Xavier Darcos, vient d’annoncer le report d’un an, à 2011, de la réforme des concours de l’enseignement… un volet contesté de sa réforme. Affaibli, le ministre pourrait céder sa place.
Xavier Darcos, pris en janvier d’un brusque et ultime sursaut d’orgueil, n’avait pas eu peur de lâcher, en conférence de presse : « J’en vois qui écrivent que ma mission est terminée. Une lettre de mission c’est une rampe de lancement que vous donne un président. Sur cette rampe, une fusée ne s’arrête pas en cours de route parce qu’elle a décollé. Il faut continuer. Ma lettre de mission s’inscrit dans une perspective beaucoup plus large ». Le caractère éminemment éjectable du fauteuil n’étant plus à démontrer, les interrogations vont bon train sur le nom du prochain occupant.
Fin février, c’est la secrétaire d’État Nadine Morano, qui rédigeait, encouragée par un Darcos pressé d’en finir avec sa mission-kamikaze, une note visant à convaincre le chef de l’État du bien fondé d’une idée de son cru : un grand ministère de la Famille et de l’Éducation, dont elle deviendrait la matrone. Mais la Mère Nadine n’a semble-il, pas été entendue. Le mammouth a eu chaud ! La saison de la chasse reste toutefois grande ouverte.
Un autre commandant de bord est pour l’heure, pressenti : Dominique Antoine, 50 ans, actuel conseiller éducation, jeunesse et sports à l’Élysée qui a succédé en mai au regrettable George-Marc Benamou, à la culture et à l’audiovisuel. Avec entre autres missions récentes : la rédaction d’un rapport sur la place du livre à la télévision, ou encore l’organisation d’un déjeuner à l’Élysée avec quelques télégéniques profs-auteurs de pamphlets sur notre « triste-système-éducatif-au-bord-de-la-faillite ».
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le sieur Antoine, vieux compagnon de route de Xavier Darcos, a en commun avec son prédécesseur les mêmes instructions de pilotage, et au moins autant d’heures de vol au compteur, au sein des mêmes arcanes de la haute administration éducative. Proche conseiller de Nicolas Sarkozy donc, depuis mai 2007, Dominique Antoine, énarque, Chevalier de la Légion d’honneur et de l’Ordre national du mérite, Commandeur des Palmes académiques, Officier des Arts et des Lettres, diplômé de l’ESSEC, Inspecteur, a rejoint la Maison éducation dès 1986 comme chargé de mission sous Monory.
A l’époque déjà, il s’en prenait avec zèle aux associations complémentaires de l’Education nationale, rudoyées comme jamais aujourd’hui. On retrouve Antoine au cabinet de François Bayrou entre 1993 et 1995, puis Dircab’ adjoint de Luc Ferry et enfin Dircab’ de Xavier Darcos. Lorsque ce dernier occupe en 2002, le fauteuil de ministre délégué à l’Enseignement scolaire. Il devient alors, en parallèle, directeur de l’Administration puis, successivement, directeur des Personnels, de la Modernisation et de l’Administration jusqu’en 2006. Postes stratégiques où il peaufine la réforme du ministère, dont il devient secrétaire général en 2006. Citons, entre autres missions menées à bien, « la décentralisation au ministère de la Jeunesse, de l’Education nationale et de la Recherche ». La lettre de mission, en 2002, signée Luc Ferry, Claudie Haigneré et Xavier Darcos précise : « Cette réflexion portera aussi sur la déconcentration des compétences au sein de l’appareil d’Etat et favorisera la contractualisation entre les acteurs locaux et l’Etat ». Tout un programme.
