Pour redorer son image, sacrément écornée par la crise financière, l’UBS a lancé une campagne publicitaire, en s’appuyant sur le Suisse Le Corbusier. Très mauvaise pioche.
Qui a écrit en 1940 « Hitler peut couronner sa vie par une œuvre grandiose : l’aménagement de l’Europe » ? Un architecte suisse, Charles-Edouard Jeanneret, né à La Chaux-de-Fonds (canton de Neuchâtel) en 1887. Mort en France en 1965, et plus connu sous son pseudonyme de Le Corbusier.
Mise à mal par la crise, l’UBS, la principale banque suisse, a dû stopper une campagne publicitaire internationale pour redorer son image et regagner la confiance de ses clients. Rien de mieux pour cela que de s’appuyer sur l’une des personnalités helvétiques les plus connues sur la planète : le célèbre architecte Le Corbusier, auteur notamment à Marseille de la fameuse « Cité radieuse ».
Seulement voilà, Charles-Edouard Jeanneret ne construisait pas que des immeubles et des stades, il avait aussi des idées, qui penchaient à droite, sinon à l’extrême droite. « Là où naît l’ordre, naît le bien être », disait-il. Et joignant le geste à la parole, l’architecte suisse, naturalisé français, s’est installé… à Vichy en 1940.
Il admire Pétain, Hitler, Mussolini. L’hebdomadaire alémanique SonntagsZeitung lance un pavé dans la mare en dénonçant « un homme qui admirait Hitler et méprisait les juifs ». Information appuyée par Vreni Müller-Hemmi, présidente de l’association Suisse-Israël.
Dans la Confédération, c’est un pavé dans la mare. Le personnage, dont l’oeuvre est considérée comme étant une des bases de l’architecture moderne, honore de son effigie les billets de banque de 10 francs suisses (7,50 euros). L’UBS, qui n’a pas besoin d’une nouvelle polémique pour remonter la pente, a aussitôt fait disparaître la photo de Le Corbusier de son site Internet.
« Après des années de crise, la campagne d’UBS est très importante. Elle jouit d’une très grande visibilité. De ce fait, un grain de sable, voire une erreur, est intolérable », explique Franck Bellaich, responsable de l’agence de publicité.
Toutefois, pour son biographe Nicolas Verdan, auteur de « Saga Le Corbusier », ce dernier n’aurait pas été antisémite. « C’est un opportuniste absolu. Il ne pense qu’à lui. Comme tous les grands architectes, il a essayé de se vendre au pouvoir. Il a construit des bâtiments pour les Soviétiques, pour le gouvernement Blum, en Algérie (…) Comme des centaines d’autre architectes, il s’est rendu à Vichy pour tenter d’obtenir des mandats », déclare-t-il dans la presse suisse.
La porte-parole de la première banque helvétique a fait savoir dans une déclaration écrite que "l’intention de notre publicité est de communiquer un message à nos clients et nous voulons éviter que ce message soit affaibli par une controverse concernant Le Corbusier". "Pour cette raison, nous n’allons plus utiliser les images de Le Corbusier dans notre campagne publicitaire." Une idée radieuse.
En voilà une info toute fraiche …
Pour info, les gens qui y vivent depuis des décennies n’ont aucune envie d’en partir … et leur avis n’a pas lieu d’être remis en cause puisqu’ils sont fonctionnaires pour la plupart !