Non, la France ne mérite pas son réconfortant statut autoproclamé de berceau des Droits de l’Homme. Telle est la certitude acquise dès les premières pages du Racisme français, quatre siècles de négrophobie, d’Odile Tobner (Les Arènes). Après le discours de Nicolas Sarkozy ce dimanche 20 avril aux obsèques d’Aimé Césaire, « Bakchich » propose une petite remise en perspective pas complètement inutile.
Contrairement à beaucoup d’idées reçues, souvent propagées dans l’enseignement secondaire, les cerveaux des Lumières, Montesquieu comme Voltaire ont écrit des pages d’un racisme anti-noir insoutenable.
Madame Tobner démontre avec brio que ces assertions racistes, qu’elles portent la signature d’un grand penseur du XVIII ème siècle ou d’un philosophe médiatique de la fin du XX ème, début du XXI ème siècle, comme Alain Finkelkraut sont réfutées avec le même argumentaire tautologique. Luc Ferry autre philosophe, à l’époque ministre de l’éducation nationale, volant au secours de Finkelkraut, n’y va pas par quatre chemins : « je l’ai soutenu a priori, sans avoir lu le texte concerné pour une raison simple : il est inimaginable qu’il soit raciste ». Pour Montesquieu, la défense, même si elle a pris de la patine, n’est guère convaincante : il convient de créditer d’intentions ironiques (sic) l’auteur du chapitre de L’Esprit des lois intitulé « Sur l’esclavage des nègres » (où Montesquieu entend en démontrer le bien-fondé). Rien, évidemment, ne vient justifier l’ironie postulée…
Prenant appui sur des textes et des auteurs des quatre derniers siècles, Mme Tobner définit avec clarté plusieurs strates du racisme anti-noir en vigueur en France depuis la Renaissance. Cela commence par la malédiction divine, qui justifie l’esclavage en passant par Colbert qui promulgue le code noir, pour réguler les circuits économiques, en arrivant aux peuples primitifs qu’il faut guider… ces couches de racisme, se chevauchant parfois, coïncident avec les trois grandes époques des contacts franco-africains : la traite des nègres, le colonialisme, et le néo-colonialisme, qui a encore de beaux jours devant lui, à lire le fameux discours prononcé par l’omni-président Sarkozy le 26 juillet 2007, une véritable synthèse. Rassembler dans un seul texte autant de fadaises racistes relève de l’anthologie.
La description des travaux de nombre d’intellectuels de la fin du XIX ème siècle à nos jours est particulièrement éclairante. L’irruption du scientisme obéit à un impératif : démontrer la supériorité du Blanc sur le Noir, et toutes sortes de disciplines y concourent, l’anthropologie, l’ethnographie, etc. De ce foisonnement a jailli l’imposture de la mission civilisatrice de la France, tant vantée par des gouvernements, souvent de gauche, de la III ème et de la IV ème République. La V ème, jusqu’à l’intervention Sarkozienne, théorisait moins, mais poursuit avec entrain le pillage d’antan, sous un nouveau vocable, la Coopération, civile et militaire.
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Oulala !! Lire le chapitre de L’Esprit des lois sur l’esclavage au premier degré !! Et Odile Tobner est agrégée de Lettres ?!
Pour une explication de texte approfondie, consulter le site Assez décodé à
http://rene.pommier.free.fr/index.htm
Je viens de relire le texte de Montesquieu mais il me paraît toujours aussi durement ironique et destructeur vis à vis des justifications et des justificateurs de l’esclavage !
Sans doute faudrait-il prendre également au premier degré Swift qui préconisait de manger les petits enfants irlandais pour vaincre la famine !
Je suis désolé mais mettre ce texte de Montesquieu sur le même plan que le Code Noir enlève une bonne part de la créance que l’on peut accorder au livre d’Odile Tobner !
Faire attention : T’es black … je te traite de " nègre " --- à prendre au premier degré ?
J t’en fous deux ; tu me dis .. : "tu comprends pas, c’était ironique …"
Conclusion : se méfier de l’ironie ! Il est facile de lire Montesquieu …comme on veut.