Le même Dominique Antoine était en 1992, l’un des initiateurs, et le secrétaire général de l’association « Créateurs d’école », qu’a également fréquentée Xavier Darcos. Une association, créée en 1992 par des membres éminents du ministère, recteurs, universitaires, rejoints par des directeurs d’établissements privés cathos, des PDG, un avocat, un ingénieur, bref, une sorte de lobby de décideurs institutionnels, déterminés à mettre leurs idées en ordre de bataille, à l’assaut de la citadelle Education, en servant de boîte à idées à la droite appelée à reprendre du service au lendemain des élections législatives de 1993. D’ailleurs, Créateurs d’école a disparu au lendemain de ces échéances, tandis que ses membres les plus notables, Dominique Antoine et Xavier Darcos, infiltraient durablement le ministère, y propageant les idées de « Créateurs », comme le sucre dans le café.
Le journal Le Monde s’était à l’époque, fait l’écho, de l’aventure politique de ces Créateurs d’un nouvel ordre : « Retour aux classiques » ( !) « Ultraconservateurs partisans d’un retour aux valeurs des lycées classiques de garçons, libéraux raisonnables qui cherchent une troisième voie entre le statu quo et une décentralisation sauvage, partisans du "chèque-éducation" et nostalgiques des bons vieux internats catholiques, on trouve tout chez les Créateurs d’écoles. Résultat : la vingtaine de projets élaborés depuis un an sont à l’image de cet étrange melting-pot (…) D’un projet à l’autre, les mêmes "verrous" sont dénoncés. L’organisation pédagogique actuelle est, aux yeux des Créateurs d’écoles, trop rigide, l’autonomie financière des établissements trop limitée. Enfin, les chefs d’établissement ne peuvent recruter eux-mêmes leurs enseignants et constituer des "équipes" pour mener à bien des "projets". Pour les enseignants, les Créateurs d’écoles plébiscitent le recrutement sur profil, les rémunérations différenciées, le recrutement sur contrat à durée déterminée et la pratique du tutorat. »
On savait déjà Xavier Darcos « réac et fier de l’être », affichant sans complexe sa « foi catholique », au détour d’articles complaisants. Dominique Antoine passe lui aussi, pour un fieffé bigot. L’une des rares photos du bonhomme le montre posant devant sa bibliothèque, où trône en excellente place, un livre intitulé : « La Chapelle Sixtine révélée ». Pudique clin d’œil, pour un futur missionnaire ?
Donné à deux reprises par Le Parisien comme partant de l’Elysée pour d‘autres horizons, Dominique Antoine a opposé un démenti formel, s’inquiétant auprès de l’AEF, d’annonces « malveillantes ». Antoine ne serait plus en odeur de sainteté depuis l’apocalyptique voyage à Saint-Lô, qui a tant coûté à Darcos (et accessoirement, à un Préfet de la République).
Si les voies du Seigneur demeurent, pour l’heure, impénétrables, Dominique Antoine fait savoir, à bon entendeur, que sa carrière « est loin d’être terminée ». Grandeur et décadence des feux de la rampe (de lancement)…à suivre !
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Ne vous y mettez pas aussi ! Darcos n’a pas reporté sa réforme (la mastérisation) mais seulement les nouveaux concours ! La différence est énorme ! Tout le reste ne change pas, au contraire c’est pire car il faudra préparer dans des masters pas encore finis un concours pour lequel ils n’étaient pas prévus, bien plus difficile ! Il faudra toujours justifier d’un M2 même en ayant le concours, ce qui veut dire que, par exemple, un M1 cette année devra l’an prochain préparer aux concours tout en validant un M2, tout en faisant des stages…
Alors, cessons avec la désinformation. Le problème est loin d’être réglé, et les raccourcis, erreurs voire mensonges des medias sur la lettre de Darcos montrent qu’il est loin d’être fini.
Proposition du C-A-P : La dissolution du Ministère de l’Éducation nationale et la dévolution de l’ensemble des attributions et responsabilités de « l’Instruction publique » à la « cour sénatoriale des régions » impliquent,
> d’une part, le licenciement de l’ensemble des professeurs et de l’ensemble de leur encadrement, « assis » (fonctionnaires du Ministère) et « debout » (inspection générale et inspections),
> d’autre part, la régionalisation et/ou la départementalisation de l’instruction publique sous l’autorité et le contrôle de ladite cour sénatoriale des régions,
> enfin, la participation démocratique et le libre choix des parents s’agissant des crèches, maternelles, écoles, collèges et lycées, et des étudiants s’agissant des universités.
