activité, de travail dissimulé par dissimulation d’emploi salarié, de prestation de services d’investissement malgré le défaut d’agrément et de fraude fiscale ». Dossier, pour lequel le parquet de Paris a décidé d’ouvrir une enquête préliminaire.
Pour sa part, la banque Syz balaie toutes les accusations et assure que « ses vendeurs institutionnels sont basés à Genève », et qu’elle « ne se livre à aucune distribution, conseil ni prise d’ordre ». Présente partout en Europe, la banque est curieusement absente de France. Cela tient sans doute à quelques subtilités que seuls les financiers maîtrisent. Il s’agit des prestations portant sur le « conseil en investissement » et sur la « recommandation personnalisée ». « La banque genevoise feint d’ignorer qu’elle pratique bien du conseil en investissement en France auquel cas son activité devrait être requalifiée », explique un responsable de l’Autorité des marchés financiers. Une banque clandestine en France qui n’y paye pas d’impôts, c’est pas inqualifiable ?
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