Il appartiendra à cette cour sénatoriale des régions de fixer les règles nationales et d’en rendre compte au Parlement en présence du gouvernement, par exemple :
> choisir la régionalisation des universités et lycées, la départementalisation des collèges et écoles et la municipalisation des maternelles et crèches, ainsi que la forme juridique des établissements d’instruction publique, par exemple « association loi de 1901 » ;
> choisir de maintenir ou non la mixité particulièrement dans les collèges et lycées et les écoles ;
> déterminer, en fonction de la dotation nationale par catégorie d’élève ou d’étudiant, le montant du « chèque instruction publique en crèche », du « chèque instruction publique en maternelle », du « chèque instruction publique en école » et du « chèque instruction publique en collège ou lycée » destinés aux parents, selon le cas de leur enfant, ainsi que du « chèque instruction publique en université » destiné aux étudiants ; le montant dudit chèque devrait être des 2/3 de la dotation nationale correspondante, le « tiers restant » permettant l’ajustement par les autorités territorialement compétentes aux besoins d’égalisation des chances et d’adaptation des moyens en fonction, notamment, des choix faits par les familles et de leurs catégories socio-professionnelles ;
> choisir et fixer le mode de sélection, de rémunération et de désignation des chefs d’établissement, ainsi que le mode de leur post-sélection par l’assemblée générale des parents s’agissant des chefs de lycée, collège, école, maternelle et crèche et celle des étudiants s’agissant des chefs d’universités ;
> choisir et fixer le mode de sélection, de fourchettes de rémunération et de recrutement des enseignants et personnels complémentaires par les chefs d’établissements, ainsi que le mode de leur post-sélection par l’assemblée générale des parents s’agissant des enseignants et personnels de lycée, collège, école, maternelle et crèche, et celle des étudiants s’agissant des enseignants et personnels d’universités ;
> choisir et fixer les programmes, les règles des examens et concours nationaux et les règles d’entrée au collège, au lycée et à l’université ;
> choisir et fixer les règles d’attribution des locaux d’enseignement aux crèches, maternelles, écoles, collèges, lycées et universités constitués en fonction de la demande parentale et estudiantine.
Il appartiendra ensuite, selon le cas, à la région, au département ou à la commune de mettre en œuvre la sélection et la désignation de locaux et de chefs d’établissement et d’ouvrir aux parents ou étudiants la pré-inscription dans un seul établissement de leur choix. La « carte scolaire » étant abrogée, un « périmètre » de liberté de choix pourra être éventuellement substitué, pour maintenir un ordre certain, selon le cas en « cercle » ou en « tranche de camembert » ou selon toute autre formule innovante ou préconisée par tel ou tel des multiples rapports existants sur le sujet dans les archives du Parlement.
> Nota 1 : Il va de soi, dans le respect de la liberté et de la laïcité républicaines, que tous les projets et candidatures de chefs d’établissement et d’enseignants devront être examinés mais aucun projet d’établissement « confessionnel » ne pourra être bénéficiaire du « chèque instruction publique » ni participer à un quelconque examen ou concours de l’instruction publique.
> Nota 2 : Il est probable que le personnel central, l’inspection générale et l’inspection de l’ancienne « Éducation nationale » auront peu de chance d’être embauchés par « l’Instruction publique » eu égard au rôle déterminant qu’ils ont joué dans la dérive de cette institution et, surtout, dans l’échec scolaire durant les années du régime socialogaulliste.
> En fonction des pré-inscriptions recueillies, aucune ne pouvant être refusée, le chef d’établissement présélectionnera les enseignants et personnels nécessaires et suffisants et présentera son projet d’instruction et d’équipe enseignante à l’assemblée générale des parents ou étudiants ayant effectué leur pré-inscription.
> Les parents ou étudiants pourront approuver ou non par autant de votes à bulletin secret (avec autant de voix aux parents que d’enfants pré-inscrits) que nécessaires tout ou partie du projet d’enseignements et du projet d’équipe de mise en œuvre.
> Lors de cette étape de cette procédure démocratique, participative et responsable, les parents ou étudiants confirmeront ou non définitivement leur inscription. S’ils la confirment, ce sera pour l’année scolaire et par la remise, au chef d’établissement qui ne pourra le refuser et pour chaque inscrit, de leur « chèque instruction publique ». S’ils ne confirment pas leur inscription, il leur appartiendra de trouver, dans un autre établissement de leur choix dans le périmètre permis mais en fonction des possibilités dudit établissement, l’inscription souhaitée contre remise, au nouveau chef d’établissement et pour chaque inscrit, de leur « chèque instruction publique ».
> Le chef d’établissement, muni du projet d’instruction et d’équipe enseignante, approuvé ou au moins non rejeté par l’assemblée générale des parents ou étudiants, et des « chèques instruction publique » reçus, évaluera les besoins spécifiques éventuellement nécessaires et établira son « justificatif de budget », avec salaires des nouveaux enseignants et personnels sélectionnés, en proposant de recevoir soit normalement le tiers restant de la dotation nationale de sa catégorie, soit moins, soit davantage.
> L’autorité territorialement compétente (assemblée régionale, départementale ou municipale) approuvera ou rectifiera ce budget en fonction de la répartition qui lui incombera du « tiers restant » de dotation sur son territoire.
> Muni du budget ainsi arrêté pour son établissement, le chef d’établissement fixera le salaire des nouveaux enseignants et personnels sélectionnés et signera avec eux leur contrat CDI, et mettra en place la rentrée dans son établissement. Il tiendra informés par écrit les parents ou étudiants de son budget et des modalités de la rentrée.
> Chaque trimestre, le chef d’établissement rendra compte, dans les mêmes termes, aux parents et aux présidents de région et de départements et maires concernés de la bonne marche de son établissement, du bon déroulement de son projet d’enseignements et de leurs résultats.
> Les chefs d’établissement organiseront les examens et concours prévus selon les modalités fixées par la cour sénatoriale des régions.
> En fin d’année, une assemblée générale des parents ou étudiants entendra le chef d’établissement sur le bilan tant d’instruction publique que budgétaire de l’année et sur le projet de l’année suivante. Les votes de post-sélection du chef d’établissement et de chaque enseignant seront organisés en présence de représentants des autorités régionale et départementales et mairies concernées. L’indemnité légale de rupture du contrat d’un chef d’établissement ou d’un enseignant sera à la charge de l’établissement concerné.
> Un bilan communal, départemental, régional et national sera fait sous le contrôle de la cour sénatoriale des régions qui en tirera toutes conséquences de droit ou de fait, notamment recommandera à la région, au département ou à la commune, la fermeture de tel ou tel établissement et/ou la mise en place de nouveaux établissements dans les mêmes ou d’autres locaux. La cour sénatoriale des régions rendra compte au Parlement, en présence du gouvernement, de l’état de l’instruction publique sur le territoire de la République.
Ainsi « l’instruction publique », sous l’autorité et le contrôle des régions, sera déconcentrée, décentralisée et subordonnée à l’assentiment ou à la désapprobation des élus et des parents ou étudiants ; parents et étudiants étant impliqués et responsabilisés par une participation démocratique et le « chèque instruction publique » qu’il leur appartiendra de bien utiliser.
Nul doute que, certes progressivement mais résolument grâce à l’émulation inhérente au dispositif et au bon sens et à la vigilance de toutes et tous, le niveau d’instruction publique s’améliorera et les meilleurs chefs d’établissement et enseignants seront confirmés, et celles et ceux vraiment mauvais seront éliminés et remplacés. Tout le contraire des méfaits de l’Éducation nationale socialogaulliste.